Il a été tué par balle le 20 janvier 1973, huit mois avant la proclamation de l’indépendance de la Guinée-Bissau le 24 septembre de la même année. Qui a tué Amilcar ? La question est toujours sans réponse. Il y a une version qui pointe du doigt le régime colonial du Portugal à travers son opération mégalomane « mer verte » et l’autre qui prétend être l’élément même du parti PAIGC qui a assassiné le fondateur et leader du parti.

Son panafricanisme est d’abord politique, résolument anticolonialiste, adepte de la lutte armée, seule alternative face au régime dictatorial de Salazar. Contre le mythe laborieusement forgé du « lusotropicalisme », Cabral et ses camarades fondent la Casa dos Estudantes do Império, où se retrouvent, entre autres, les Angolais Mário de Andrade et Agostinho Neto, et les Mozambicains Eduardo Mondlane et Marcelino dos Santos.

C’est pourquoi la culture occupera une place centrale dans sa pensée et son action. Il se préoccupe d’histoire : celle de « la culture africaine [qui] a survécu à toutes les tempêtes, réfugiée dans les villages, dans les forêts et dans l’esprit des générations victimes du colonialisme ». Marxiste il est, mais loin des querelles russo-chinoises, assez proche des innovations castristes. De là vient cette lutte armée exemplaire, finalement victorieuse sur le terrain dès le début des années 1970, face à une armée coloniale fortement équipée, bénéficiant de la complicité discrète de l’Otan. Une victoire due à l’engagement d’un peuple pleinement associé à la prise de décision à tous les niveaux.
L’assassinat de Cabral à Conakry le 20 janvier 1973 est évidemment l’œuvre de la Pide, la police politique portugaise. S’y sont trouvés mêlés des membres et des proches du PAIGC [Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert]. D’après Elikia M’Bokolo, historien congolais., Cabral avait été assez lucide pour insister sur la nécessité, pour les cadres de la révolution, presque tous issus de « la petite bourgeoisie », de lutter contre leurs propres faiblesses, « la lutte la plus difficile » : « trahir la révolution ou se suicider comme classe ». Certains de ses proches ont choisi de « trahir la révolution » et de participer peu ou prou à son assassinat.

Le comportement troublant de Ahmed Sékou Touré 

Pendant l’enquête destinée à faire la lumière sur l’assassinat, Ahmed Sékou Touré a fait disparaître toutes les pièces à conviction en se contentant d’accuser le Portugal (le général António Spínola et la PIDE, police politique portugaise). Les meurtriers de Cabral ont motivé leur geste par le fait de la domination des métis et de leur accaparement du pouvoir.

Amilcar Cabral était un exemple de métissage culturel, mais la proximité de son frère Luis, métis biologique et celle de l’élite capverdienne constituaient une preuve de la position ambiguë du leader de la révolution.

Sékou Touré a peut-être joué un rôle dans l’attentat? Mais on sait qu’il avait toujours critiqué la mainmise des Capverdiens sur les structures dirigeantes de la Guinée-Bissau. En outre, on sait aujourd’hui qu’un projet de Grande Guinée existait et était débattu entre Bissau et Conakry, qui se sentaient proches idéologiquement (socialisme) et sociologiquement. Ce projet a été combattu par les Capverdiens jusqu’à leur éviction car il promettait la suprématie des Noirs. Avec la mort de Sékou Touré en 1984, ce projet a été oublié.

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