Rebondissement à la Chambre de commerce de Dakar : le ministre de l’Intérieur lâche le Gouverneur aux trousses de Lamine Niang
Le Gouverneur de Dakar vient d’hériter d’un dossier explosif ! Pour cause, dans une correspondance datée du 17 juin 2015 et dont Actusen;com a copie, le ministre de l’Intérieur a saisi le représentant de l’Exécutif, pour l’instruire de se saisir du contentieux à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar et de lui trouver un règlement approprié.
Abdoulaye Daouda Diallo ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Car le premier flic a également demandé au gouverneur de lui faire parvenir un rapport circonstancié sur ledit contentieux et de lui rendre compte de ses diligences. Comme pour montrer qu’il ne badine pas, alors pas du tout, le ministre de l’Intérieur a fait ampliation, au ministre du Commerce, du Secteur informel, de la Consommation, de la Production des Produits locaux et des Petites et Moyennes entreprises, de cette correspondance adressée au Gouverneur.
Comment le ministre de l’Intérieur a pu ressusciter le vieux contentieux électoral à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar ? Cette question garde tout son pesant d’or. Car, en dépit du fait que la Cour suprême avait annulé l’Arrêt de la Cour d’Appel annulant l’élection de l’actuel bureau de la Chambre dirigée par Lamine Niang, celui-ci continue, depuis lors, de trôner à la tête de l’institution.
Joint par téléphone par Actusen.com, Birane Yaya Wane, opérateur économique et membre influent de la liste “And défarat Chambre de commerce de Dakar” qui était en lice avec la Liste “Disso” de Lamine Niang, confirme avoir bel et bien saisi le ministre en question d’une une correspondance.
Dans laquelle missive, ledit opérateur reconnaît avoir interpellé le premier flic du Sénégal en ces termes : ” par courrier N° 0377/MEFP/AJE/SP en date du 26 mars 2015, l’agent judiciaire de l’Etat du Sénégal vous a transmis les arrêts N° 01 du 12 juillet 2011 rendus par l’Assemblée Générale de la Cour d’Appel de Dakar avec la formule exécutoire le 19 février 2015, les N°40 et 41 du 8 Décembre 2011 de la Cour Suprême concernant le contentieux de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar, revêtant l’autorité absolue de la chose jugée pour exécution destinés à Monsieur le Gouverneur de la Région de Dakar maitre d’œuvre pour faire exécuter ces décisions de justice, mais depuis lors, ladite décision n’a pas encore reçu d’exécution, malgré toutes les démarches que j’ai entreprises dans ce sens”.
La Cour d’Appel et la Cour suprême ont, tour à tour, invalidé le scrutin, mais Lamine Niang trône toujours à la tête de la chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar
Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, le rejet par les Arrêts n°25 et 26 du 20/12/2012 rendus par la Cour suprême (Chambres réunies) des requêtes en rabat d’arrêt, dirigées contre les arrêts n°40 et 41 du 06/12/2011 rendus par la Chambre administrative de la Cour suprême, a pour effet de rendre irrévocables ces derniers ; aucune voie de recours n’étant plus possible.
Ceux-ci ayant rejeté les pourvois formés contre l’Arrêt n°1 du 12/7/2011 rendu par la Cour d’Appel de Dakar statuant en Assemblée générale, l’autorité de la chose jugée s’attache désormais au seul dispositif de cette décision. Celui-ci étant concu comme suit : “Annule les résultats du 1er tour de la sous-section Etablissements financiers, des élections de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar tenu le 01/08/2010 ; Annule le deuxième tour du scrutin des élections de la Chambre tenu le 22/8/2010″.
Dès lors, il appartient alors au ministre du Commerce et au Gouverneur de la région de Dakar auxquels toutes les décisions ont été notifiées, en tant qu’autorités de tutelle, de faire produire à ce dispositif son plein effet, en tirant toutes les conséquences logiques qu’il importe, à savoir notamment : constater l’illégalité de l’actuel bureau de la chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar ; mettre en place, de façon concertée, une structure provisoire pour diriger l’institution.
Des morts, des entreprises fantômes, entre autres électeurs fictifs avaient émaillé la sincérité du scrutin
Malheureusement, on ne sait pas par quelle alchimie, mais le Gouverneur et le ministre de tutelle ont préféré s’emmurer dans un mutisme assourdissant, laissant l’actuelle équipe mener tranquillement ses activités. N’en déplaise aux Cours d’Appel et suprême. Reste maintenant à savoir est-ce que le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, réussira là son collègue du Commerce et le Gouverneur ont échoué.
Pour la petite histoire, des morts, des électeurs fictifs, des entreprises qui n’existent qu’en rêve avaient été crédités d’avoir pris part à ce scrutin. Et les faits étaient assez gravissimes que la division des investigations criminelles avait produit un rapport explosif. Le tout teinté d’un réquisitoire de feu du Procureur de la République d’alors, Ousmane Diagne;
Actusen.com