Publication du rapport annuel de l’ANSD: Un couteau à double tranchant

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L’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) a récemment publié son rapport annuel sur la Situation Économique et Sociale Nationale (SESN) 2022-2023. Ce document, censé fournir une analyse approfondie des dynamiques économiques et sociales du Sénégal, compile les données recueillies par l’ANSD et d’autres organismes du Système National Statistique (SSN).
Bien que ce rapport constitue un outil essentiel de planification pour les décideurs publics et les acteurs du développement, des interrogations persistent quant à son impact réel sur l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques. En effet, si les chiffres permettent d’identifier certaines tendances, leur influence concrète sur les décisions stratégiques reste incertaine.

Une économie sous tension malgré des chiffres encourageants ?

Le rapport de l’ANSD met en avant les principaux indicateurs économiques du pays, notamment la croissance du PIB, le taux d’inflation et l’évolution du marché de l’emploi. Toutefois, ces statistiques générales ne reflètent pas toujours les réalités vécues par les populations.
Une croissance économique affichée ne signifie pas nécessairement une amélioration des conditions de vie, surtout dans un contexte marqué par des inégalités sociales persistantes et une inflation qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages. De plus, l’essentiel des données analysées concerne l’année 2022, ce qui pose la question de leur pertinence immédiate face aux défis actuels, notamment les répercussions des récentes crises économiques et l’évolution du marché du travail.

Des statistiques pour quels changements ?

Si l’ANSD réalise un travail rigoureux de collecte et d’analyse des données, la question fondamentale demeure : ces statistiques influencent-elles réellement les politiques publiques ?
Le Sénégal a vu se succéder de nombreux plans et stratégies de développement, mais leur efficacité réelle reste sujette à débat. Les décideurs exploitent-ils pleinement les informations contenues dans ce rapport, ou s’agit-il d’un document de plus, consulté mais sans impact concret sur la gestion des affaires publiques ?

Un instrument utile mais perfectible

La publication du rapport SESN 2022-2023 est une initiative précieuse, offrant une base de référence aux chercheurs, aux décideurs et aux citoyens soucieux de comprendre les réalités économiques et sociales du pays.
Cependant, l’enjeu principal ne réside pas tant dans la disponibilité des statistiques que dans leur utilisation effective pour guider des politiques publiques bénéfiques à l’ensemble de la population. Transparence et accessibilité des données sont essentielles, mais elles doivent s’accompagner d’une volonté politique forte pour transformer ces chiffres en actions concrètes.
Sans cela, ces rapports risquent de n’être que des documents de consultation sans réelle incidence sur le quotidien des Sénégalais.

L’ANSD valide les chiffres de Moustapha Ba : un désaveu pour les autorités actuelles ?

L’ANSD a récemment publié son rapport annuel sur la Situation Économique et Sociale Nationale (SESN) 2022-2023, et ses conclusions ne passent pas inaperçues. Contrairement aux critiques émises par l’actuel gouvernement, les chiffres de l’ANSD confirment les données avancées par Moustapha Ba, ancien ministre des Finances sous le régime précédent.
Cette validation statistique crée un paradoxe politique : alors que les nouveaux dirigeants avaient remis en cause les performances économiques annoncées par l’ancien ministre, les indicateurs officiels semblent lui donner raison. Cette situation pose plusieurs questions sur la fiabilité des discours politiques et le risque d’instrumentalisation des chiffres économiques dans le débat public.

Des chiffres contestés mais finalement validés

Dès leur arrivée au pouvoir, les nouvelles autorités ont vivement critiqué la gestion économique de leurs prédécesseurs, dénonçant des statistiques embellies et une situation budgétaire plus critique que présentée. Pourtant, le rapport de l’ANSD ne met en évidence aucune anomalie majeure dans les données publiées par Moustapha Ba.
Les chiffres relatifs à l’inflation, à la croissance du PIB et à l’endettement public figurant dans le rapport correspondent globalement aux prévisions et aux données avancées par l’ancien ministre des Finances. Bien que l’interprétation de ces chiffres puisse varier, il devient difficile d’affirmer qu’ils avaient été biaisés ou manipulés, comme certains membres du gouvernement actuel l’ont laissé entendre.

Un embarras pour le pouvoir en place ?

Cette situation place l’exécutif dans une position délicate. En contestant les analyses de Moustapha Ba, le gouvernement s’est-il trompé ou a-t-il volontairement noirci le tableau pour justifier certaines décisions politiques ?
L’argument d’une gestion économique catastrophique du régime précédent a servi de justification à divers ajustements budgétaires et réformes impopulaires. Mais si les chiffres du passé s’avèrent conformes à la réalité, cela remet en cause les fondements de plusieurs choix économiques récents.

Quelle suite pour la politique économique sénégalaise ?0

Au-delà des rivalités politiques, cette controverse met en lumière un enjeu fondamental : la nécessité d’une lecture objective et non partisane des données économiques.
L’ANSD, en tant qu’institution indépendante, joue un rôle crucial en fournissant des chiffres fiables. Mais encore faut-il que les dirigeants les interprètent avec honnêteté et transparence. La confirmation des données de Moustapha Ba envoie un signal fort : les discours politiques doivent s’appuyer sur des faits vérifiables, et non sur des postures idéologiques.
Reste à voir si cette révélation conduira le gouvernement à ajuster sa communication ou s’il continuera à défendre une lecture alternative de la situation économique du pays.

Babou Biram Faye

1 thought on “Publication du rapport annuel de l’ANSD: Un couteau à double tranchant

  1. Quelle est la conclusion qu’il faut tirer de cette polémique née des délires de l’actuel premier ministre annonçant la falsification des statistiques par l’ancien régime, c’est tout simplement que le Sénégal est gouverné par des apprentis qui, depuis un peu plus de dix mois qu’ils sont arrivés au pouvoir, n’ont pu réussir qu’à isoler le pays dans la sous-région et par de là dans le reste du monde. Ils auront beau tenté de nuancer les vérités de l’A.N.S.D, seulement la vérité elle, est têtue. Quel est le Sénégalais qui, aujourd’hui n’éprouve pas des inquiétudes quant à la gestion de son pays surtout après la dernière sortie du président de la république et son aveu d’échec qui sonne comme un glas dans nos oreilles ? Ce pays est au bord du gouffre et rien ne nous y prédisposer il y a un an. Je vous laisse tirer les conclusions qui sied à cette catastrophe qui nous guette.

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