Ousmane Camara, président de Majestee: «Je suis venu pour valoriser le basket sénégalais»

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Basé en France depuis des décennies, Ousmane Camara, est un Sénégalais bon teint et qui s’exprime bien et fièrement en wolof. Trouvé chez lui à Pikine, le président de Majestee Sénégal partage son histoire, la naissance de sa marque, le marché de l’équipementier au Sénégal qui s’agrandit avec le basket, ses relations avec Babacar Guèye et Gorgui Sy Dieng, entre autres projets….

Pouvez-vous revenir sur votre parcours de Pikine à Montpellier ? 
Je suis un digne fils de Pikine pour y être né et y avoir grandi. C’est à mes 16 ans que je suis parti en Europe, plus précisément en France. Quand j’étais enfant, je ne regardais que le football comme tous les Sénégalais en général. C’était presque une obligation parce que tout le monde aimait le football. Mon père a toujours insisté sur les études. Je suis donc parti en sport-études à Aix-en-Provence. À l’époque, on pouvait voyager en alliant les deux ou un truc assez particulier pour pouvoir sortir du pays parce que maintenant quand on est mineur, on ne peut pas aller à l’étranger. J’ai fait six mois à Aix-en-Provence avant d’intégrer le centre de formation de Marseille. Je suis ensuite allé à Montpellier pour continuer ma formation mais aussi mes études jusqu’à l’obtention de mon Baccalauréat. J’avais un bon niveau mais je n’ai pas dépassé ce stade parce que je jouais avec la réserve (D3 à l’époque). Je suis resté et j’ai fait ma vie à Montpellier. Ayant un bon bagage intellectuel, j’ai passé mes diplômes d’entraineur. J’ai eu le premier degré avant de m’arrêter au deuxième pour entrer dans l’entreprenariat sportif. C’était mon domaine parce que j’avais pas mal de contacts, débouchés et de connaissance. J’ai commencé à faire quelques réalisations au niveau professionnel tout en restant à Montpellier comme que j’avais mes diplômes d’entraineur. J’ai entrainé les U13, les U15 et les U17. Je suis allé jusqu’à l’antichambre de l’équipe première (la réserve). J’ai travaillé avec feu Mama Ouattara et Michel Der Zakarian. Ce dernier avait rejoint le club à la fin de sa carrière. À ce moment-là, il y avait feu Mama Ouattara, ancien international ivoirien, s’occupait de la réserve avec Fleury Di Nallo. Quand Der Zakarian a pris la réserve, j’étais là-bas et j’ai côtoyé cette génération de joueurs de Montpellier qui sont devenus après des entraineurs.
Comment est née la marque Majestee ?
Étant à Montpellier depuis mes 16 ans et où je maitrisais les rouages du sport et de la ville parce qu’en même temps j’ai quelques activités extra-sportives puisqu’étant le président de l’Association des ressortissants sénégalais du sud de la France. Je collabore avec la ville, la Métropole de Montpellier et la région Occitanie sur tout ce qui est coopération décentralisée. C’est pourquoi parfois, je viens au Sénégal avec des voyages sur Rufisque et Bargny pour les cantines scolaires, à Fatick sur la récupération et le traitement des eaux usées. J’y participe. De fil en aiguille j’ai été sollicité par un jeune marocain qui s’appelle Samir Marouani qui est devenu mon associé en France. C’est lui qui a créé la marque. Majestee est un aigle en fait. Certains disent Majestee parce qu’on a deux traits de chaque côté et sur les côtés qui symbolisent l’aigle. C’est venu comme ça parce qu’il m’a sollicité au début et je l’ai mis en contact avec beaucoup de clubs de football, de handball, du rugby et autres. On est dans tout. Samir m’a ensuite poussé à prospecter hors de Montpellier et dans les autres régions. Il m’a beaucoup sollicité et je l’ai finalement rejoint dans son affaire. Tout naturellement le Sénégal est mon pays. Sachant que j’ai des contacts et des connaissances ici, on a commencé à prospecter et avoir des sollicitations.

Peut-on en savoir un peu plus sur votre partenariat avec la Fédération sénégalaise de basket ? 
Des contacts ont eu lieu par le biais de plusieurs personnes que je ne peux ne pas remercier. Quelqu’un comme Amadou Kane (Ndlr : président de l’ONCAV) je le connais depuis tout petit parce que c’est un ami de mon grand frère. Il m’a beaucoup aidé et soutenu, surtout quand c’était dur. Il a toujours été à mes côtés et m’a mis en rapport avec plusieurs personnes. C’est lui qui m’a mis en rapport avec le Comité National Olympique Sportif et Sénégalais (CNOSS) où j’ai connu Seydina Diagne et Ibrahima Wade qui sont mes grands à qui je voue un grand respect. J’ai eu beaucoup de refus. Mais quand il y a eu des besoins pour que j’amène de la bonne qualité dont ils ont besoin, ils ont eu ce qu’ils voulaient. Ils m’ont ouvert des portes. Aujourd’hui, je travaille le Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) mais aussi avec le ministère des Sports. On a fait deux Jeux Africains, les Jeux de la Francophonie, les Jeux Africains de plage et récemment les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024. Je travaille également avec le taekwondo et la pétanque. J’habillais également au tout début l’équipe nationale de football des sourds-muets quand ils allaient à la Coupe du monde. Ce sont mes chouchous parce qu’ils ont besoin d’aide. Le partenariat avec Pikine est venu naturellement parce que c’est là où j’habite quand je suis au Sénégal. Celui avec la Fédération sénégalaise de basketball est aussi naturel. J’ai vécu pendant longtemps en Europe où j’ai eu beaucoup de contacts dans le domaine du sport. Je suis ami avec Babacar Guèye, ancien international, qui a joué à Metz, en Chine et en Allemagne et qui est devenu mon associé. Je l’ai forcé à adhérer au projet. On est entré dans le basket parce que Gorgui Sy Dieng est un ami et il n’est plus à présenter. Tout le monde sait ce qu’il a réalisé au Sénégal dans le domaine sportif et extra-sportif. C’est quelqu’un qui participe à l’essor du développement du Sénégal parce que c’est un entrepreneur et il réalise beaucoup de choses. C’est ainsi que j’ai discuté avec lui pour lui faire savoir que j’ai déposé mon dossier à la Fédération avec des échantillons. Dieu a fait qu’il y a eu cette fenêtre des éliminatoires. J’ai rencontré le président (Ndlr : Me Babacar Ndiaye) et il m’a dit qu’il y avait une possibilité. On s’est mis autour d’une table plusieurs fois et j’ai amené des échantillons qu’on a corrigés. Les designs ont été confectionnés par des fils du Sénégal. C’était en quelque sorte du consommé local et ça a été validé. On a tout réalisé en une semaine. C’était très difficile mais on a vu le résultat. On rend grâce à Dieu parce qu’on a eu trois victoires. Les joueurs ont très bien apprécié de même que le public. Mais on continue quand même de discuter avec le président pour voir comment on peut avancer pour la suite.
Que prépare Majestee pour la fenêtre de février et la durée du contrat avec la FSBB ?
On a commencé à y travailler avec des designers. On a échangé avec le président et les personnes intéressées sur une convention de deux ans. Ça passe très vite. Peut-être qu’il y a deux ou trois fenêtres garçons et filles pour pouvoir travailler. On a amené des bagages. Je pense que les gens ont été convaincus de la qualité. Je vais laisser le président parler, parce que c’est l’autorité principale. On est prêt à enchaîner et continuer le travail. On entend le président pour l’instant mais c’est en bonne voie.

Qu’est-ce que vous offrez en dehors des équipements sachant que le basket a déjà collaboré Nike et Adidas ? 
Nike et Adidas ne sont pas des Sénégalais. Moi j’en suis un. Je connais les réalités de notre pays. Je produis les mêmes qualités qu’eux. Beaucoup de personnes peuvent en témoigner. Je pense même que je produis une meilleure qualité dans certains domaines. Ça fait trois ans qu’on fait le Grand Prix de Monaco et le Rallye de Monte-Carlo. C’est une vitrine. Personne ne peut avoir une boutique à Monaco et ne pas y vendre de la qualité. Ce sont les mêmes produits qu’on utilise ici. Quand on est parti aux Jeux Olympiques, certaines autorités ont été surprises par la qualité de nos produits. Il y a eu des Australiens et des Anglais qui échangeaient des articles avec les Sénégalais. Aujourd’hui, on veut mettre en place un deal gagnant-gagnant. On n’a jamais eu une boutique de l’équipe de basket au Sénégal. On va mettre cela en place et où on trouvera tout ce qu’on voudra par rapport aux maillots et produits dérivés. Il y aura aussi une vente en ligne sur le site. On pourra vendre en France, en Allemagne ou encore aux Etats-Unis où il y a beaucoup de demandes. On est venu pour valoriser le basket. 
Aujourd’hui, on n’a pas 100 ou 200 millions à donner d’euros. Mais, on ne peut pas venir avec les mains vides comme ça. Les autres les avaient apportés quelque chose. En dehors des équipements, tout est gratuit pour toutes les équipes nationales. C’est de mettre en place cette boutique et d’appuyer les petites structures, les clubs qui n’ont pas de moyens. On a commencé par exemple avec Mbour, ASFO et Pikine BC. On est en train de discuter avec d’autres pour voir comment les appuyer en termes d’équipements, certains en matériel, d’autres financièrement aussi pour leur affiliation et autres. Je suis en train de discuter avec les gars parce qu’ici c’est difficile pour le basket avec les frais et autres. Donc il y a cette partie-là qui est le document avec le président. Et puis aussi accompagner l’équipe nationale. Je me suis proposé au président de parler peut-être sur une fenêtre puisque je suis à Montpellier. Je m’occupe de tout ce qui est autour du sport et politique (Ndlr : Il est le président des Sénégalais de l’Hérault et du Sud de la France).  
Personnellement, je peux m’occuper de l’équipe nationale pour une fenêtre d’une semaine pour leur logement et entraînement.  Je sais que tout le monde s’est dit que la semaine passée avec les difficultés rencontrées, c’est normal. Il peut y avoir des cafouillages mais le président fait beaucoup de choses pour le basket. On sait qu’il y a un homme comme Gorgui Sy Dieng sur ce qu’il fait pour le basket. Donc,  il faut qu’on apporte notre pierre à l’édifice. Je ne suis pas là pour gagner de l’argent, pour m’enrichir. Je ne rêve pas. Tout ça doit être autour d’un paquet où tout le monde va s’y retrouver, de même que les acteurs, l’équipe et les académies. De toute manière, d’ici 10 ou 15 jours, on va l’officialiser. 
C’est quoi le projet entre Babacar Guèye, Gorgui Sy Dieng et vous ? 

Babacar Guèye et Gorgui Sy Dieng sont des stars et fils du pays. Ils ont tout réalisé au niveau sportif. Beaucoup ne savent ce qu’ils font derrière aussi bien dans le social que dans l’économie. Ils participent à l’essor économique de ce pays. Ils investissent, ils embauchent, ils créent des emplois. Mais ils ne vont jamais le dire parce qu’ils sont assez discrets. C’est moi qui les force parfois à parler.  Quand on a échangé nous trois, on avait le même caractère. On aime le Sénégal, notre pays.  Donc, on a décidé d’investir dans le basket, le football afin de créer quelque chose qui va permettre aux jeunes de s’y retrouver. J’ai beaucoup insisté pour qu’ils me rejoignent même si je pouvais faire cavalier seul car j’avais commencé seul. Mais nous avons le même caractère. J’ai insisté pour qu’ils me rejoignent pour que nous fassions quelque chose de grand afin de créer beaucoup d’emplois. Ils pourront aussi, grâce à leurs partenaires, mettre en place cette structure pour qu’ils puissent faire de la formation professionnelle. C’est là où je vais interpeller ceux qui peuvent nous aider. Que ce soit le président de la République, le Premier ministre ou Mme la ministre des Sports. Tout le monde peut faire du sport. On est prêt à faire ce qu’on peut pour mettre en place des structures liées au sport.

Qu’envisagez-vous de faire concrètement ?

Notre problème au Sénégal, c’est l’entretien. Aujourd’hui, on a de superbes infrastructures. Quand on va à l’Aréna, à Diamniadio, le stade Léopold Sédar Senghor qu’on rénove. On doit faire ce qu’on peut pour qu’on puisse les entretenir. Cela peut être des activités ou une formation professionnelle liée aux métiers du sport. Ce que vous faites, c’est votre métier. Donc, entretien, stade, passé diplôme d’entraîneur, kinésithérapeute, ostéopathe. Il y a tellement de métiers liés au sport. On a une jeunesse sénégalaise magnifique, dynamique et belle. Il faut qu’elle se prépare. Il faut qu’on leur donne les atouts pour qu’ils puissent s’en sortir. Quand on parle de l’actualité au Sénégal, en Afrique, on ne parle que d’immigration. On ne parle que des bateaux. Avant, on parlait de l’Italie, maintenant on ne parle que de l’immigration au Sénégal. Et ce n’est pas normal, il faut faire quelque chose. Tout le monde doit s’y mettre. Si Ousmane Camara ou une autre personne fait quelque chose, on doit le soutenir plutôt que de mettre le bâton dans les roues. Si on ne fait rien, on n’aura pas d’assurance. Pourquoi partir? Il faut se dire la vérité, je ne peux dire combien de temps j’ai passé en Europe, mais c’est difficile. L’Europe est compliquée. Au Sénégal, tu vas à la maison de ton voisin pour boire, manger et te mettre une cigarette. En Europe, il n’y a pas cette solidarité. On doit préserver cette paix. C’est pourquoi on doit s’entraider. C’est pourquoi je veux qu’on revienne. Je le ferai, personnellement, sur la coopération décentralisée. Quand j’ai des structures qui veulent venir au Sénégal pour investir ou qu’ils viennent dans un cadre différent, je leur dis qu’ils peuvent venir car il y a de belles choses à faire au Sénégal. On doit faciliter les choses au Sénégal pour qu’ils viennent se rencontrer.
Mor Bassine NIANG avec record.sn

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