Pétrole : La réplique de Baba Diao à Abdoul Mbaye
Monsieur le Premier Ministre,
Par décret N° 2012-427 du 03 avril 2012, vous avez été nommé, par le Président de la République, Monsieur Macky SALL, Premier Ministre de la République du Sénégal. Ce décret vous confère un titre et impose à tous, même après la cessation de vos fonctions, de vous conserver l’appellation de Premier Ministre. Je me conformerai donc, dans ma présente correspondance, à cette règle et à cet usage.
Dans une lettre en date du 15 août 2016, vous interpellez Monsieur le Président de la République suite aux découvertes récentes d’accumulations d’hydrocarbures (pétrole et gaz), sur des relations qui existeraient entre un membre de sa famille et des sociétés pétrolières intervenant dans l’Amont pétrolier. Vous évoquez également la mise en place, par « un de ses Conseillers personnels » d’un dispositif visant au contrôle, dans l’Aval pétrolier, de la cession future des parts de production revenant à l’Etat du Sénégal par la création, en Suisse, par ce même Conseiller, de la société ITOC Suisse à Genève et d’une banque au Sénégal.
Monsieur le Premier Ministre Mouhammad Boun Abdallah Dionne, a bien voulu, dans une lettre rendue publique en date du 19 Août 2016, vous fournir les réponses appropriées et vous indiquer les textes qui régissent la gestion des ressources nationales, parmi lesquels figure, en bonne place, le code pétrolier. Des précisions ont aussi été apportées sur ce dernier point par Monsieur le Ministre Aly Ngouille Ndiaye, le 19 août 2016.
Monsieur le Premier Ministre,
Vos allusions concernant le frère du Président de la République m’amènent à vous poser la question suivante : le lien de parenté – un frère – doit-il exclure, pour un citoyen sénégalais, le droit d’exercer une activité économique antérieure à l’accession à la magistrature suprême d’un autre frère devenu Président de la République ? Je ne le pense pas.
Si votre réponse est affirmative, alors, vous devez avertir, dès à présent, les hommes politiques et les Hauts fonctionnaires de notre Administration que, dans notre République, aucun membre de leur famille ne doit plus, (parce que ces hommes politiques pourraient, un jour, devenir Président de la République), exercer une activité économique antérieure, qui les mettrait en relation avec des partenaires extérieurs, dans le cadre de l’exploitation future des ressources naturelles du pays.
Dans ce contexte, il ne faut pas oublier que, des sénégalais, juste après leur formation universitaire, ont eu à être nommés dans des structures d’Etat, parfois financières, pour y affûter leurs premières armes, grâce notamment à leurs relations familiales.
Monsieur le Premier Ministre, le Conseiller personnel auquel vous faites allusion n’est pas Conseiller personnel mais Conseiller Spécial de Monsieur le Président de la République : il s’en honore et répond – à l’état-civil – aux prénom et nom de Abdoulaye Diao. Le 25 mars 2012, Monsieur Macky Sall, à la suite d’élections libres et démocratiques, saluées par l’ensemble de la communauté internationale, a été porté à la magistrature suprême.
Elu Président de la République, il a décidé d’inviter des cadres Sénégalais, dont les expériences professionnelles dans plusieurs domaines sont reconnues, pour participer à la conception, à l’élaboration et à la mise en oeuvre de projets économiques et sociaux majeurs devant sous-tendre le développement de notre pays, conformément au programme politique pour lequel il a été élu.
Monsieur le Président de la République, en ce qui me concerne, a bien voulu accepter, en me nommant Conseiller Spécial, qu’il ne me soit accordé aucune forme d’avantages matériels et financiers (salaire, logement, dotation en carburant, véhicule et bureau). Mon cursus universitaire et professionnel permet peut-être de comprendre ma nomination, par Monsieur le Président de la République, comme Conseiller Spécial.
Monsieur le Premier Ministre,
Vous avez été élève du prestigieux Lycée Louis -le -Grand à Paris et vous êtes diplômé de HEC – Paris, entre autres diplômes. Il se trouve que j’ai été, en 1968, élève du même Lycée Louis-le-Grand à Paris ; je suis Ingénieur de l’Ecole Centrale de Lille et Ingénieur de l’Institut Français du Pétrole, en Raffinage et Pétroléochimie (j’ai obtenu parallèlement à mes études d’ingénieur à Lille, une Licence de Sciences Physiques et une Licence de Sciences Economiques)
Nos parcours universitaires ressemblants, mais seulement ressemblants, auraient dû, même dans une quête éperdue de notoriété politique, vous conduire à adopter, vis- à-vis d’un aîné, une attitude plus respectueuse, a fortiori à l’égard de Monsieur le Président de la République. Il aurait été plus facile, pour vous, de vous déplacer et de venir, au plus près de la source d’information – la notion d’aîné n’existe peut-être plus pour vous – ou alors de m’inviter à venir vous rencontrer, pour me poser directement les questions concernant le Groupe ITOC.
Vous n’avez pas adopté ce comportement vis-à-vis de Monsieur le Président de la République malgré tout ce qui vous a lié dans le secret de vos responsabilités à la tête de l’Etat et vous ne le ferez donc jamais pour personne. En effet, il est plutôt inédit, dans notre pays, qu’un Premier Ministre, ayant quitté ses fonctions, adopte une attitude permanente de défiance vis-à-vis du Président de la République qui l’a nommé et se répande, dans la presse et les autres médias, en accusations tendancieuses. La création d’un parti politique, par une autorité de votre niveau, ne saurait justifier de tels actes.
Dois-je, dès lors, comprendre que vos seize mois passés à la Primature vous ont éloigné du monde réel et vous ont placé, depuis lors, dans un état de lévitation? Ces préalables sur la forme étant précisés, j’apporte ci-après les réponses à vos questionnements.
1-La société PETROSEN et les découvertes d’hydrocarbures au Sénégal
PETROSEN- Société Nationale des Pétroles du Sénégal – a été créée en 1981 par l’Etat Sénégalais, Mr Cheikh Hamidou Kane étant Ministre du Développement Industriel et de l’Artisanat, en charge de l’Energie et des Hydrocarbures. Conseiller Technique numéro 1 au cabinet du Ministre, les autorités m’ont confié la mise en place de la société PETROSEN. A ce titre, j’ai eu à définir, avec mon équipe, l’objet social, les domaines d’intervention, le cadre juridique et financier de la nouvelle société, instrument d’application de la politique pétrolière de notre pays.
Il a fallu près de 33 ans, après sa création, avec beaucoup de travail et d’efforts de la part d’ingénieurs (géologues, géophysiciens) de cadres financiers, de cadres juridiques, d’études géologiques, de nombreuses campagnes sismiques, des campagnes de forage, des rédactions du Code pétrolier, pour qu’enfin le bassin sédimentaire sénégalais commence à livrer ses premiers secrets.
Dans votre lettre adressée à Monsieur le Président de la République, vous avez écrit et je vous cite : ‘’ les différents projets survenant fort opportunément et concomitamment dans les secteurs pétrolier et bancaire au moment où le potentiel en hydrocarbures du Sénégal est confirmé ne sont pas parties d’un dispositif visant le contrôle par des intérêts privés de la cession future des parts de production revenant à l’Etat’’. Ce rôle-là est dévolu à la Société Nationale des Pétroles du Sénégal, PETROSEN.
La part de l’Etat dans le cadre des contrats de partage de production (pétrole et gaz) est géré par PETROSEN qui est le signataire des contrats avec les compagnies pétrolières internationales. Le contrôle de la production, les paramètres de commercialisation sur le marché international, les revenus tirés de la vente du pétrole brut, sont définis contractuellement en présence de PETROSEN et leur valorisation dépend du marché international.
Les cadres de PETROSEN qui ont participé durant de longues années à la promotion du bassin sédimentaire sénégalais à travers le monde, ont cru en leur société ; le mérite leur revient et ils n’accepteront jamais que leur entreprise tombe entre des mains de « mafieux » ; leur Etat, leur société – PETROSEN – veillent sur les intérêts du Sénégal.
Monsieur le Premier Ministre,
N’insultez pas leur intelligence car beaucoup de temps s’est écoulé avant que l’on parle de découvertes effectives de pétrole et de gaz au Sénégal.
Monsieur le Premier Ministre,
Pour enrayer vos présentes et futures préoccupations relatives à mon projet de banque et à la création de ITOC Suisse et donc empêcher nos futures éventuelles interventions éventuelles dans l’utilisation des parts de pétrole de l’Etat, et pour veiller à la sécurisation des intérêts de notre pays concernant ses ressources en hydrocarbures, accepteriez-vous, oui ou non, d’être porté à la Présidence et Direction Générale de la société PETROSEN ? Et, dans l’affirmative, je soutiendrais de mon energie votre nomination à cette fonction
Le Groupe ITOC et les autres activités de son fondateur.
La création de ITOC SA remonte à 1986 et son développement se poursuit, y compris à l’international et nul ne saurait nous en contester le droit, surtout pas vous. Je dois à un grand Sénégalais, M. Cheikh Fall, ancien premier Président de la Compagnie multinationale Air Afrique, Ingénieur de l’Ecole Supérieure d’Electricité de Paris (SUPELEC), de m’avoir suggéré, deux ans après mon départ de l’Administration, de mettre en place ma propre société.
J’ai pu également bénéficier des précieux conseils de Monsieur Ousmane Fall, Ingénieur de l’Institut Français du Pétrole et premier sénégalais désigné en 1969, au poste de Président Directeur Général de la SAR (Société Africaine de Raffinage)/ Il a su rendre effectives les premières participations de notre société en 1986 aux appels d’offres de la SAR en compétition avec les Majors pétroliers (Shell, BP, Mobil, Elf) et les sociétés de trading comme Petrobras, Glencore, Phibro, Marc Rich, etc.
Le commerce international du pétrole et des produits dérivés est complexe ; il faut des connaissances solides du fonctionnement du marché et il faut savoir rester en contact avec les acteurs majeurs : c’est un métier extrêmement difficile où la confiance et la transparence absolue sont de règle mais il est noble.
Vous pourrez vous rendre à la SAR et consulter, pour autant qu’elle le veuille et l’autorise, les archives de cette société pour savoir à quelles dates nos premières livraisons de cargaison de pétrole brut, de produits finis ( butane, carburéacteur Jet-A1, gasoil, fuel oil) sont intervenues. Notre société était déjà connue, dès 1986, sur les places de Genève, de Paris et de Londres, dans le milieu pétrolier de par ses activités de trading (achat/vente). Notre premier contrat d’achat de pétrole brut auprès d’un pays producteur – le Nigéria – date de 1990 avec la NNPC (Nigerian National Petroleum Corporation) et portait sur 10 000 barils par jour soit 3 650 000 barils par an.
La NNPC est la société nationale du premier pays producteur de pétrole brut en Afrique, le Nigéria. L’existence de documents qui attestent de l’ancienneté de notre activité dans le négoce du pétrole au plan international, peut être constatée dans les archives de la société ITOC SA
a- Avec le Nigéria
Le contrat NNPC (Nigeria)/ITOC daté du 12/12/1990. La liste des sociétés attributaires de quotas de pétrole brut au Nigéria, dont ITOC SA, datée du 27/06/1993. La liste des qualités de brut disponibles à l’exportation et établie par NNPC (Nigéria) datée du 12/12/1990
b- Avec le Bénin : les contrats d’enlèvement et de commercialisation sur le marché international du brut Sémé
c- Avec l’Iran : les contrats d’enlèvement et de commercialisation sur le marché international de plusieurs qualités de brut extraits du sous-sol iranien.
Nos activités de trading sur le marché international (achat et vente de pétrole brut, achat et vente de produits pétroliers et de gaz butane) datent de la même période (Elf, Glencore, Marc Rich, Vitol, etc)
Monsieur le Premier Ministre,
Nos interventions au Sénégal et dans la sous-région portent essentiellement sur le trading de pétrole et de produits finis (butane, fuel). En ce qui concerne particulièrement le Sénégal, nous avons exécuté plusieurs contrats avec la SAR, la Société Africaine de Raffinage
A ce propos, savez- vous qu’aucune tonne de produits pétroliers n’entre à la raffinerie de Mbao sans le lancement préalable d’un appel d’offres international auquel participent une trentaine de sociétés et que parmi celles-ci, seule ITOC SA est sénégalaise ? La liste des sociétés pétrolières étrangères qui sont invitées à participer aux appels d’offres est disponible à la SAR.
Le dépouillement des appels d’offres est organisé au siège de la SAR, en présence des représentants des sociétés pétrolières internationales venant de l’extérieur, la plupart du temps la veille, pour repartir le jour même ou le lendemain. ITOC SA, seule société sénégalaise, emploie des cadres sénégalais, paie ses impôts au Sénégal et pourtant elle n’a jamais bénéficié d’aucune préférence nationale.
Monsieur le Premier Ministre,
La création de ITOC Suisse, à Genève ne saurait vous surprendre parce que nos activités à l’international nous imposent d’être présents en Suisse où tous nos concurrents ont leur siège ou leurs filiales. Vous ne devez cependant pas ignorer que la Suisse est un pays très regardant sur la législation et la transparence des opérations financières et de nombreux arbitrages internationaux, dans le domaine du pétrole, y sont rendus. Pourquoi des étrangers ont–ils le droit de créer des sociétés dans notre pays et pas l’inverse ?
Le Groupe ITOC intègre au Sénégal ITOC Shipping, société de consignation et de transit qui opère dans le port de Dakar et traite les navires de ITOC SA ainsi que ceux des autres opérateurs (butane, pétrole brut, fuel oil). Notre contribution au développement du trafic global du Port Autonome de Dakar est important (navires de ITOC SA et navires de Oryx Sénégal)
Soyez informé, par ailleurs, que dans un environnement hautement concurrentiel, la société ITOC Suisse a été créée, le 15 mars 2015, à Genève pour gérer le volet financier des importations de pétrole brut et de produits pétroliers, les opérations de couverture (hedge) et la réservation de tonnages.
Monsieur le Premier Ministre,
Comme indiqué, nos parcours, du fait de nos formations dans les grandes écoles françaises, sont ressemblants mais seulement ressemblants. Vous avez évolué essentiellement dans le secteur bancaire : BHS, BIAO, BST, CBAO, entre autres. Ces établissements financiers ont été créés ou par l’Etat ou par des privés nationaux ou étrangers qui vous en ont ensuite confié la gestion. Au demeurant, il est permis, de s’interroger sur les conditions dans lesquelles vous avez souvent quitté ces différentes banques.
J’ai eu un parcours différent.
En effet, en plus de mes activités liées à ITOC SA, je suis également membre fondateur, depuis 1987, d’un Groupe pétrolier international dont j’ai été, de 1987 à 2007, Administrateur et membre du Comité de Surveillance. Durant cette période, j’ai travaillé à la mise en place de la société Oryx Sénégal dont j’ai été le Président durant une vingtaine d’années. Cette société a fortement contribué au renforcement des capacités de stockage de produits pétroliers dans l’enceinte du Port Autonome de Dakar par l’achat et la réhabilitation des anciennes installations de Esso Sénégal au Môle 8 (zone hydrocarbures). Toutes ces informations relatives à mes activités pétrolières nationales et internationales sont à votre disposition, au siège de notre Groupe.
3.Le projet de création de banque au Sénégal
Monsieur le Premier Ministre,
Est-il vrai ou faux que je vous ai proposé, dans votre bureau de Directeur Général de la Banque Sénégalo-Tunisienne sis à l’immeuble KEBE, Avenue Peytavin, il y a une dizaine d’années, un projet commun de création de banque ? Je n’ai jamais obtenu de réponse de votre part et vos récentes déclarations me permettent d’apprécier, sous un jour nouveau, votre silence d’alors.
Mon projet de création de banque au Sénégal est donc très ancien et à l’époque nul ne prédisait la découverte dans notre pays , de gisements de pétrole et de gaz. Vous avez exercé le métier de Banquier durant de longues années et votre position actuelle vis-à-vis d’un projet que je porte – la création d’une banque au Sénégal- est étonnante car c’est à vous qu’il appartenait, compte tenu de votre profil de Banquier et de votre réputation dans le secteur, de conduire actuellement un tel projet pour ce pays.
Vos déclarations sur les liens supposés entre mon projet de banque et les découvertes récentes de pétrole et de gaz, en vue de contrôler les parts de production revenant à l’Etat, sont-elles donc destinées à influencer les institutions chargées de la délivrance des agréments ?
Heureusement que les organes d’accréditation des établissements financiers travaillent dans la rigueur et en toute indépendance et notre dossier de demande d’agrément sera certainement instruit comme c’est l’usage, selon les règles en vigueur dans la zone UMOA. Dans votre lettre d’interpellation de Monsieur le Président de la République, fort curieusement, vous n’avez pas évoqué la question de la SAR. C’est la raison pour laquelle j’ai inscrit ce point dans ma réponse.
4. La SAR (Société Africaine de Raffinage) et les découvertes de pétrole et de gaz au Sénégal
Le devenir de cette entreprise aurait dû vous préoccuper compte tenu de sa place dans l’économie nationale. L’implantation d’une raffinerie de pétrole et son maintien dans un pays découle d’une vision stratégique. Comme vous le savez, la raffinerie de Mbao a été créée depuis 1961 et elle continue de garantir, au Sénégal et à la sous-région, une sécurité en matière d’approvisionnement en produits pétroliers.
Le maintien de son exploitation n’est pas lié aux difficultés cycliques engendrant pertes ou profits mais obéit à une logique de sécurité et de constitution sur le territoire national de stocks. En effet, l’existence de stocks de pétrole brut non financés, dans les réservoirs de la raffinerie, constitue une réserve stratégique. Pourriez-vous répondre, par oui ou par non, Monsieur le Premier Ministre, que vous avez recommandé avec insistance à l’Etat, après votre prise de fonction, la fermeture de la raffinerie de Mbao au motif qu’elle était budgétivore ?
De budgétivore, la SAR est devenue largement excédentaire.
Il vous appartiendra d’édifier les travailleurs de la SAR et les sénégalais sur votre position vis-à-vis de celle-ci. La raffinerie de Mbao n’a pas été transformée en dépôt de produits pétroliers comme vous l’aviez fortement recommandé.
En ma qualité de Conseiller Spécial de Monsieur le Président de la République, je me réjouis d’avoir toujours défendu la thèse opposée à la vôtre ce qui me vaut aujourd’hui peut-être votre courroux. Vous ignoriez probablement, que le choix de disposer d’une raffinerie, dans un pays, est une décision hautement stratégique. La sécurité d’approvisionnement en produits pétroliers est un critère essentiel dans la conception et la définition d’une politique énergétique nationale.
Que serait-il advenu si le Sénégal avait assisté au démantèlement de sa raffinerie et à sa transformation en dépôt pétrolier, pour ensuite constater que le pétrole découvert dans notre sous-sol serait acheminé vers d’autres pays, raffiné et réexporté vers le Sénégal ? La décision relative au maintien de l’outil de raffinage prise par Monsieur le Président de la République a épargné ainsi au Sénégal une telle incohérence.
Monsieur le Premier Ministre,
Auriez-vous des intérêts directs ou indirects dans le secteur de l’approvisionnement et du stockage de gaz butane au Sénégal car cela pourrait expliquer votre acharnement à défendre la thèse de la fermeture de la raffinerie et sa transformation en dépôt pétrolier, valorisant par le fait même, certains dépôts pétroliers.
Votre attitude à l’endroit de notre société, ITOC SA, n’est pas nouvelle.
Déjà, dans votre livre ‘’SERVIR’’ publié juste après votre départ du Gouvernement, vous avez consacré un chapitre à notre Groupe dans lequel vous parlez de nos activités dans le gaz butane au Sénégal. Je n’avais pas jugé utile, à l’époque de sa parution, de répondre à vos allégations. Vos salves répétées sur la société ITOC SA ont conduit plusieurs personnes ou organismes à confondre chiffre d’affaires et bénéfice et à évaluer, de façon rocambolesque, la fortune de son Président.
Monsieur le Premier Ministre,
Faudrait-il penser que depuis votre départ de la Primature vous soyez dans un état qui vous amène à être le nouvel accusateur public, Fouquier -Tinville des temps modernes ? ce nouveau rôle d’accusateur public vous pousse t-il à faire, toutes les semaines, des interpellations ? A cette allure, il est fort à craindre que l’énergie déployée pour vous faire un nom sur l’échiquier politique ne vous propulse jusqu’à atteindre une vitesse dite de libération qui vous mettrait alors hors du système de libération terrestre.
Monsieur le Premier Ministre,
Cette lettre est la première et la dernière que je vous adresse, en mon nom personnel, car des tâches autrement plus urgentes m’attendent, pour ma famille, pour mes amis, pour mes affaires et pour mon pays, le Sénégal.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma considération distinguée
Abdoulaye DIAO
Président du Groupe ITOC