Politique de jeunesse et d’émigration: La fuite en avant du régime de PASTEF ?

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Le récent communiqué du Secrétariat d’État aux Sénégalais de l’Extérieur, rattaché au Ministère de l’Intégration Africaine et des Affaires Étrangères, met en lumière une réalité préoccupante : la mise en place d’une plateforme numérique pour organiser la migration circulaire des ouvriers agricoles sénégalais vers l’Espagne. Si cette mesure vise officiellement à encadrer et sécuriser l’émigration temporaire, elle soulève néanmoins des questions fondamentales sur la politique de jeunesse du gouvernement de PASTEF.

L’émigration saisonnière : une solution ou un aveu d’échec ?

Face au chômage de masse et à l’émigration irrégulière, l’exécutif semble privilégier une solution à court terme : envoyer les jeunes Sénégalais travailler dans la cueillette des fruits et légumes en Espagne pour une durée de six mois. Mais,  est-ce vraiment, une réponse durable au manque d’emplois ?

Le Sénégal dispose d’énormes potentialités agricoles : des terres fertiles, une abondance de ressources en eau et un climat favorable à l’agriculture. Pourtant, au lieu de créer des emplois agricoles nationaux, le gouvernement semble cautionner un exode temporaire de la jeunesse vers l’étranger. Pourquoi ces jeunes, prêts à aller vendre leur force de travail en Espagne, ne seraient-ils pas capables de produire, eux-mêmes, au Sénégal si l’État leur offrait les moyens nécessaires ?

Des projets de jeunesse constamment relégués aux oubliettes

L’histoire du Sénégal est jalonnée de programmes d’emploi des jeunes qui, malgré de belles promesses, se sont souvent soldés par des échecs :Opération Maitrisards sous Senghor, FNPJ (Fonds National pour la Promotion de la Jeunesse) sous Abdou Diouf, ANPEJ (Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes) sous Wade et Macky Sall.

Toutes ces initiatives, bien que pertinentes sur le papier, ont souffert d’un manque de suivi, de mauvaise gouvernance et parfois, de détournements de fonds. Aujourd’hui, le régime de PASTEF semble lui aussi reprendre des conventions et accords déjà existants, sans véritable innovation, ni vision stratégique adaptée aux défis actuels.

Un pays qui repousse sa jeunesse : un danger pour la souveraineté

L’image d’un Sénégal où la jeunesse se bat pour quitter le pays est désastreuse. Ce phénomène témoigne d’un malaise profond et d’une perte de confiance dans la capacité de l’État à offrir des perspectives d’avenir.

Un gouvernement qui se veut souverainiste ne peut se réjouir de voir ses jeunes préférer l’exil à l’engagement national.

La montée du désespoir parmi la jeunesse pousse certains à des comportements suicidaires en tentant la traversée périlleuse de l’Atlantique. D’autres, moins téméraires, attendent des opportunités d’émigration légale. Ce constat alarmant devrait inciter les autorités à revoir en profondeur leur approche en matière de politiques publiques.

Autre constat : il y a un paradoxe, du reste, frappant : le taux de chômage est,  actuellement, encore beaucoup plus élevé en Europe qu’au Sénégal et en Afrique.

En 2024, le taux de chômage en Espagne a atteint 10,6 %, le plus bas depuis 2008, mais, reste l’un des plus élevés de l’Union européenne, où la moyenne est de 5,9 %.  Au Sénégal, le taux de chômage est estimé à 20,3 % au troisième trimestre 2024, en légère hausse par rapport aux 19,5 % du trimestre précédent.

Par ailleurs, le Sénégal dispose de 3,8 millions d’hectares de terres arables, dont seulement 65 % sont cultivés, et les terres irrigables ne sont utilisées qu’à 30 %.  En comparaison, l’Espagne, avec une superficie totale de 505 990 km², consacre environ 36,6 % de ses terres à l’agriculture.

Pourquoi l’État ne met-il pas en place un véritable plan d’aménagement du territoire et de développement agricole, qui permettrait aux jeunes de travailler sur place, plutôt que de les pousser vers l’exil temporaire ou définitif ?

Vers une refonte des politiques de jeunesse : quelles solutions ?

Plutôt que de miser sur l’émigration comme soupape de décompression, le gouvernement doit initier des réformes structurelles axées sur l’éducation et la formation professionnelle, en lien avec les besoins du marché local, l’entrepreneuriat des jeunes, avec des financements et un accompagnement adaptés et une révolution agricole, permettant aux jeunes de travailler et d’investir dans leur propre pays, l’exploitation rationnelle de nos ressources naturelles, pour créer des emplois industriels et agricoles à forte valeur ajoutée.

Le Sénégal doit devenir un hub de développement endogène, où la jeunesse trouve sa place et son avenir.

Sans cette entreprise de refonte profonde de la politique de jeunesse, toute stratégie ne sera qu’un rafistolage voué à l’échec, un pansement sur une plaie béante.

Il est, donc, temps que les dirigeants cessent de chercher des solutions à l’extérieur et investissent enfin dans le potentiel du Sénégal. Et de son peuple.

En vérité, ce qui s’est passé devant les locaux des centres d’inscription pour un voyage d’illusion en Espagne est une honte pour tous les gouvernants qui se sont succédé à la tête du Sénégal.
De l’indépendance à nos jours.

Par Babou Biram FAYE

1 thought on “Politique de jeunesse et d’émigration: La fuite en avant du régime de PASTEF ?

  1. Que voulez-vous qu’ils fassent vous aussi ? Pour proposer des solutions ou avoir une politique d’emplois pour les jeunes, faudrait-il en avoir les idées et l’ambition. Depuis qu’ils sont arrivés au pouvoir quelle initiative de développement les avez-vous vu poser? De mémoire de sénégalais, gouvernent n’a jamais été aussi nul, aussi limité que celui-ci. Les Sénégalais ne sont pas au bout de leur peine malheureusement.

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