Professeur Mamadou Diouf, l’histoire n’est pas conjocturelle

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« L’histoire ne ment pas », a dit le conservateur de la mémoire de Gorée, Monsieur Joseph NDIAYE. Lors de la 80e commémoration du massacre de Thiaroye, j’ai entendu un histoirien tronquer l’histoire des faits et souiller les faits historiques. Oser dire publiquement que les précédents Chefs d’Etat du Sénégal étaient « dans un silence coupable et complice » à propos de Thiaroye, c’est insulter notre mémoire collective. Senghor, qui a été un tirailleur, a non seulement dénoncé et décrié politiquement ce massacre odieux mais l’a écrit dans ses poèmes et a parlé de Thiaroye en plus de « ses frères noirs sont sous la glace et la mort, qui ne sont pas morts aux poches vides sans honneur ». Non Professeur Mamadou DIOUF, Senghor n’a jamais été silencieux pour la cause noire. Ses pleurs, cris et revendications pour plus de reconnaissance, pour plus de liberté et pour plus d’égalité sont encore retentissants et assourdissants.

Non, les Présidents DIOUF, WADE et SALL n’ont jamais été silencieux sinon le Camp THIAROYE de Diomaye FAYE ne serait pas encore et toujours là, debout dans son souvenir éternel grâce à ses devanciers qui l’ont rendu immortel. Ériger ce camp, l’entretenir et lui donner vie et substance est une marque éloquente de lutte contre l’oubli. Qui plus est, il l’ont dit, redit et prédit. Le Président WADE, chantre de l’Africanité là où Senghor l’est de la Négritude, a toujours plaidé, en tant qu’avocat et Chef de l’Etat, pour défendre la Cause Thiaroye.

Sous Diouf, le Camp THIAROYE se collectivise dans le mental social grâce à un investissement substantiel de ses gouvernements successifs. Il a lui-même soutenu le film d’Ousmane Sembene et Thierno Faty Sow, Camp de Thiaroye, qui sort sur les écrans fin 1988 et revivifie le souvenir douloureux des événements du 1er décembre 1944.C’est pourquoi, le Président DIOUF s’y est rendu plus d’une fois.

En 2004, le Président WADE organisa une journée de commémoration des tirailleurs avec une place de choix consacrée au massacre du 1er décembre 1944 et déclara le Camp THIAROYE, « cimetière national ».

Plusieurs, eut été le nombre de fois que le Président Macky SALL y posa une gerbe sous la musique aux morts pour dénoncer cette tuerie. On se rappelle la cérémonie devant le Président des Français, François HOLLANDE qui a déclaré le 30 novembre 2014, donc 10 ans avant Macron, et devant le Président SALL, qu’il était venu à Thiaroye pour « réparer une injustice » et parle même de « dette de sang ». Contrairement à Macron qui a écrit, HOLLANDE l’a dit devant le monde entier. Donc, les Présidents sénégalais n’ont jamais été coupables encore moins complices. Ils ont parlé et l’ont fait sans les frasques et fresques d’aujourd’hui, mais avec sobriété et retenue à la hauteur de la mémoire des morts.

C’était pas hier tout ça, c’était ce matin. Les souvenirs sont encore récents, frais et vrais. Les faits sont têtus et l’oubli n’y a pas de place.Tout témoin qui valide une contre-vérité est un comploteur. Nous ne saurons être du genre. Notre éducation, depuis Senghor et Cheikh Anta, nous l’interdit. Notre formation, depuis MAODO et BAMBA, ne s’y prête pas. Notre intimité intellectuelle, depuis Iba Der Thiam et Serigne Pape Malick SY, nous le proscrit.

Nous encourageons Son Excellence Bassirou DIOMAYE FAYE à suivre les pas de ses vaillants devanciers pour faire mieux au lieu de croire qu’avant lui, il y a eu la TABULA RASA. NON ! Il hérite d’un lourd legs très consistant qu’il doit préserver, parfaire et embellir.

Non Prof, avec tout le respect que je vous voue et que je vous ai toujours temoigné, je ne valide pas. Pourquoi vouloir réinventer la roue ? Aucun Président de la Repubique du Sénégal, de 1960 à 2024, n’a été aphone sur la boucherie du 1er Décembre 1944 à Thiaroye. Ils ont parlé, ils ont écrit. Étaient-ils lu ? Étaient-ils entendu ? Va savoir.

Prof. Mounirou SY
Juriste, essayiste et amoureux de l’histoire.

Respectueusement vôtre

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