Transhu-mars ! Les rats débarquent (Par Momar Mbaye)

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Comme s’ils s’étaient passé le mot. La horde de rats fraîchement sortis des égouts bleutés, continuent d’affluer nuitamment vers le navire nouvellement accosté aux abords du Palais. Leur arrivée dans des canalisations dernier cri, synonyme de promotion, ne fait nullement de ces rongeurs atypiques des êtres neufs. Adeptes de la grande transhu-mars, ils résistent et s’adaptent aux variations climatiques; alors qu’en cours de migration, les averses qui s’abattent sur leurs corps trempés jusqu’au os, leur font croire, à leur arrivée le soir, qu’ils ont changé d’odeur et de couleur de peau. N’empêche, ils empestent et indisposent et dans leur nouvel environnement, les plus audacieux se bouchent les narines, à haute voix.

Sous les feux de la rampe. Les revoilà vierges de nouveau, accueillis à bras ouverts en dessous de la cuvette, dans le petit coin des salons luxueux où leurs hôtes aiment se soulager. Difficilement saisissables, parce qu’en perpétuelle métamorphose, la couleur de leur pelage varie du vert au bleu, du bleu au marron, en fonction des saisons. Saison des pluies diluviennes où il fait bon migrer, vers les prairies les plus grasses, là où l’herbe se fait abondante et où l’on ne fait nulle différence entre l’ivraie et le bon grain.

Pire que des charognards, ils rodent, ils errent, ils entrent et déterrent, dans le tréfonds abyssal des égouts et décharges : la où la saleté est maître, c’est là qu’ils aiment bien paître.

Doté d’un sens de l’odorat sans égal, ils peuvent renifler à mille lieux les égouts les plus lointains, anticiper les séismes et se préparer à leur prochaine migration. Les voilà qui nous envahissent, fredonnant à chaque fois le même refrain, celui qu’ils ont chanté l’hiver et l’été précédents et dont ils ont seulement retouché l’intitulé, pour justifier leur nouvelle migration, aux côtés de ceux qu’ils, jadis fuyaient comme la peste.

Nus et aveugles à leur nouvelle naissance, ils sont fébriles, mais savent développer une immunité tout en se montrant agressifs. Et gare aux câbles électriques sur leur passage, aux stocks alimentaires, aux papiers, à tout. Quitte à se mettre quelque chose sous la dent, leur survie importe sur la vie de tout autre, de tout être. Nuisibles à la santé, ils savent aussi mettre en danger la vie des autres, de leurs proches, de leurs hôtes, d’hier comme d’aujourd’hui.

Puisqu’on ne peut pas reprocher à un rat de ronger, c’est dans sa nature même. Et là où évoluent les rats, la maladie n’est jamais loin, laquelle les fait fuir comme la peste, à chaque fois, les lieux infectés. Au profit d’une nouvelle (sur)vie de transhu-mars.

Momar Mbaye

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