Lettre ouverte à l’adresse de Mohamed Mbougar SARR, Boubacar Boris DIOP, Felwine SARR et des activistes politisés, par Abdoulaye SARR – Juriste
Le 05 juin 2023, dans une Tribune qui a eu du mal à masquer – j’allais dire maquiller – son caractère partisan, MMS, BBD et FS ont cru pouvoir donner des leçons de Démocratie à leurs compatriotes sénégalais, à travers un média gauchiste français qui leur ouvrait, avec emphase et non sans une pointe de condescendance, ses colonnes, pour taper sur le Régime en place, de leur pays d’origine, le Sénégal qui n’a jamais cessé d’être un modèle démocratique exemplaire : « … trois intellectuels … déplorent l’hubris d’un pouvoir qui emprisonne ou exile ses opposants les plus menaçants, réprime les libertés et tire sur son propre peuple avec une révoltante impunité ». Quelle misère morale et quelle ingratitude ! Le reste de la longue litanie étant du même allant, pour présenter le Sénégal comme une sanglante dictature, on peut se demander si les auteurs de la diatribe ne parlent pas d’un pays imaginaire.
Messieurs les « intellectuels », je vous invite à lire ou à relire Claude McKay, qui impliqué corps et âme dans la lutte d’émancipation de sa Communauté noire et voyant la collaboration régressive de certains de ses pairs et compatriotes noirs, finira par leur lancer – de dépit – sous forme de supplique désespérée : «Vous les noirs instruits, vous êtes une bande perdue et vous ne pourrez jamais vous retrouver que dans le retour aux profondeurs de votre peuple (!) ». Espérons que la leçon sera apprise ou du moins entendue, car voilà déjà plusieurs mois que l’un après l’autre, vous vous relayez par des incursions très politisées pour parler de démocratie, d’Etat de Droit, de mandat présidentiel …, autant de questions sur lesquelles manifestement vous n’avez aucune lumière, ni pour vous, ni pour quiconque.
Nous sommes loin ici de l’inspirant combat du trio de la Négritude, mais à l’évidence n’est pas Léopold Sédar Senghor qui veut ! N’est pas Léon Gontran Damas qui veut et n’est pas non plus Aimé Césaire qui veut ! Quel que soit votre talent aux uns comme aux autres, par votre sortie malencontreuse et maladroite, qui vient de ternir votre réputation pour un temps, vous semblez être davantage « le trio de la conspiration » que le bras armé d’un quelconque combat émancipateur. Messieurs « les intellectuels », de grâce restez dans vos domaines respectifs de compétence et évitez de vous aventurer dans la sphère politique qui vous dépasse !
Depuis l’irruption sur la scène publique d’un certain Ousmane Sonko, sévèrement battu lors de la dernière confrontation électorale majeure, à savoir la présidentielle de 2019, l’ambiance et l’atmosphère politiques sont totalement polluées au Sénégal. Faut-il rappeler qu’il n’a été que 3ème, derrière Idrissa Seck qui est véritablement l’homme fort de l’opposition ! Depuis lors donc, des partisans politiques patentés, se présentant comme des acteurs de la Société civile ou des Journalistes qui n’ont pas plus de sens de la neutralité que de foi en la déontologie journalistique, écument les plateaux de télévision, inondent les ondes de radio, diffusent des vidéos insurrectionnelles ; le tout abondamment relayé par des petites mains sur les réseaux a-sociaux improprement qualifiés de « sociaux », pour tirer à boulets rouges sur le Président de la République, sur l’Institution judiciaire, si ce n’est sur l’action légitime de maintien de l’ordre ou la stricte application des Lois de la République.
Messieurs les « intellectuels », Mesdames et Messieurs les Journalistes et Activistes partisans, sachez que la Démocratie n’est pas l’anarchie. Dans tout pays, libre, indépendant et démocratique, l’obligation du respect de la Loi s’impose à tous. Contrairement à Ousmane Sonko, qui semble persuadé qu’être candidat à la présidence de la République est un gage de déification, il faut rappeler que c’est une position qui force à plus d’humilité, d’exemplarité et qui engage pleinement. Cet engagement là est même une circonstance aggravante face à certains manquements qui valent à ce candidat disruptif qu’il est ses déboires du moment. Le soutien aveugle que vous lui apportez est par conséquent déplacé, amoral et dangereux pour le lien social qui constitue le ciment de la Société sénégalaise. Quelle position prendez-vous demain, face à un voleur récidiviste, un violeur anonyme ou un agresseur de sang-froid ? Ne risquez vous pas par votre demande d’impunité pour Ousmane Sonko et les fauteurs de trouble qu’il agite, de plonger le Sénégal dans la déliquescence ? Mesdames et Messieurs, il est temps de rompre avec toute complaisance et de faire preuve de responsabilité. Ou bien vous êtes politisés et partisans, auquel cas il faut sortir du bois et cesser de louvoyer, en l’affichant clairement. Ou bien vous êtes neutres et cette neutralité doit se traduire par des actes sans équivoque, par une équidistance entre les différents acteurs politiques et non par un soutien permanent de l’opposant radical qui viole délibérément les règles de la République et se pose en victime.
Cela m’amène à aborder l’axe majeur de la Tribune collective publiée par Médiapart, qui n’est autre que la réitération de Contributions individuelles antérieures de Messieurs MMS, BBD, FS et des chroniques d’activistes de tout poil qui se relaient à longueur d’antennes pour asséner la même ritournelle : « Halte au troisième mandat » ! Ce qui est aberrant et désolant chez les tenants de la thèse de l’impossibilité pour le Président Macky Sall de briguer un ultime mandat de cinq ans, c’est qu’ils se retranchent derrière l’article 27 de la Constitution, mais n’en citent que le second alinéa, conscients manifestement que l’évocation de l’alinéa 1er du texte détruirait leur raisonnement.
Mesdames et Messieurs, pas plus que la Démocratie n’est l’anarchie ni un laisser-aller total, il n’appartient pas à la rue de dicter dans un Etat de Droit qui peut être candidat à l’élection présidentielle et qui ne peut l’être. Le Sénégal comporte un dispositif législatif et institutionnel qui règle cette question. En conséquence, toute personne en âge de se présenter à cette élection peut librement se porter candidat. Le Conseil constitutionnel seul habilité à infirmer ou à confirmer les candidatures se chargera de leur examen pour les valider ou invalider, au regard des incompatibilités, infamies ou interdictions qui ruinent toute candidature. Ensuite le Peuple souverain élira, pour cinq ans – désormais – la personnalité politique qu’il aura adoubée à l’effet d’incarner la Nation en tant que Président de la République.
Aussi, tout ce tapage, tout ce tohu-bohu, ne sont que désordre inutile et frein au développement. Qu’est-ce qui empêcherait le Président de la République actuel, qui n’a fait qu’un mandat de cinq ans d’en briguer un second de cinq ans ? Rien, assurément rien ! Le respect de « sa parole » brandissent ceux qui manquent d’arguments et qui renvoient à la morale, oubliant un peu trop vite le cas des repris de Justice qu’ils plaident avec acharnement, pour les voir devenir les gardiens de la Loi investis demain des pleins pouvoirs. Quelle paradoxe ! Que serait donc cette morale où ceux qui pour avoir gravement failli à la Loi – en ayant détourné des milliards pour deux d’entre eux ou pour l’un en s’étant fourvoyé dans une sordide histoire de mœurs – auraient tous les trois le droit de se présenter par le biais d’une mesure de circonstance, alors que celui que la Constitution autorise – sans équivoque – à briguer un second mandat de cinq ans, n’y aurait pas droit par sa simple parole émise dans un moment qui n’a plus rien à voir avec le contexte angoissant d’aujourd’hui où clairement un Etat fort est un Etat qui protège et qui se projette dans l’intérêt et le bien-être de tous ses ressortissants, notamment quand le terrorisme plane et qu’une certaine opposition l’alimente et ne prône que la violence et la déstabilisation !
Mesdames et Messieurs, soyez des intellectuels au sens où l’entendait l’immense Nelson Mandela, non pas au sens obvie et donc nécessairement abstrait du terme, qui renvoie à l’accumulation et la production de connaissances, mais bien dans l’acception majorative et objective du concept qui coïncide avec la notion de citoyenneté, c’est-à-dire celui ou celle qui aime son pays et lui veut mais lui voue aussi le plus grand bien, pas celui ou celle qui rêve de tout détruire pour accéder au pouvoir.
A cet égard, rappelez vous le rôle que vous pouvez jouer dans l’éveil et l’élévation de la jeunesse, dans la lignée toujours de l’éminent Mandela : « En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant », disait-il avec justesse. Je vous laisse méditer ces mots forts, pour en tirer toute la substance et servir votre pays (d’origine) plutôt que rêver de le détruire avec les ennemis de la République.
Abdoulaye SARR – Juriste – Tours (France)