SONKO/AMADOU BA: Equations à mille inconnues (Par Mamadou Lamine DIATTA)
Passée l’euphorie d’une déclaration historique ayant propulsé le Président Macky Sall dans le panthéon mondial des hommes d’Etats impactants, retour à l’ordinaire.
Avec le recul, on se rend compte froidement que le pays n’est pas encore sorti de l’ornière. Cette paix précaire consolidée par le désistement du Chef de l’Etat s’impose momentanément comme un prélude à des lendemains incertains.Il ya actuellement très peu de lisibilité dans un jeu politique où les acteurs s’adonnent à des cachotteries d’un autre âge.
Loin de nous l’idée de jouer les Cassandres, il reste évident que l’équation Sonko ne saurait être résolu en un tournemain.Dans une démocratie majeure comme le prétend notre pays, l’invalidation judiciaire quasiment programmée de la candidature d’un Leader de l’opposition à la popularité incontestable peut faire désordre. Elle peut être la porte ouverte à toutes sortes de conjectures et d’événements difficiles à contrôler.
Les équilibres sur lesquels reposent le Sénégal restent fragiles et plusieurs scénarii s’offrent à l’opinion.
1.La justice confirme les verdicts des affaires controversées Adji Sarr et Mambaye Niang et nul ne serait en mesure de prédire les conséquences d’une telle secousse tellurique dans ce landerneau politique exigu.
2.Sonko de guerre lasse accepte de subir la tournure défavorable des événements et accorde finalement son soutien à un candidat.Dans le cas d’espèce, il s’agirait d’un apport qui pourrait s’avérer décisif d’autant que l’heureux candidat du Boss de Pastef devrait bénéficier du coefficient affectif et populaire que charrie l’actuel Leader de l’opposition.
3. La dernière hypothèse : la candidature de Sonko est acceptée au même titre que celles de Khalifa Sall et de Karim Wade. Le cas échéant, seul le rouleau compresseur de l’appareil Benno pourrait l’inquiéter d’autant que les deux candidats des deux blocs de la bipolarisation politique actuelle partiraient à chances égales devant les starting-blocks.
Reste aussi l’autre équation du pouvoir relative au cas Amadou Ba.
De prime abord,le gourou des Parcelles assainies devrait incarner le choix naturel du Boss pour diriger les troupes de Benno à la présidentielle au regard de sa position stratégique dans l’attelage institutionnel. Mais ce n’est pas aussi simple que cela.Malgré son statut enviable de chouchou de la presse et des partenaires techniques et financiers (PTF), le Premier ministre souffre d’une tare congénitale : dans les cercles de l’Establishment, il n’est pas présenté comme un Apertiste de lait.Autrement dit, sa légitimité est fortement contestée.
Il n’est visiblement pas le premier choix du Président et si Macky Sall lui donne finalement son blanc-seing pour aller à l’assaut de l’électorat, ce serait davantage par pure Real Politik.
Mahammed Boun Abdallah Dionne tiendrait aussi la corde à en croire les confidences fiables des salons feutrés de la capitale. Après un repos- hibernation de plusieurs mois relatif à un Burn- out, l’homme est revenu sur la scène nationale requinqué et prêt à revêtir le bleu de chauffe pour porter haut l’étendard d’un Benno qui tient à rester au pouvoir jusqu’en 2035.
Dionne est sans doute plus commode et répond mieux au portrait- robot d’un Medvedev surtout que l’actuel Président est relativement jeune et pourrait revenir aux affaires dans cinq ans; la politique étant le champ de tous les possibles.
Dionne serait d’ailleurs plus consensuel qu’ Amadou Ba à en croire les soutiers du régime du reste très informés sur l’actu Benno.
Finalement tout porte à croire que le mano à mano Amadou Ba/ Boun Abdallah Dionne va se poursuivre jusqu’à la dernière minute.
Comme d’habitude, le Président Macky Sall va se décider sur le tard…
Ce n’est visiblement pas la meilleure manière de mettre son candidat dans les meilleures conditions de performance.
Maigre consolation : même les potentiels candidats les plus dangereux ( Khalifa, Karim, Sonko, Idy) n’ont pas encore plusieurs longueurs d’avance en terme de maillage du territoire national et de présence sur le terrain.
Ce qui fait dire que nous nous acheminons vers le scrutin présidentiel le plus indécis, le plus ouvert de l’histoire politique de notre jeune nation.
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