Moussa Baldé, ministre de l’Agriculture : «Nous visons une production céréalière de 3,4 millions de tonnes»

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Cette année, le Gouvernement a considérablement augmenté l’enveloppe dédiée à la campagne agricole et renforcé les mesures d’accompagnement avec un objectif clair : augmenter de 23 % la production céréalière par rapport à l’année dernière, pour la porter à 3,4 millions de tonnes. La même ambition d’amélioration des rendements concerne les autres spéculations. Dans cet entretien, le ministre de l’Agriculture et de l’Équipement, Moussa Baldé, revient avec force détails sur la nouvelle stratégie adoptée par le Gouvernement dans un contexte de pandémie de la Covid-19.

Monsieur le ministre, comment se déroulent les préparatifs de la campagne agricole ?

Les préparatifs de la campagne agricole 2020/2021 se déroulent bien pour le moment. Les dispositions ont été prises. Le document du programme agricole 2020-2021 a été validé pour un coût de 60 milliards de FCfa, soit une augmentation du budget de 20 milliards de FCfa par rapport à l’année dernière. La lettre circulaire n° 00359 Maer/Da du 14 avril 2020 relative à la mise en place des Commissions de cession des intrants agricoles a été signée et transmise aux autorités administratives. La lettre circulaire n° 00543 Maer/Da du 20 avril 2020 fixant les prix de cession des intrants a été signée et vulgarisée. Les notifications des fournisseurs de semences certifiées (arachide, sorgho, maïs, sésame, niébé) sont faites. Les notifications des fournisseurs de manioc et des fournisseurs d’engrais sont également faites. Les semences écrémées de niébé et d’arachide ont été aussi notifiées. Les plannings de mise à disposition sont faits pour les semences certifiées d’arachide, de maïs, de sorgho, de sésame et remis aux opérateurs. Les plannings de mise à disposition d’engrais sont en cours de transmission aux fournisseurs. Pour la zone sud (régions de Kolda, Kédougou, Sédhiou et Ziguinchor), les mises en place se sont terminées le 20 mai et les cessions le seront le 30 mai. Pour le reste du pays, les mises en place seront terminées le 31 mai et les cessions le 10 juin 2020.

Y a-t-il une disposition particulière ou innovation par rapport à la campagne agricole passée ?

Dans le cadre de la mise en œuvre du programme de souveraineté alimentaire lancé par le Chef de l’État, certaines mesures importantes ont été déjà prises par mon département. Il s’agit de la subvention à 100 % des semences de riz et de l’augmentation des quantités de semences de mil et de maïs pour cette campagne. Ces mesures devraient permettre de porter les productions de céréales à 3,4 millions de tonnes, soit une hausse de 23 %. Pour améliorer les rendements durant cette campagne, l’autre mesure importante prise est l’augmentation des quantités d’engrais portée à 150 000 tonnes cette année. L’État a maintenu le prix de cession des semences d’arachide malgré la flambée des prix d’achat notée, cette année, durant la campagne de commercialisation. Cette mesure permet de renforcer la résilience des producteurs face aux effets néfastes de la Covid-19.

Le programme agricole 2020-2021 sera couvert par un budget de 60 milliards de FCfa. Comment se fera la répartition de cette enveloppe ?

Les objectifs de production ont été fixés en tenant compte d’un contexte national et international marqué par la Covid-19, et de ceux déclinés dans la lettre de politique de développement sectoriel et des orientations stratégiques du ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural. En plus de la contribution sur ressources internes de l’État, la fixation de ces objectifs tient compte de la contribution des projets et programmes appuyés par les Partenaires techniques et financiers (Ptf). Ces objectifs se présentent comme indiqués ci-après : 3,4 millions de tonnes de céréales, soit une hausse de 23 %, dont 1,5 million de tonnes de riz, 950 000 tonnes de mil, 630 000 tonnes de maïs, 1,5 million de tonnes d’arachide, 25 000 tonnes de coton et 3,3 millions de tonnes d’espèces diverses (manioc, pastèque et niébé). Le programme agricole 2020-2021 sera couvert par un budget de 60 milliards de FCfa répartis comme suit : 23,5 milliards de FCfa pour les engrais, 15 milliards de FCfa pour les semences d’arachide, 12,5 milliards de FCfa pour les espèces diverses (riz, niébé, maïs, sorgho, sésame, fonio, pastèque et manioc), trois milliards de FCfa pour les semences de pomme de terre, 900 millions de FCfa pour le soutien au prix aux producteurs pour la filière coton, trois milliards de FCfa pour le programme d’équipement du monde rural en vue de l’acquisition de matériels de culture attelée pour les exploitations familiales, un milliard de FCfa pour le programme spécial de relance de la filière banane, 100 millions de FCfa pour le programme micro-jardins, un milliard de FCfa au titre de la protection phytosanitaire. Il convient de préciser que pour les engrais, il est prévu de mettre 150 000 tonnes, toutes formules confondues, à la disposition des producteurs cette année ; ce qui se traduit par une hausse de 50 % par rapport à la dotation de l’année dernière. Dans le même élan, pour faciliter l’accès des producteurs à cet important intrant que constitue l’engrais, la subvention a également augmenté de 5 %. Les quantités de semences de riz vont aussi augmenter pour passer de 7000 tonnes à 10 000 tonnes cette année, avec toujours une subvention de 100 %. Il en est de même pour le niébé (qui passe de 11 500 à 15 000 tonnes cette année), le maïs (de 1750 à 3 000 tonnes) et le manioc (de 13 000 ha à 20 000 ha). Par contre, même si le budget alloué à l’acquisition de semences d’arachide a connu une hausse, le quota tournera autour de 72 000 tonnes, comme l’année dernière. En effet, les ressources additionnelles serviront à revaloriser les prix aux fournisseurs (+40 à 70 FCfa/kg) pour compenser le renchérissement des prix de collecte et à augmenter la subvention (+10 %) pour maintenir les prix de cession aux producteurs aux mêmes niveaux que l’année dernière.

Quelles sont les mesures prises pour composer avec la Covid-19 ?

La situation économique et sanitaire mondiale n’augure aucune certitude quant au commerce futur des céréales. Conscient de cela, le Sénégal compte anticiper en poursuivant et en intensifiant les efforts en cours pour assurer la sécurité alimentaire à partir de la fin de l’hivernage 2020. Depuis le début de la crise sanitaire, vous avez tous entendu le Président de la République, Macky Sall, qui insistait sur la nécessité de faire en sorte que le Programme national d’autosuffisance en riz (Pnar) atteigne ses objectifs, dont le principal est d’assurer la sécurité alimentaire. Un effort particulier est, dans cette perspective, envisagé en faveur d’un certain nombre de spéculations : le riz, le mil, le niébé et le maïs. Pour cette présente campagne 2020 fortement marquée par la propagation de la Covid-19, le Gouvernement a décidé de faciliter l’acquisition d’intrants et de matériels agricoles en soutien et accompagnement aux petites exploitations agricoles. Ces mesures visent à assurer une sécurité alimentaire sans être contraint de dépendre du marché international de céréales. La dynamique enclenchée pour le développement des autres spéculations sera maintenue et renforcée.

Entretien réalisé par : Elhadji Ibrahima THIAM (lesoleil.sn)

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