Situation politico-économique du Sénégal : Les vérités crues de Mamadou Lamine Loum
Animant une conférence autour du thème “les constitutions africaines à l’épreuve du développement et de la démocratie : l’exemple du Sénégal”, l’ancien Premier ministre, Mamadou Lamine Loum, a fait un diagnostic sans complaisance de la gouvernance du Sénégal, rapporte “L’As”.
Selon lui, le Parlement n’exerce pas tous ses pouvoirs de vote de la loi, de contrôle de l’action gouvernementale. “La justice est moins pourvue en ressources humaines et ressources matérielles. Ses décisions ne sont pas toujours prédictibles et elles ne sont pas toujours écrites. Il y a des abus de détentions préventives alors que la règle c’est que les personnes, sauf cas absolu, viennent au tribunal libres pour leur jugement. Le principe, c’est la liberté. Aussi, on n’est plus dans un système comme cela a existé, mais on est devant des accroches qui se télescopent et s’additionnent. Il n’y a plus de système et il n’y a pas de grille de lisibilité de règles générales et impersonnelles qui s’attachent au fond à la seule partie de l’Etat qui assure la stabilité”, diagnostique-t-il. Pourtant, rappelle-t-il, “l’administration reste le bras séculier de l’Etat et si elle n’est pas régulée c’est la porte ouverte à toutes les déviances”.
“Les deniers publics sont mal alloués aux secteurs et aux zones géographiques dans ce pays. Les fonds spéciaux sont une source de désordre financier et il y a une exagération dans les décrets d’avance. “Les contrôles sont inopérants car les organismes de contrôle comme la Cour des comptes et l’Inspection générale d’Etat ne communiquent pas”, laisse-t-il entendre.
Quant aux partis politiques, avance-t-il, ils sont caractérisés par le foisonnement et le fractionnement. “Il n’y a plus de militantisme classique basé sur la conviction. Il y a plus de clientélisme et de vagabondage politique entre les partis et les coalitions”, déplore-t-il.
La presse est caractérisée par un déficit de professionnalisation, un problème de déontologie de des entreprises de presses marquées par une précarité et une exposition aux pouvoirs d’argent, note-t-il.