«Pourquoi Jammeh veut me tuer»
Il aurait échappé la semaine dernière à Mbour à une tentative d’assassinat perpétrée, selon lui, par des éléments envoyés par le Président gambien Yaya Jammeh. Après avoir reçu des soins à l’hôpital Principal de Dakar, Musa Sarr, un gaillard de 34 ans, ancien membre de la garde rapprochée présidentielle, révèle pourquoi l’homme fort de Banjul voudrait sa tête. « Mon problème avec Yaya Jammeh date de 2006, rembobine-t-il dans un entretien exclusif paru dans Enquête de ce lundi.
Après un coup d’État manqué contre lui, il est devenu totalement paranoïaque. Sa garde rapprochée a fait transférer cinq personnes présumées impliquées, de la prison Miles Two à celle de Jam Jam Bureh, dont mon cousin Mane Lafi Cor.
Le problème c’est que ce transfèrement a servi de prétexte à leur assassinat. La version officielle était celle d’un accident durant le trajet. J’y croyais jusqu’au jour où des militaires qui ont exécuté cet ordre, avec Sanah Manja à leur tête, s’en sont fièrement vantés devant moi, sans avoir que j’étais apparenté à l’une des victimes.
Je disais ça à qui voulait l’entendre dans la caserne, car beaucoup de militaires croyaient aussi qu’ils étaient morts par accident. Là, je suis clairement devenu une menace. Et c’est de là qu’est partie la première tentative d’en finir avec moi qui a eu lieu en 2010. »
Musa Sarr de dérouler le film de ce qu’il assimile à une tentative d’assassinat : « Je conduisais une Jeep avec deux autres personnes à bord quand une puissante lumière m’a ébloui les yeux. J’ai juste entendu un grand boom ! Il paraît que nous avons heurté un gros porteur, en panne sur la route. En tout cas, c’est ce qui a été avancé dans la presse gambienne.
Je sais juste que j’ai été projeté dehors, et quand j’ai vu des hommes en treillis s’affairer autour du véhicule, j’ai tout de suite compris que c’était des soldats payés pour nous achever. Les deux autres occupants ont été tués par la violence du choc.
J’ai couru de Faraba jusqu’à Diouloulou en Casamance. C’était le 7 juillet 2010. Une semaine plus tard, j’étais installé à Guédiawaye. Et puisqu’il fallait trouver du travail, et que je ne suis pas quelqu’un de sédentaire, je me suis rendu au Campement Ngékhokh.
Je travaillais comme manœuvre. C’est nous qui avons même construit l’usine d’eau “’Mana”’. À l’occasion, il m’arrivait de forer des puits aussi. Ils ont envoyé des gens à maintes reprises pour me quérir. Mais les sbires s’arrêtaient à Dakar. Ils ne soupçonnaient même pas que j’étais dans la région de Thiès. » Jusqu’à la semaine dernière et l’accrochage dans un appartement à Mbour.