SONKO: La déconstruction comme œuvre de salubrité ! Par Abdou Latif NDIAYE

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Dans une tribune libre publiée il y a de cela plus d’un an et intitulée « Une stratégie de mise sous hypnose du peuple » j’alertais sur les méthodes de communication d’Ousmane Sonko, en mettant en évidence l’approche perverse et dangereuse avec laquelle tous les acteurs politiques et forces vives de la Nation se devaient d’être vigilants et sans aucune concession.
Cet homme politique d’un genre particulier symbolisant, paradoxalement, au regard de son jeune âge, l’archaïsme car il privilège une démarche rappelant sur certains points, et à bien des égards, une vieille technique de propagande politique qui a été fortement utilisée par des régimes honnis par l’histoire, tant ils furent cruels pour nos sociétés.

Certains spécialistes de la communication sont tentés d’assimiler sa façon de conduire son discours de propagande contre le pouvoir, à une méthode dite de l’hypnose du peuple, comme je disais, il y a un peu plus d’un an. Cette méthode repose essentiellement sur la construction d’un mensonge translucide monumental. Ousmane Sonko élabore son discours en partant d’un ou de plusieurs faits inventés et parfois réels pour tenter d’échafauder astucieusement une montagne de contrevérités, afin d’émerveiller, et d’embastiller ainsi des consciences et d’embrigader des opinions.

On joue sur le mensonge, sur la calomnie pour élaborer le scénario d’un film fantastique. Il présuppose la naïveté et l’ignorance de l’opinion pour produire des effets auprès de certains citoyens. On ne peut pas nier que certains d’entre eux acceptent ainsi de renoncer (momentanément ?) à l’usage de la raison critique. C’est cette méthode qui a fécondé dans les années 30 en Europe les horreurs que l’on connaît suffisamment aujourd’hui. Ousmane Sonko utilise presque la même méthode pour avoir avec lui les masses. Aujourd’hui, le discours politique construit par lui et par certains de ses partisans veut faire sonner dans l’esprit des citoyens l’idée du mal absolu qu’incarnerait le Chef de l’Etat. Son discours fonctionne ou presque comme celui de l’histoire qui avait désigné une communauté entière comme le mal absolu à faire disparaître. Osons le dire, c’est le narcissisme du politique ayant trop hâte d’assouvir sa passion du pouvoir et qui en perd parfois la raison. Il accuse sans discernement et fracture ainsi à son insu le ciment de la Nation qui repose sur une bonne intelligence des différentes composantes sociologiques et ethniques qui la structurent. Prétextant son appartenance à un groupe ethnique qu’il nomme avec imprudence, il accuse le Chef de l’Etat d’exclusion, de considération stigmatisante et méprisante à l’endroit de cette communauté.

Pour en revenir au mode opératoire de la propagande Sonko, on note souvent dans son discours des amalgames et contrevérités procédant parfois plus d’un manque de base documentaire bien établie et assumée pleinement que d’une mauvaise foi. Il donne l’image d’un homme manquant singulièrement de culture politique, de culture historique, de culture générale tout simplement. On s’en fait une idée en lisant ses ouvrages. Là, on est frappé par sa trop grande propension à citer les écrits des autres, sans prendre les précautions d’usage obligatoires à cet effet. Ousmane Sonko connait sûrement l’Etat. Pour autant, en a-t-il, un sens bien assumé ? Sa dernière sortie jette un doute sur le sens qu’il se fait de la Nation. J’hésite à dire qu’en écoutant Ousmane Sonko on en sort avec la sensation d’un manque de maturité, tant dans la formulation de ses idées que dans l’expression de celles-ci.

D’ailleurs, certaines de ses accusations qui sont, à bien des égards d’une gravité extrême, comme l’a été sa dernière tirade sur Macky Sall et les Diolas, traduisent plus un manque de maturité. En témoignent cette pointe d’arrogance assumée et la véhémence de son expression qui le présentent sous les dehors d’un haineux. Ce qu’il n’est sûrement pas. On le voit donc, amalgames, confusions volontairement entretenues et grossies à souhait ont rythmé les discours de l’homme Ousmane Sonko. La seule chose qui vaille dans sa démarche et qui soit stable c’est l’émotion, l’aversion.

Je dis de son discours qu’il veut soumettre le peuple et non convaincre, en lui imposant un projet politique faussement présenté sous le manteau de la transparence et du sérieux. Que personne ne s’y trompe ! Comme toujours, l’art de tous les chefs populistes a consisté à concentrer l’attention des masses sur un seul « ennemi » : Macky Sall et son régime. Ce type de propagande peut un temps fonctionner et prendre quelques naïfs dans son piège, mais elle n’est pas durable.

Les Sénégalais doivent se montrer cependant vigilants. Cette forte démagogie qui connote le discours, consiste à construire une nouvelle doctrine politique sur la base de faits inventés, si subtile se veut-elle. Celle-ci doit être bien comprise de tous. Face à Sonko et son discours, la déconstruction est une opération de salubrité publique s’imposant à tous les démocrates de ce pays.

Les fondements d’un Etat-Nation qu’est le Sénégal que nos aînés ont mis du temps à édifier avec des ressorts solides, au prix d’immenses sacrifices ne doivent être sapés et sacrifiés à l’autel d’un pouvoirisme outrancier. Le Sénégal d’Aguène et Diambogne, de Ndatté Yalla, d’Aline Sitoe Diatta, de Njëmbët Mbodj, etc., c’est la fraternité et surtout le cousinage à plaisanterie entre ethnies, entre patronymes d’une même ethnie, entre lignées maternelles, entre localités, entre confréries religieuses. Le Sénégal, c’est le dialogue islamo-chrétiens. Sonko ignore certainement que la stabilité socio-politique qui nous est tant enviée est certes liée au génie politique des sénégalais et des sénégalaises, mais surtout au ciment socioculturel du pays basé sur des valeurs de tolérance, de solidarité, de respect des communautés et des individualités. Oui, la stabilité politique et sociale du Sénégal est le fait d’hommes et de femmes politiques, d’acteurs d’une société civile très dynamique qui ont su bâtir un système démocratique apaisé en constante bonification. La grande chance du Sénégal, c’est donc son tréfonds culturel qui garantit « un commun vouloir de vie commune » dont le rôle dans la préservation de l’identité nationale et la paix n’est plus à démontrer. Sonko fait-il semblant d’ignorer cette réalité observable dont l’usage quotidien doit être analysé comme une coutume de pacification, voire quasiment une loi propre sur les droits et devoirs des citoyens d’une même nation ? Tout compte fait, la grandeur d’un Homme d’Etat se mesure également par son niveau de culture qui permet de saisir la relativité et la complexité des matières à partir desquels il doit se positionner.

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