Rétro 2014 : Ebola, homme de l’année

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Ebola. C’est «lui» qui s’impose à tous les pouvoirs : politique, économique, culturel, social, religieux. Il est le pouvoir.

Voyez comment il a changé les habitudes les plus tenaces, bousculé les tabous, «toubabisé» des Sénégalais et Africains plus enclins à s’obstiner à se serrer la main qu’à formuler des salamalecs.

Ebola a chassé toutes considérations sociologiques et fait valoir ses lois là où les leçons d’éducation sanitaire à l’école primaire n’ont pu être sues. C’est la maladie que même les prédicateurs qui voient des avions s’écraser n’ont pu voir venir. Que ceux ou- celle- qui donnent les verdicts de combat de lutte avant l’heure ne peuvent prévenir ni terrasser. Que les xoysn’ont pu apercevoir à Malango, comme ils le font pour la pluie. C’est aussi le «pèlerin» qui a envahi les champs de l’Afrique de l’Ouest notamment, puis de l’Occident et qui a restreint le nombre de pèlerins musulmans à la Mecque.

Ebola a été l’«homme» le plus célèbre. Il est chanté par les élèves à l’école et pourtant il n’est pas inscrit au programme scolaire. Il est dansé par Salam Diallo et pourtant il tue. Il fait trembler la terre entière sans secousse. Il provoque les plus puissants du monde, plus prompts à créer des guerres et tester leurs armes les plus sophistiquées. Il est encore un ennemi coriace comme l’Irak de Saddam Hussein puisque même des Gi’s sont entrés en lice pour lui mener la guerre dans les pays attaqués. Il fait plus peur que des missiles braqués parce qu’on peut les mettre en off. Il est plus meurtrier que des guerres tribales qu’un consensus peut arrêter, que le terrorisme qui est encore cloisonné dans certaines régions.

Ebola a imposé une course au remède plus qu’une course à l’armement : ZMapp aux Etats-Unis, Jk-05 en Chine, Favipiravir au Japon, etc. Trois puissances économiques qui, au fond, se livrent plutôt une guerre de la médecine. Aujourd’hui, tout le monde veut entendre : Ebola a été aboli, comme l’esclavage, par un tel pays. Quand Ebola dicte et change les enjeux !

Ebola c’est l’«homme» qui a brisé les frontières les plus sensibles, sans l’arbitrage d’une Cour internationale de justice (Cij). Qui a remué la sensibilité de la diplomatie de proximité (le cas Sénégal-Guinée) non sans tumulte. Il est partout sur terre, mer et air. Il reporte et délocalise non seulement des matchs, mais toute une compétition (la Can au Maroc qui va se jouer finalement en Guinée Equatoriale). Quel exploit !

Ebola, c’est plus «performant» qu’un drone. Il touche qui il veut et tue qui il veut. Même ceux qui sont censés secourir et soigner les malades. Bref, c’est la maladie sans frontières contre les médecins sans frontières. Il empêche de voyager et fait du tourisme un secteur tout risque. Bref, il fausse toutes les prévisions économiques. Pour tout cela, il est non pas la maladie de l’année, mais l’homme de l’année.

hamath@lequotidien.sn

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