Talaatay Nder: 205 ans après, l’héroïsme des femmes du Waalo résonne encore

Le 7 mars 1820 marque l’un des épisodes les plus marquants de l’histoire du Sénégal : le Talaatay Nder. Ce jour-là, alors que les hommes étaient absents, les femmes du royaume du Waalo furent attaquées par les Maures du Trarza et leurs alliés toucouleurs. Face à l’horreur et à l’humiliation de l’esclavage, elles prirent une décision radicale : plutôt que de tomber entre les mains de leurs assaillants, elles s’enfermèrent dans une case et y mirent le feu, choisissant la mort dans la dignité.
Cet acte de bravoure a profondément marqué la mémoire collective du Sénégal et symbolise, encore aujourd’hui, la résistance, l’honneur et le courage féminin. “On nous tue, on ne nous déshonore pas.” Cette devise, portée haut par notre vaillante armée, semble trouver ses racines dans le sacrifice de ces femmes du Waalo, véritables figures de la dignité et de l’intégrité.
Deux siècles et cinq ans plus tard, leur geste héroïque continue d’inspirer, même si la reconnaissance de cet événement reste insuffisante. Depuis 2008, le Sénégal commémore officiellement le Talaatay Nder à travers des cérémonies et des reconstitutions historiques. En 2020, le bicentenaire a été célébré avec une ferveur particulière, rappelant l’importance de cet héritage. Pourtant, la mémoire de ces héroïnes mérite une visibilité encore plus grande.
La socio-anthropologue Fatou Sow Sarr a d’ailleurs plaidé pour que le 7 mars soit intégré au calendrier républicain sénégalais, estimant que cette date constitue un symbole plus fort pour les femmes du pays que le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Ce combat pour la reconnaissance s’inscrit dans une dynamique plus large : celle de la valorisation des figures féminines qui ont marqué l’histoire du Sénégal et d’Afrique.
En 2025, alors que les luttes pour l’égalité des sexes et la reconnaissance du rôle des femmes dans l’histoire se poursuivent, le Talaatay Nder doit être plus qu’une simple commémoration. Il doit devenir un rappel puissant du combat pour la dignité, la justice et la place essentielle des femmes dans nos sociétés. Se souvenir du 7 mars 1820, c’est honorer ces héroïnes qui ont préféré le feu à la soumission. C’est aussi reconnaître la force inébranlable des femmes africaines, d’hier et d’aujourd’hui.
Khady Samb