Visite historique de François Hollande à Cuba, île entrouverte
François Hollande entame dimanche une visite officielle à Cuba, une première pour un président français depuis l’indépendance du pays en 1898, que Paris place sous le signe de l’ouverture à une île en pleine mue grâce au rapprochement avec les Etats-Unis.rnrnAcmé de la tournée présidentielle de cinq jours dans six îles des Caraïbes, la journée et les deux nuits passées dans l’île communiste de 11 millions d’habitants seront l’occasion d’un message « d’ouverture à la Cuba nouvelle », dit Paris.rnrn »La France, grand pays universaliste, qui a elle aussi fait sa Révolution, est très attendue.
Elle est aux côtés des Cubains dans la nouvelle page qui s’ouvre devant eux », a dit à Reuters le secrétaire d’État français chargé du Commerce extérieur.rnrnAux yeux de Matthias Fekl, qui s’est rendu à La Havane il y a quelques semaines, « ce serait une perte pour l’humanité si Cuba se banalisait et se fondait dans la grisaille du monde. »rnrnLes visées sont aussi économiques pour les patrons qui accompagnent François Hollande, dans la perspective d’une levée de l’embargo américain qui constituerait un appel d’air considérable dans toute la région.rnrnMême si les autorités françaises s’en défendent, difficile en effet de ne pas faire un lien entre ce voyage et le rapprochement historique entre les Etats-Unis et Cuba, annoncé en décembre et scellé en avril entre Barack Obama et Raul Castro en marge du sommet des Amériques, au Panama.
VISITE À FIDEL CASTRO ?
Washington et La Havane ont enclenché un processus de normalisation en vue du rétablissement de relations diplomatiques rompues depuis plus de 50 ans.rnrn »Le voyage de François Hollande était envisagé avant », dit un diplomate français, rappelant que le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s’était rendu à La Havane en avril 2014, une première depuis 1983.rnrnOutre l’inauguration de l’Alliance française de La Havane, une rencontre avec des étudiants cubains, un forum économique et une séquence officielle aux côtés du président Raul Castro, François Hollande pourrait ajouter à son agenda chargé une courte visite à l’iconique Fidel Castro.rnrn »Nous avons fait savoir que le président de la République était disponible pour le voir. Cela dépendra des autorités cubaines », glisse-t-on dans son entourage.rnrnUne photographie du « lider maximo » de 88 ans, retiré de la vie publique depuis 2006 pour raisons de santé au profit de son frère Raul, a été diffusée en février.
L’homme de la Révolution de 1959 avait ainsi commenté le rapprochement entre La Havane et Washington : « Je n’ai pas confiance dans la politique américaine (…) mais cela ne signifie pas le rejet d’une solution pacifique aux conflits. »rnrnSaluée comme un « tournant historique » par l’Union européenne, cette avancée était souhaitée par la France, qui vote depuis 1991 aux Nations unies en faveur de la levée de l’embargo américain en place depuis 1962.rnrnAvant François Hollande, aucun président français de la Ve République n’était allé à Cuba, pas même François Mitterrand, chef de l’Etat de 1981 à 1995, dont l’épouse Danielle entretenait des relations d’amitié avec Fidel Castro. « Le départ du pouvoir de Fidel, la fin de la Guerre froide ont changé la donne. La régime était quand même moins présentable à l’époque de Mitterrand », souligne un diplomate français à propos du castrisme, régulièrement accusé d’attenter aux libertés de fondamentales et aux droits de l’homme.
DÉVELOPPEMENT DU TOURISME
François Hollande rencontrera dès son arrivée dans l’île le cardinal Jaime Ortega, figure majeure ayant joué un rôle de médiateur entre le régime castriste et des opposants politiques.rnrnLe président français sera accompagné d’une importante délégation de chefs d’entreprises comme Air France et Accor attirées par le développement continu du tourisme dans l’île où se rendent chaque année quelque 100.000 Français.rnrnPernod-Ricard, qui vend chaque année 4,5 millions de caisses de rhum en partie distillé à Cuba, sera du voyage.rnrnCe dernier sera l’occasion de prolonger de deux ans un accord régissant une ligne de crédit garantie par la Coface bénéficiant notamment aux exportations de produits alimentaires français.rnrnAvant l’étape cubaine, François Hollande fera des sauts de puce dans la zone caraïbe. rn
Il passera quelques heures à Saint-Barthélémy et à Saint-Martin, collectivités françaises.rnrnEn Martinique, il présidera le sommet Caraïbe climat 2015 préparatoire à la conférence de la fin de l’année à Paris. Dimanche en Guadeloupe, François Hollande inaugurera le Mémorial ACTe, monument dédié à l’histoire de l’esclavage.rnrnIl quittera La Havane mardi matin pour une visite officielle de quelques heures à Port-au-Prince, capitale d’un Haïti encore convalescent après le séisme dévastateur de janvier 2010.rnrn(Edité par Yves Clarisse)
Reuters