Macky Sall appelle ses pairs à «utiliser ce rapport pour garantir que les paiements numériques soient au centre d’une reprise durable et équitable.

Par Dialigué FAYE – Au Sénégal, la digitalisation des salaires est encore à l’état de balbutiement. Cela, malgré les solutions de paiement numérique des salaires, comme les virements bancaires ou le mobile money, qui sont principalement déployées aujourd’hui, auprès des grandes entreprises sénégalaises et des entreprises à la maturité digitale avancée. En effet, «7% des salaires seulement sont payés par voie électronique au Sénégal en 2018», d’après un rapport sur «Numérisation du paiement des travailleurs pour la relance économique et le travail décent– Exemple du Sénégal» publié aujourd’hui, par Better Than Cash Alliance, la Banque mondiale et l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd).
Les auteurs rappellent «que pour les entreprises ayant franchi le pas de la digitalisation, elles ont effectivement atteint leurs objectifs de transparence et de sécurité, et reconnaissent également avoir gagné en productivité et optimisé leurs coûts opérationnels. Les travailleurs attestent aussi avoir bénéficié de cette transition. Elle a eu un impact direct sur l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail». Quid des avantages de la digitalisation ? Le rapport souligne que «les bénéfices évoqués portent sur les gains de temps, de confort et de sécurité, mais aussi sur un nouvel accès à des moyens de paiement formels, jusque-là inaccessibles compte tenu de leur statut social. Pilier de l’expansion de l’écosystème numérique des paiements, la digitalisation des rémunérations des travailleurs s’avère être un vecteur d’inclusion, de bien-être des travailleurs et de productivité pour les entreprises». A en croire Better Than Cash Alliance, la Banque mondiale et l’Ansd, «numériser 50% des paiements des travailleurs du privé protègerait les plus précaires d’entre eux et injecterait 45 milliards de francs Cfa additionnels (84 millions Usd) à l’économie sénégalaise par an».
Pour eux, «il est donc primordial d’accompagner son développement de manière responsable et inclusive».
«L’entreprise n’est qu’un vecteur», selon le Secrétaire général de la Compagnie sucrière sénégalaise, cité dans le document.
En effet, le succès du service de numérisation des salaires repose sur la satisfaction de deux principaux protagonistes : l’entreprise et le travailleur. Cette étude a permis de mettre en lumière les attentes de ces deux cibles grâce à la contribution des entreprises privées et travailleurs interviewés et des fournisseurs de services. Par cette analyse, émergent également des niches d’opportunités et les défis à relever pour développer et accélérer la numérisation responsable des salaires au Sénégal.
Dans leurs avant-propos, le Président Macky Sall et la Reine Máxima des Pays-Bas, en qualité de Mandataire spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour la promotion de services financiers accessibles à tous qui favorisent le développement (Unsgsa), ont lancé un appel à leurs pairs, au secteur privé et la Société civile en les invitant à «utiliser ce rapport pour garantir que les paiements numériques soient au centre d’une reprise durable et équitable». «Notre engagement reste entier pour agir ensemble à l’avancement de l’agenda pour une reprise inclusive», ont ajouté les deux leaders cités dans le rapport.
Afin de montrer l’exemple, en fin 2020 rappelle-t-on, «le Président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, avait lui aussi décrété la numérisation des paiements des travailleurs de l’Administration burkinabè. Dès l’apparition de la crise du Covid-19 dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), la Bceao avait réagi  avec des décisions visant à réduire la circulation du cash dans les 8 pays. Ces actions ont eu des impacts concrets qui commencent à changer la vie des entreprises et des travailleurs

Le Quotidien avec Pialigue@lequotidien.sn