Retrouvailles des Libéraux: si on m’avait suivi…(Par S M N)
Le Mardi 27 Mars 2012 à 10h 11 minutes, comme tous les matins, je franchissais
la porte du bureau du Président Abdoulaye Wade, au palais, pour notre séance de
travail quotidienne qui commençait toujours par une revue de presse.
Je me posais mille et une questions en allant voir mon maître. Malgré la défaite,
il me salua avec un sourire en me disant « nous sommes des croyants, des
démocrates. Nous quittons le pouvoir la tête haute mais surtout satisfaits d’être
succédés par un des nôtres. » Ensuite il me demandait comment je voyais l’avenir
du parti.
Je lui ai alors répondu, parce que j’avais déjà réfléchi à cette question, que le PDS
et le Reewmi de Idrissa Seck devraient soutenir MACKY Sall nouvellement élu.
Je sentis alors que le Président était surpris mais convaincu de ma réponse. Es-tu
prêt à défendre cette position devant le Comité Directeur du Parti me demandaitil ? Ma réponse a été affirmative. C’est de cet entretien qu’est née l’idée des
Retrouvailles de la grande famille libérale. Voilà pourquoi au cours du dernier
Conseil des Ministres qu’il a présidé, le Président déclarait «n’attaquez pas
Macky Sall. C’est votre frère.»
Après la passation de services, il convoqua, comme prévu, le Comité Directeur à
Fann au domicile de Madické Niang qu’il occupait. A cette occasion, il m’avait
désigné pour parler des alliances et relations du Parti. J’ai alors défendu mon idée
de Retrouvailles de la famille libérale. Je sentais, tout au long de mon exposé, une certaine haine envers moi qui se dégageait de certains visages et regards mais cela
ne pouvait en aucun cas m’influencer ou m’intimider car je suis convaincu qu’on
ne fait pas la politique avec le cœur mais avec la tête. «Je préfère mourir avec
mes idées que de mourir avec celles des autres»
Quelques semaines plus tard, je retrouvais le Présent à Versailles. Il travaillait sur
un document relatif à cette idée. Il avait profité de ce séjour pour me remettre un
exemplaire d’une lettre qu’il venait d’adresser au Président MACKY Sall qui va
également dans ce sens, l’originale de cette missive avait été donnée à Cheikh
Amar à charge pour lui de l’acheminer.
A mon retour à Dakar, j’ai été voir le Président Idrissa Seck et le Président Pape
Diop et tous avaient adhéré à l’idée.
Partout et en toute circonstance, je me suis battu pour cette idée mais jamais les
parties concernées n’ont voulu la concrétiser même si chacun y allait individuellement oubliant qu’en politique, les échappées solitaires n’ont jamais été gagnantes.
C’est pour ces raisons et au nom de cette conviction, qu’à l’occasion de la dernière
élection présidentielle, j’invitais Karim Wade à soutenir Amadou Ba pour devenir
ensuite son Premier Ministre ou Vice-Président, ce qui pouvait lui ouvrir les
portes du palais en 2019. Mais toujours les théoriciens nihilistes, tireurs d’élites
et autres ont craché sur ces projets et propositions pour des raisons sentimentales,
donc subjectives. Ils ont tous attendu de perdre le pouvoir pour accepter de se
retrouver, pour accepter que nous sommes frères, pour accepter de tourner certaines pages pour sauver le pays. Qui peut m’expliquer la logique de Karim
Wade qui, après avoir aidé PASTEF à gagner ou amené Amadou Ba à perdre, se retrouve dans une alliance avec l’APR qu’il avait combattue pour chercher à
reconquérir le pouvoir. Nous sommes en politique et je pose un débat rien qu’un débat La vérité est que ce n’est pas le pays qui les intéresse encore moins les Sénégalais.
La vérité est amère mais ne tue pas. Beaucoup qui travaillent aujourd’hui pour
réaliser cette idée ne cherchent qu’à sauver leur tête ou à retrouver des privilèges
perdus.
Malgré tout, je m’en réjoui et souhaite très sincèrement que cette entreprise soit
couronnée de succès car cette idée de Retrouvailles de la famille libérale est mon
bébé à cause de qui j’ai été critiqué, attaqué, calomnié par ceux qui la défendent
aujourd’hui, c’est aussi l’intérêt du Sénégal.
Cela me réconforte mais il fallait le faire à temps, ce qui nous aurait permis de
garder le pouvoir. Mais mieux vaut tard que jamais et toute forme d’expériences
mérite d’être vécu, l’essentiel est de pouvoir en tirer les bonnes leçons.
Vous constatez que si on m’avait suivi, on n’allait pas perdre le pouvoir.
Ministre Serigne Mbacké Ndiaye
Président de la CLP