Message de Amadou Makhtar MBOW: «J’exhorte la jeunesse africaine..à ne pas déserter l’Afrique»
«J’exhorte la jeunesse africaine, qui est dans le pays et celle qui est à l’extérieur, à ne pas déserter l’Afrique, à demeurer en Afrique, à essayer d’œuvrer pour la paix et le progrès en Afrique et dans chacun des pays. Mais pour œuvrer pour le progrès, il faut accepter de consentir des sacrifices. La jeunesse ne doit pas désespérer, elle ne doit pas croire aussi que quelque chose lui est fermé. Je me rappelle que quand j’étais au primaire, mon maître français nous disait : «Vous êtes des nègres et vous resterez toujours des nègres»
Par mon parcours personnel, avec mes camarades qui étaient avec moi à l’école à Louga, nous avons voulu lui prouver que ce qu’il disait n’était pas vrai. On nous mesurait l’angle facial pour nous dire qu’à 15 ans, notre intelligence était arrêtée et que donc l’intelligence des Blancs se développait pendant que la nôtre s’arrêtait. Nous lui disions que notre intelligence était comme celle de tout le monde. Nous sommes créés par Dieu comme tous les autres êtres humains et nous sommes capables de tout si nous consentons l’effort nécessaire. On ne peut pas accéder à quelque chose de supérieur si on n’a pas le savoir nécessaire. Et le savoir, on l’acquiert en apprenant, en apprenant, en apprenant. J’ai fait un discours à l’Unesco pour dire que j’ai éprouvé la faim de lire. Je lisais beaucoup et mon père avait la chance d’être le dépositaire de presque tous les écrits politiques du Sénégal. (…) Je lisais très jeune les écrits des hommes politiques. Je les ai tous connus d’ailleurs, Blaise Diagne comme Ngalandou Diouf, les seuls députés noirs de toute l’Afrique noire. Lisez, apprenez, rien ne vous est interdit. Vous pouvez accéder aux fonctions les plus élevées si vous acceptez de faire les sacrifices nécessaires. Ne désespérez pas de l’Afrique et je souhaite de tout cœur que les hommes politiques de nos différents pays s’entendent avec les populations, ne mettent pas en avant seulement les ambitions personnelles, mais mettent en avant les intérêts de leurs Peuples, agissent en fonction des intérêts de leurs Peuples, les écoutent ! Voilà ce que je voudrais dire à la fin de ma vie. Je ne sais pas combien de temps j’ai encore à vivre, mais je souhaite de tout cœur que l’unité soit réalisée dans chaque pays, que l’unité soit réalisée dans toute l’Afrique et que les Africains travaillent ensemble pour l’intérêt des Peuples africains et pour l’intérêt des Peuples du monde».