Tollé sur l’affaire TÉLIKO: Un magistrat est-il un justiciable?

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Depuis la décision du Ministre de la Justice de traduire le juge Téliko devant l’IGAJ, une clameur faite d’indignations et de protestations est montée au firmament pour s’opposer contre ce que ses collègues de l’UMS considèrent comme une «tentative de museler le socle de l’État de droit que représente la Justice» !

Téliko est ainsi présenté par l’UMS, comme une victime expiatoire d’une revanche de l’actuel Ministre de la Justice contre leur volonté de ne pas le laisser leur imposer une alternative: Se taire ou disparaître, alors qu’eux ont choisi «la liberté et de la dignité» !

 

 

Cette victimisation du Juge Téliko est aussi alimentée par la sortie du journaliste Madiambal Diagne, axée, comme à son habitude, à une stratégie de dénigrement de sa personne sur des bases odieuses d’ethnocentrisme, mettant en doute sa nationalité exclusivement Sénégalaise en se référant à ses origines guinéennes !

C’est tout cela qui occulte les véritables questions de savoir, est – ce qu’en tant que Juge, Téliko est susceptible de répondre devant la Justice ?

Pourquoi refuse- t-il d’aller répondre devant l’IGAJ s’il estime qu’il n’a rien à se reprocher ?

Que lui reproche- t- on qui mériterait une telle levée de bouclier de la part de ses collègues de l’UMS ?

L’on peut aisément trouver un début de réponse pertinente à ces interrogations en consultant la sortie d’hier de son prédécesseur, Alioune Niang, à la tête de l’UMS que j‘ai partagée sur ma page Facebook.

En effet, rappelle-t-il dans sa sortie : «Personnellement, j’ai été frappé par une mesure identique. En effet, dans le cadre strict de la défense des intérêts des magistrats, j’ai été traduit devant le Conseil de Discipline. Mais le Garde des Sceaux, partie demanderesse, a été débouté de ses prétentions. Rien n’a été fait pour venir à mon ‘’secours”, alors que c’était lors des négociations UMS/Gouvernement» !

Donc, rien ne permet au Juge Téliko de ne pas répondre devant le «Tribunal de ses pairs», qui ne juge pas au pénal, même s’il estime y être traduit à tort !

L’UMS ne croit-elle plus à la présomption d’innocence ?

Mais, pour mieux comprendre pourquoi il cherche à s’y soustraire, le Magistrat Alioune Niane en donne une explication en ces termes : Il a «commenté une décision de la justice» et d’ajouter «Même si je pense, très sincèrement, que le Président de l’UMS a commis un lapsus qui demeure une faute, il est nécessaire de développer des actions de solidarité, afin qu’il ne soit pas l’agneau du sacrifice. Mais, il faut savoir, en tout, raison garder» !

Ainsi, Téliko a la claire conscience qu’il a commis une «faute», mais mobilise la troupe et l’opinion pour se soustraire de la justice de ses pairs !

Se faisant, il emprunte le chemin suivi par Sonko qui l’a amené, avec le soutien des organisations de Défense des Droits de l’Homme et d’avocats activistes, à l’abattoir en se faisant radier de la Fonction publique, pour avoir refusé de reconnaître sa faute et de s’amender devant le «tribunal de ses pairs» !

C’est à ce triste scénarioqui risque de faire de lui «l’agneau du sacrifice», auquel nous assistons avec l’affaire Téliko, qui fait la Une de nos organes de Presse pour mieux se vendre !

Cette affaire Téliko est présentée dans les médias, comme une entrave à sa liberté d’expression, non pas en tant que Juge, mais en tant que Président de l’UMS !

Et cette opinion est confortée par cette organisation qui prétend, dans cette affaire, se mobiliser contre l’alternative que leur imposerait le Ministre de la Justice en ces termes : «Se taire ou disparaître, alors qu’eux ont choisi «la liberté et de la dignité» !

L’UMS oublie -t-elle qu’elle n’a pas de «statut de syndicat» qui lui donne la liberté de ton ?

C’était pour évier une telle situation, que la Confédération des Syndicats Autonomes (CSA) leur avait proposé, dans les années 90, de s’organiser en syndicat dans le cadre de l’exigence qu’elle avait soulevée, de «l’élargissement de la syndicalisation des travailleurs de l’Etat» aux Magistrats, aux Policiers et Gendarmes !

Mais les Magistrats, malgré tous les efforts déployés par leur collègue, le   magistrat Guissé pour les convaincre, ont préféré garder leur «statut d’Association» qui leur permet, non seulement d’envoyer leurs représentants au sein du «Conseil Supérieur de la Magistrature» comme un syndicat le leur aurait permis, mais aussi d’être éligible au sein du bureau du Conseil Supérieur de la Magistrature, qu’un syndicat n’aurait pas pu prétendre !

Ils ont préféré renoncer à leur liberté d’expressionau profit de leurs ambitions personnelles de carrière pour siéger au sein du Bureau du Conseil Supérieur de la Magistrature !

Mais,  aujourd’hui,  avec «l’appât du vedettariat dans l’espace public» qu’entretiennent les médias et autres réseaux sociaux, encouragé par le soutien intéressé des organisations des Défense des Droits de l’Homme qui trouvent ainsi matière à s’activer pour justifier les rémunérations qu’elles obtiennent de leurs « Maisons –mère», tout agent de l’Etat en fonction, soumis à des devoirs de réserve, comme les membres de l’UMS, devraient, s’ils veulent recouvrer leur liberté de ton dans la dignité, suivre l’exemple du Juge DEME, qui a préféré démissionner que de se faire traduire, par «lapsus», devant l’IGAJ.

Il a su, qu’il était impossible de garder, à la fois, «le lait, le beurre, et l’argent du beurre», et prétendre s’approprier de la «bergère» !

Donc, une véritable solidarité envers Téliko réside à lui demander de faire «amende honorable» devant le «Tribunal de ses pairs», plutôt que de s’adonner à un bras de fer illégitimequi ne le grandit pas, tout en portant préjudice à sa carrière, sa famille, le corps des Magistrats, et la réputation de son pays !

Le Juge Alioune Niane, conscient de n’avoir pas fauté, a eu gain de cause devant le « Tribunal de ses pairs », montrant ainsi qu’il a fait confiance à la Justice de son pays !

Donc, comment peut-on–être un juge crédible en montrant qu’on ne fait pas confiance en la Justice que l’on sert ?

Ne faisons donc pas de Téliko, «l’agneau de sacrifice» à l’autel de nos frustrations personnelles et/ou politiques !

Ibrahima SENE PIT/SENEGAL

Dakar le 3 Octobre 2020

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