Violences-Tambacounda : le CLVF déplore une persistance des violences faites aux filles en milieu scolaire
La présidente du Comité régional de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles (CLVF) Oumou Sakho Diamé a déploré, samedi, le fait que les violences faites aux filles en milieu scolaire persistent malgré les activités que mène la structure qu’elle dirige, en collaboration avec d’autres organismes.
‘’Le constat que nous avons fait est que les violences faites aux filles persistent malgré les activités que nous menons’’, a dit Mme Diamé, au terme d’un forum organisé au collège de Dialacoto (70 km de Tambacounda), par Actionaid en collaboration avec le CLVF et l’Association des producteurs de banane de la vallée du fleuve Gambie (APROVAG).
Inscrit dans le cadre des 16 jours d’activisme sur les violences faites aux femmes et aux filles, la rencontre portait sur le thème ‘’Stop aux violences faites aux filles en milieu scolaire, brisons le silence complice !’’.
La rencontre de samedi à Dialacoto ponctuée de sketches et de folklore, était présidée par l’adjoint au sous-préfet de Missirah, Boubacar Diallo, avait enregistré la présence d’élus locaux, du corps professoral, de parents d’élèves, d’élèves, entre autres participants. Des délégations venant de Gouloumbou, Nguène, Sankagne, Gouloumbou et Missirah avaient aussi pris part aux échanges.
Pour Oumou Sakho Diamé, la persistance de ces violences est le fait de responsabilités partagées entre les parents, les élèves, les autorités et les populations de manière générale.
En marge de cette rencontre, deuxième du genre, après celle de Missirah organisée l’année dernière, elle a évoqué le cas d’une fille dont le CLVF a empêché le mariage précoce décidé par ses parents, mais qui est tombée enceinte par la suite.
‘’Cela ne facilite pas la tâche au CLVF, à Actionaid et à Amnesty’’, a-t-elle regretté, imputant le comportement des filles à un ‘’mimétisme’’ qui amène les filles à vouloir ‘’s’habiller et se coiffer trop cher, alors que leurs parents n’en ont pas les moyens’’.
Elle a relevé cinq formes de violence récurrentes dans la commune rurale de Dialacoto, dans l’arrondissement de Missirah, que sont les mariages forcés, les mariages dits précoces, les grossesses précoces, l’excision et la non-déclaration d’enfants à la naissance, considérée aussi comme un type de violence.
La responsable du CLVF a listé quelque 24 conséquences que peuvent avoir ces phénomènes, allant de la perturbation des études de l’enfant à l’infanticide, en passant par le traumatisme sexuel, les IST, la fugue, entre autres inconvénients. Malgré la tolérance zéro préconisée chaque fois, les violences persistent, avait-elle relevé dans sa communication lors du forum.
Le centre d’écoute de Tambacounda a répertorié cette année, au moins dix cas de mariages précoces et autant de cas de répudiations, ainsi que plus de 15 grossesses précoces, a noté Mme Diamé.
‘’Nous constatons que les violences prennent de plus en plus d’ampleur dans nos maisons, dans nos rues et dans nos écoles’’, a relevé Mariama Mané, élève en classe de quatrième au collège de Dialacoto, et membre de la brigade de veille du CLVF, dans un discours prononcé au nom de ses camarades.
Pour elle, étant donné que certaines formes de violence ‘’ne se voient pas à l’œil nu, les chiffres sont sous-évalués’’. ‘’L’excision est toujours là, elle se pratique en cachette’’, a-t-elle ajouté, estimant que ‘’la peur doit changer de camp’’.
Actionaid intervient dans la zone de Missirah, particulièrement sur quatre aspects que sont les droits de la femme, la bonne gouvernance, le droit à l’alimentation, le droit à l’éducation, a relevé Khadim Diop, chargé de programme dans cette ONG.