Tony Sylva : ‘’Notre génération avait tout donné
‘’Nous avons tout fait pour gagner la compétition mais le football rime parfois avec la chance’’, a-t-il, dit appelé à évoquer ses souvenirs des quatre éditions qu’il a jouées avec les Lions du Sénégal.
La CAN 2002 : Nous étions une bande de copains. C’était une équipe où tout le monde tirait dans le même sens. Je peux vous dire qu’on ne badinait pas avec les matchs et on ne se tolérait aucun écart de conduite. Si quelqu’un sort de la voie, il a toujours quelqu’un pour le recadrer, le remettre à l’ordre. Ça a souvent chauffé entre joueurs. C’est la raison pour laquelle nous sommes allés loin aussi bien en CAN qu’en coupe du monde. Et sur cette finale contre le Cameroun (0-0 après prolongations et 2-3), on a manqué de chance, parce qu’au cours de la rencontre, on avait les ballons pour scorer. Sur les tirs au but, tout le monde sait que, c’est souvent de la loterie. Tout était réuni pour gagner ce trophée continental mais il n’y a aucun regret, parce que nous avons fait le boulot.
CAN 2004 : Beaucoup de choses ont subitement changé, le sélectionneur national (Guy Stéphan à la place de Bruno Metsu), le président de la Fédération (Saïd Fakhry à la place d’El Hadj Malick Syu dit Souris), le ministre des Sports (Youssou Ndiaye à la place de Joseph Ndong). Nous nous sommes vus trop beaux avant d’arriver en Tunisie où tout le monde nous tressait des lauriers. On avait manqué d’humilité et contrairement à 2002, où se disait la vérité en se regardant dans le blanc des yeux, les gens préféraient se gérer. Et on aurait dû faire attention, parce que le Sénégal était devenu l’équipe à battre après la CAN malienne et surtout après la coupe du monde. D’ailleurs, les éliminatoires n’étaient pas de tout repos. On se rappelle de ces deux matchs épiques contre la Gambie (0-0 et 3-1). Au finish, on est passé à côté de l’essentiel en se faisant éliminer en quart de finale par la Tunisie alors qu’on avait largement les moyens de faire beaucoup mieux.
CAN 2006 : Sur cette compétition, l’équipe avait du mal à évacuer la frustration de l’élimination de la Coupe du monde 2006. Et surtout, nous avions du mal à nous situer et à jauger notre valeur par rapport aux autres équipes qui ont pris part à cette compétition. Là aussi, on avait les moyens d’aller au bout mais une erreur d’arbitrage incompréhensible (une faute sur Diomansy Kamara non sifflé par l’arbitre camerounais Evehe Divine) contre l’Egypte en demi-finale a ruiné les espoirs alors qu’on commençait à monter en puissance après un premier tour étrange. Le Sénégal s’était qualifié en quart de finale en ayant gagné une seule rencontre (contre le Zimbabwe 2-0) et avait perdu deux matchs en poule (0-1 contre le Ghana et le Nigeria).
CAN 2008 : Au Ghana, je n’avais jamais vécu une Coupe d’Afrique comme celle-là. J’étais là-bas sans pour autant y être vraiment. Tout allait de l’envers. Le groupe était divisé en mille morceaux. Chacun tirait la couverture sur soi. Au finish, le groupe a explosé en plein vol après la défaite 1-3 contre l’Angola. Il y avait aucun projet commun. La faute à tout le monde puisque tout le monde voyait qu’on allait droit dans le mur mais personne n’acceptait de tirer la sonnette d’alarme surtout nous les cadres. C’était comme si on était sous anesthésie. >