Thione, les faux billets, Modou Kara, Youssou Ndour, Wally…

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Thione, les faux billets, Modou Kara, Youssou Ndour, Wally…

Thione Seck est complètement à la bourre. Chaque jour, entre 19 heures et 4 heures du matin, il s’enferme en studio pour mettre au monde un projet qui lui tient à cœur : un album panafricain. Lequel met en scène des musiciens des 15 États membres de la Cedeao.

Dans cet entretien publié dans Sud Quotidien et qui sera diffusé ce jeudi sur Sud Fm, le leader du Raam Daan délimite les contours du projet. Il en profite pour parler de son fils, Wally, de ses déboires judiciaires, de la politique, de ses rapports avec ses pairs chanteurs…

Avec Thione, il n’y aucun sujet tabou. Sauf un : Youssou Ndour.

Vous êtes de plus en plus absent de la scène publique. Quelles sont les raisons de cette absence ?
Je suis absent parce que je suis sur un projet d’album panafricain avec plusieurs artistes africains qui me prend tout mon temps. Je suis tout le temps au studio, de 19h à 4 h du matin. D’ailleurs, sur ça, je demande même pardon à mon épouse. Parce que le projet, c’est beaucoup de musique, de chanteurs, de pianistes, de guitaristes. Ça me prend donc tout le temps.

Comment est née l’idée du projet d’album panafricain ?
Déjà, pour unifier ce projet mondialement, je n’ai pas ces moyens. Donc, je me limite aux artistes africains, comme moi, qui font partie des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Il s’agit d’artistes avec qui j’ai de bons rapports. Je vais les appeler et on va chanter ensemble.

Si j’avais les moyens, ce serait un projet mondial mais avec les maigres moyens, j’ai démarré par les artistes de la Cedeao pour faire avec eux un projet dont j’ai écrit les paroles. J’ai arrangé la musique avec un de mes musiciens qui s’appelle Papis Ndiaye. J’ai commencé avec les Maliens qui ont bien chanté d’ailleurs. Au Mali, j’ai eu 20 artistes. J’ai pu enregistrer avec quelques-uns. Il faut que j’y retourne pour compléter la liste.

Après, je serai à la Côte d’Ivoire, au Bénin, ainsi de suite. Il n’y a pas d’instrumentistes. Tu viens seulement et tu chantes. Tout a été fait. Je ferai mon choix pour les artistes.

La Cedeao, c’est 15 pays. On va sortir le projet par portions. On a ciblé tous les artistes qui ont du talent.

« Quelle que soit la volonté des gens pour ternir mon image, je suis toujours artiste et je pense que je mourrai artiste. »

 

Vous avez déjà lancé un extrait intitulé « Artiste ». Pourquoi cet hommage à l’artiste ?
Je commence par moi-même. A travers ce titre, Thione Seck rend hommage à Thione Seck. Quand j’avais ce problème judiciaire, il se trouvait que j’étais dans une position artistique et ce complot avait marché parce qu’on m’avait proposé une tournée artistique. J’ai voulu lancer un message qui dit que malgré tout, je suis toujours un artiste. Cela n’a rien enlevé de mon talent. J’ai pu comprendre que c’est mon image qu’on a voulu ternir et Dieu a fait que le contraire s’est produit. Mon image n’a pas bougé d’un iota. C’est pourquoi j’ai commencé par ce titre « Artiste ». Quelle que soit la volonté des gens pour ternir mon image, je suis toujours artiste et je pense que je mourrai artiste. Tout le monde fait partie du projet, Baaba Maal, Omar Pène, Coumba Gawlo, Kiné Lam, Youssou Ndour, etc. Chaque artiste va parrainer 9 artistes.

C’est pour quand la sortie des albums ?
Déjà, j’ai mis sur le marché un single qui s’appelle « Artiste » pour donner un avant-goût des albums. Je n’ai pas encore pris de date.

Vous avez tantôt parlé de problèmes judiciaires. Il s’agit de l’affaire des faux billets, qui vous a valu la prison et qui est toujours pendante. Comment avez-vous vécu cet épisode ?
C’est un complot qu’on m’a fait et qui m’a valu la prison. Il n’y a aucun artiste à qu’il l’on propose 105 concerts en Europe et qui crache dessus. On est passé par là jusqu’à m’avoir. Je ne vais pas attendre jusqu’avoir 63 ans pour me jeter dans de mauvaises choses. Je l’ai pris positivement. C’est un destin seulement.

« Wally a le droit d’avoir l’ambition de dépasser Youssou Ndour. Je n’y vois aucun inconvénient. Il est sur la bonne voie. »

 

Votre fils Wally Ballago Seck dit qu’il veut aller loin dans la musique. Il veut même dépasser la star planétaire Youssou Ndour. Ne croyez-vous pas qu’il est en train de s’exposer ?
La liberté d’expression d’un individu s’arrête là où commence celle de son voisin. Il a le droit d’avoir des ambitions qui puissent dépasser tout le monde. Je n’y vois pas d’inconvénients. Il a commencé par dire que Youssou Ndour est une référence pour lui et qu’il a beaucoup d’estime pour lui. Je suis satisfait de ses prestations. Il est sur la bonne voie.

Wally est venu et a trouvé que tout est déjà fait. Il a trouvé le matériel là, Pencc Mi est là alors que moi, je me suis battu. Je n’avais pas cette chance, moi. C’est la volonté divine. Je lui ai balisé le chemin. Il ira loin si Dieu le préserve des complots dont j’ai été victime.

Quels rapports entretenez-vous avec Youssou Ndour ?
Avancez, s’il vous plait.

Et les autres artistes ?
J’ai de bons rapports avec Ismaïla Lô. On n’a jamais eu de problème et il me donne beaucoup de considération. Il m’a dit : « Mais grand, à vrai dire, tu chantes mieux que nous tous ». Baaba Maal aussi, Omar Pène, aussi. Baaba Maal, le clip « Mapenda », je l’ai tourné chez lui. On a de bons rapports. Il avait fait de moi son invité d’honneur lors de sa dernière soirée au Grand Théâtre. Ils sont tous mes amis. Omar Pène, j’ai été à sa dernière soirée.

Quel regard portez-vous sur la nouvelle génération d’artistes ?
Je ne vais pas m’y attarder parce que tous sont des jeunes qui ont du courage. Chacun essaie d’avoir quelque chose. Parce que qu’on le veuille ou pas, le futur c’est pour eux et je sais qu’ils vont réussir. Ils ont les mêmes ambitions. Ils ont tous du mérite. Je leur souhaite à tous, bon vent.

« On avait dit que le mbalax était inexportable. Je veux prouver le contraire à travers mon projet d’albums panafricains. »

 

La mode Afrobeat est très en vogue en ce moment, notamment avec Wally Seck, Viviane… Comment voyez-vous cette nouvelle tendance tant prisée par les jeunes artistes ?
C’est une question de choix. On avait dit que le mbalax était inexportable. Moi, je veux prouver le contraire à travers ce projet d’albums panafricains où je ferais chanter tous les artistes qui ne sont pas sénégalais pour qu’on sache que le mbalax est bel et bien exportable. C’est ce qui fait le charme de ce projet. Ils en ont le droit. Je n’ai même pas essayé de voir s’ils l’ont réussi ou pas. Je suis concentré au mbalax. Si la musique nigériane s’impose, c’est parce qu’ils ont mis beaucoup d’argent là-dessus. Ici aussi, si les hommes d’affaires sénégalais avec l’appui du gouvernement avaient mis beaucoup d’argent sur notre mbalax national, on allait dépasser ce stade. Le mbalax est bel et bien exportable, c’est parce qu’on n’a pas mis les moyens qu’il fallait.

Quel regard portez-vous sur la politique au Sénégal…
(Il coupe) Ne continuez pas ! Je ne touche pas à la politique parce qu’il faut commencer avec ses propres amis, les piétiner pour passer et je ne suis pas de ce genre. Pour faire de la politique, il faut savoir mentir et moi, je ne suis pas de ce genre. Pour faire de la politique, il faut savoir faire de fausses promesses et moi je ne suis pas de ce genre. Je n’aime pas la politique. Serigne Modou Kara m’avait proposé un poste de député mais j’ai décliné l’offre. Que je sois député ou non, je suis honorable.

« Pour faire de la politique, il faut savoir mentir et moi, je ne suis pas de ce genre. »

 

Comment avez-vous accueilli le projet de Mutuelle de santé des acteurs culturels mis en place par l’État ?
Ça, l’État devrait le faire depuis longtemps. Mieux vaut tard que jamais, mais il y a des gens qui ont déjà souffert et ils sont déjà partis. Je ne comprends pas et je ne comprendrai jamais pourquoi, tous les Présidents qui se sont succédé ont pu regarder ça comme ça, jusqu’à ce qu’on soit obligé de faire des quêtes à la télévision pour les artistes pour se faire soigner. Et ça, c’est vraiment indigne pour le Sénégal. Ce n’est pas normal.

Du Bureau sénégalais des droits d’auteurs (Bsda), on est passé à la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav), sentez-vous une amélioration dans les droits d’auteurs ?
On attend de recevoir nos droits. Mais comme on n’a encore rien reçu, je ne peux rien dire. On espère quand même recevoir.

Comment voyez-vous les rapports entre les artistes et le ministère de tutelle ?
Le ministre de la Culture actuel (Abdou Latif Coulibaly, Ndlr), je pense qu’avec l’expérience qu’il a par rapport aux ministres passés, il fera plus. C’est mon point de vue.

Auteur: Mariame Djigo – Sud Quotidien

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