OCI – Cheikh Tidiane GADIO: «Le Comiac a une mission historique extraordinaire»
La presse est attendue dans le renforcement des relations entre les pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (Oci). Attendue, pour être à la fois un outil de jonction des cinquante-sept Etats membres mais aussi, instrument de défense de l’Islam et de ses valeurs. Le Comité permanent pour l’information et les affaires culturelles (Comiac) de l’Oci a posé le débat.
«A l’heure actuelle, les modes de domination passeront de moins en moins par les armes. Ils passeront par la presse, les médias, le façonnage des consciences.» Le constat est de Mactar Sylla, un nom qui est synonyme d’expertise et d’expérience, dans le paysage médiatique sénégalais. Et au-delà, M. Sylla ne fait pas que constater : il relève l’urgence qu’il y a de s’approprier son narratif, dans un contexte mondial où les influences se distillent via les canaux médiatiques. Cette question de la souveraineté narrative est un véritable défi. «Un défi, dit-il, de contenu et un défi que nous avons vis-à-vis de notre jeunesse, que nous avons vis-à-vis de nos publics et pour que la presse puisse prendre sa place dans le développement de nos Nations.» Il parlait ainsi des 57 Etats membres de l’Organisation de la coopération islamique (Oci), et en marge de la rencontre tenue ce 13 mars au Centre culturel Douta Seck. Rencontre co-organisée par Comité permanent pour l’information et les affaires culturelles (Comiac) de l’Oci et l’Union de la presse francophone (Upf). Rencontre ayant pour thème la place et le rôle de la presse dans le renforcement des relations entre les pays membres de l’Oci.
Et ainsi le choix du thème se justifie-t-il : «Nous avons constaté que notre religion qui est l’Islam est heurtée dans tous les domaines.» L’essence de l’Oci étant la lutte contre l’islamophobie, «devant cette situation, il fallait se poser la question de savoir comment faire pour faire face à cette islamophobie, à cet état qui fait aujourd’hui que notre belle religion est torturée. Il fallait donc prendre cette belle décision d’impliquer la presse. La presse est importante devant ces défis de l’Oci».
M. Oumar Seck, directeur du Comiac, rejoint par cette justification M. Sylla, quant à la nécessité, pour les Etats membres de l’Oci, de prendre en charge le récit la concernant. Seulement, le simple vœu ne saurait suffire : pour mener à bien ce rôle, la presse au sein des 57 Etats que compte l’Oci doit être renforcée, équipée et accompagnée. «Le Comiac travaille dans ce sens-là»… assurance de son directeur. Qui d’ailleurs annonce que dans cette veine, «le président de la République, son Excellence M. Macky Sall, qui est président du Comiac, a pris l’heureuse initiative d’instituer un prix international de l’Oci pour les médias», avec pour visée de récompenser ceux qui s’illustrent dans la promotion des valeurs de l’Islam.
Le Comiac fait partie des quatre comités qui doivent traduire en actes toutes les décisions prises par les sommets des chefs d’Etat et souverains de l’Organisation de la coopération islamique. Et, en cela, il a «une mission historique extraordinaire», pour reprendre le conférencier du jour, M. Cheikh Tidiane Gadio. De la nécessité de redorer l’image de l’Islam ternie par le terrorisme à celle de repenser le mécanisme de solidarité interne au sein de l’Oci en passant par la question du renforcement de la presse, de sa liberté et de la protection des journalistes, l’ancien ministre des Affaires étrangères a pointé autant de problèmes qui plombent l’Oci.
Et, par ricochet, le Comiac. Et voilà que son exposé présente l’Oci comme une communauté «qui a un énorme potentiel, malheureusement pas encore exploité». Mais, le tableau de Gadio n’a pas été émaillé que de couleurs sombres. Dans sa palette d’analyste, existent des couleurs qui laissent augurer d’un avenir plus radieux. Ce, notamment avec des solutions endogènes de solidarité. On pourrait, par exemple, «décider que 1% du Pib des pays riches de l’organisation serait dévoué à l’éducation, à la santé, à l’agriculture, aux infrastructures dans les pays moins avancés de l’organisation en termes de solidarité concrète». En lieu et place d’aller «demander aux Occidentaux, qui ne sont pas des pays membres de l’Oci ou qui ne sont pas des musulmans, de donner 0,7% de leur Pib pour le développement de certains pays africains et asiatiques». M. Gadio souligne en effet que cela est possible, d’autant plus que l’Oci compte dans ses rangs des membres comme le Royaume d’Arabie Saoudite qui a dépassé en 2022 le mille milliards de dollars de Pib rejoignant ainsi le club des pays les plus riches du monde. Dans cette perspective du mécanisme de solidarité endogène, le Koweït, le Qatar, la Malaisie et Dubaï seront cités…