Macky Sall au sommet de la CEDEAO : “ Pourquoi nous avons proposé l’amnistie (des putschistes)”
“Notre rôle est d’arrêter l’escalade pour éviter au pays d’emprunter la pente dangereuse de la violence. Il y a eu des morts et des blessés. Des biens ont été saccagés. Des familles entières et leurs biens sont ciblés en raison de leur appartenance à tel ou tel camp. Certains, ayant peur pour leur vie, sont entrés en clandestinité.
De tous les bords, il y a des extrémistes irréductibles. Pour preuve, le dimanche 20 septembre, dans l’enceinte même de l’hôtel où je logeais, j’ai vu, de mes propres yeux, des civils battre violemment d’autres civils. Je me dois, dans ces conditions, de vous exprimer, chers collègues, ma grave préoccupation. J’alerte solennellement notre Sommet sur la gravité de la situation au Burkina Faso, alors même que notre sous-région est déjà sérieusement éprouvée par d’autres sources d’instabilité. Il y a urgence à agir pendant qu’il est encore temps pour éviter l’impasse et le chaos.
C’est l’objet du projet d’Accord politique de sortie de crise que j’ai présenté à toutes les parties prenantes dimanche et que je soumets à votre appréciation”, a déclaré le président Macky Sall dans son allocution au sommet extraordinaire de la Cedeao qui se tient ce mardi à Abuja, au Nigéria.
“Ce projet tient dument compte de la décision prise par l’Union Africaine, conformément à ses textes, de condamner le coup d’Etat, de suspendre immédiatement le Burkina Faso des instances de l’Union Africaine, d’exiger la libération des autorités détenues et le rétablissement du régime de transition, sous peine de sanctions ciblées contre les auteurs du coup.
Il s’inspire également des sept points de convergence proposés par les médiateurs de la Commission nationale de réconciliation, composée de l’archevêque Paul Ouédraogo, de l’ancien Président Jean-Baptiste Ouédraogo, du Secrétaire général du Ministère de la défense et du Chef d’Etat-Major général des Armées.
Nous avons également tenu compte des avis et préoccupations du Président Kafando et de tous les autres protagonistes ; de manière à intégrer toutes les sensibilités et proposer, au-delà de la situation engendrée par le coup d’Etat, une perspective de solution globale et durable”, précise-t-il.
Selon lui, toutes considérations faites, “il reste la question vitale de la réconciliation nationale, sans laquelle aucune cohabitation n’est possible au sein d’une Nation indivisible”.
“On peut humainement comprendre et accepter les frustrations et les rancœurs. Mais quand on est condamné à bâtir un destin commun, arrive un moment de l’histoire où il est tout aussi humainement nécessaire de pardonner et de se réconcilier pour donner du sens au commun vouloir de vie commune.
C’est l’objet de la proposition d’amnistie contenue dans le projet d’Accord. Il ne s’agit guère d’encourager l’impunité, mais de contribuer à l’apaisement des cœurs, de favoriser la concorde nationale et d’ouvrir la voie à une dynamique de paix durable. Ce que d’autres peuples ont réussi, y compris pour vaincre l’odieux système d’apartheid, nous considérons que le peuple Burkinabé a la même grandeur d’âme et le même esprit de dépassement pour le réussir et surmonter cette phase critique de son histoire.
Voilà ce qui fonde la proposition d’amnistie”, explique le président Macky Sall.