MORT PAR ASPHYXIE DE 5 FRÈRES À L’UNITÉ 17 DES P.A : Un destin tragique
Les catastrophes continuent de s’abattre sur le Sénégal. Après l’incendie du Daaka (Madina Gounass) et le chavirement tragique d’une pirogue à Bettenty (Foundiougne), une autre tragédie vient de se produire. Il s’agit de la mort par asphyxie de 5 frères (4 filles et un garçon), âgés entre 5 ans et 17 ans. Le drame a eu lieu hier matin à l’Unité 17 des Parcelles Assainies (Dakar).
Astou, Fama, Maman Nabou, Bébé Ndèye et Gorgui Diaz. Ces 5 prénoms sont tristement célèbres depuis hier. Issus d’un même père et d’une même mère, ces derniers, tous des mineurs, sont à jamais partis, morts par asphyxie.
Une espèce de bougie, allumée dans la chambre connexe où était leur grand-père, aurait provoqué cet incendie. Les enfants n’ont pas été brûlés. Ils ont respiré la fumée et c’est ce qui a provoqué leur mort. Telle une traînée de poudre, la nouvelle s’est très vite propagée dans le pays.
La maison des « Diaz » est prise d’assaut par les voisins et les curieux. A notre arrivée sur les lieux du drame, les 5 corps des enfants ont été déjà acheminés à l’hôpital par les éléments des sapeurs- pompiers qui sont arrivés un peu tard. Une foule nombreuse s’est amassée devant la demeure des victimes. Les camarades de classe des enfants disparus étaient nombreux sur place et, certains parmi eux étaient inconsolables.
A l’image de Rokhaya Sall, présentée comme la meilleure amie d’Astou, l’aînée des 5 frères disparus. Les yeux larmoyants, elle était loin de se douter que son amie la quitterait de sitôt. A la fleur de l’âge. «Je n’en reviens toujours pas. Nous sommes tout le temps ensemble. Malgré les difficultés de sa famille, Astou était très studieuse et ambitieuse. Tout ce qu’elle voulait, c’est d’obtenir son Bac, trouver un travail pour aider ses parents à sortir de la misère», a témoigné l’élève en classe de première qui, chagrinée, n’a pas pu terminer ses propos.
Rokhaya fond en larmes et contamine ses camarades qui suivaient son témoignage. La tristesse est au summum.
Les heures passent, la foule devient de plus en plus nombreuse. Le quartier est envahi. On dirait que toute la population des Parcelles Assainies s’est rassemblée sur les lieux pour s’enquérir de cette tragique nouvelle. Cependant, tout le monde n’a pas accès dans la maison mortuaire, où les autorités locales, les journalistes et quelques proches parents des victimes sont tout de même autorisés à y fouler pied.
Peinte aux couleurs beige et marron, la maison des «Diaz» est en état de délabrement avancé. Les murs lézardés sont décorés par les photos des chefs religieux de la confrérie Tidiane. La toiture en ardoise, dépareillée par des poteaux en bois, est jointe et vissée. Sur le sol, jonchement des ustensiles de cuisine éparpillés çà et là, des vêtements mouillés, des sceaux, entre autres objets. Les deux premières chambres sont closes. Aucune fenêtre n’est visible dans la chambre où les enfants se trouvaient. C’est une toute petite pièce sans aucune aération.
En effet, l’incendie s’est produit sans la présence de la mère des enfants, en l’occurrence Ndoumbé.
Cette dernière était, tôt le matin, partie chercher un extrait de naissance pour l’un des enfants. hélas, elle ne retrouvera plus ses mômes vivants. En un jour, toute sa famille a été décimée.
Le grand-père des enfants, un ivrogne, serait à l’origine de l’incendie
Mansour, grand-père des enfants, est indexé comme étant l’auteur de l’incendie qui a provoqué la mort des 5 bouts de bois de Dieu. Celui-ci, décrit comme un fou doublé d’un ivrogne, aurait allumé une bougie dans sa chambre qui a pris feu. Au lieu d’éteindre l’ignition afin qu’elle ne se propage pas, il a quitté la maison pour aller prendre sa bouteille de bière dans un bar jouxtant la maison.
«Les enfants étaient dans les bras de Morphée quand le feu s’est déclenché. La chambre était hermétiquement fermée. Ils n’ont pas réussi à l’ouvrir. L’aînée a essayé de joindre par téléphone sa tante, mais cette dernière n’avait pas vu les appels. 15 appels en absence sont affichés sur le portable de sa tante qui les a vus tardivement», a expliqué un membre de la famille qui dit ne pas réaliser jusqu’à présent le malheur qui vient de les frapper.
Ousmane Karbala, père des enfants, en détention provisoire depuis 5 ans
Ousmane Diaz plus connu sous le nom d’Ousmane Karbala est le père des victimes. Il est en détention provisoire à la prison de Thiès depuis 5 ans. Arrêté pour trafic de drogue, il attend toujours son jugement. Ce lundi, il a été attrait devant le prétoire, mais son procès a été finalement renvoyé
jusqu’au mois de juin. Il n’a pas vu et ne verra plus jamais son dernier enfant qui est né quelques mois après son arrestation.
Malgré ses déboires avec Dame justice, Ousmane rêvait toujours de rencontrer sa famille, surtout ses enfants qui grandissaient sans lui. « J’ai entendu que mes enfants sont devenus de grande filles maintenant. J’ai hâte de les retrouver et de les donner en mariage car, elles en ont l’âge maintenant », confiait-il à l’un de ses amis de cellule qui a été libéré.
Aujourd’hui que ses 5 enfants ont disparu, la population en profite pour demander sa libération afin qu’il puisse faire leur deuil. « Nous demandons aux autorités judiciaires de ce pays de lui accorder une liberté provisoire afin de lui permettre d’assister à l’enterrement de ses enfants. Il est en prison depuis 5 ans et il n’a toujours pas été jugé. Le malheur vient de s’abattre encore sur lui. Il ne doit pas être tranquille là où il se trouve.
De grâce, nous demandons sa libération afin qu’il assiste aux obsèques de ses enfants », a sollicité Khadim Diabay. Qui, dans le même sillage, a dénoncé la prolifération des bars clandestins dans leur quartier et l’insécurité qui y prévaut : « des bars sont même construits en face des écoles et des mosquées ». Il demande, sur ces entrefaites, au ministre de l’Intérieur de leur venir en aide pour régenter tout cela.
«Les filles étaient sans problème», témoigne le Directeur d’Ecole
A l’Ecole 17 des Parcelles Assainies où deux des filles étudiaient, les classes sont désertes à cause de la catastrophe qui s’est abattue sur la famille des «Diaz». Elèves, maîtresses, maîtres et directeur ont abandonné les salles pour aller compatir avec la famille éplorée. Malick Dramé est le Directeur de l’Ecole. Il connaissait les deux filles qui s’étaient inscrites dans son établissement. Ces dernières, selon lui, «étaient travailleuses et sans problème, des enfants très sages».
Il ajoute : «C’est un événement malheureux. Je suis complètement effondré par cette tragédie. Le fait de les voir partir de cette manière, c’est quelque chose de déplorable».
Dakaractu