Lecture critique du Projet sportif des Patriotes par un acteur sportif

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Les jeux sont faits, et les sénégalais, une fois de plus ont démontré à la face du monde, qu’ils sont un peuple d’une grande maturité politique avec la culture démocratique dans leur ADN.
Et, les électeurs, dans leur majorité ont plébiscité le projet de société des Patriotes qui était en concurrence avec18 autres projets.
Fort heureusement, pour le mouvement associatif, la Politique Sectorielle Sport a occupé une large place dans le projet global du PASTEF qui a fini de triompher.
Ce fait peut trouver son explication dans le rôle et la place que le nouveau gouvernement issu des élections du 24 mars entend faire jouer au sport dans la vie économique et sociale du pays.
Ce qui certainement, constitue une bonne nouvelle pour tous les sportifs du pays et de la diaspora.
L’autre bonne nouvelle, pour le mouvement associatif sportif relève du fait que la quasi-totalité des 19 candidats ont effectivement intégré dans leur programme un volet sportif.
Ce qui démontre aussi l’importance que le sport a fini de se tailler dans notre quotidien pour être prise en compte par nos acteurs politiques.
Ainsi, certains militants du sport, dans un débat fort intéressant et très fertile ont donné leur point de vue sur le programme des nouveaux élus.
Chacun des intervenants a contribué, suivant son propre domaine d’intérêt et suivant sa conception de la chose sportive.
Chacun en libre penseur, a donné sa vision sur la manière dont le pouvoir patriote devrait promouvoir et développer le sport.
Et, cette pluralité des points de vue, ne fait que nous enrichir et ennrichir le débat.
Effectivement, dès lors que ce programme va au moins, pour les 5 ans à venir, influer sur nos activités dans le mouvement associatif, il est tout à fait légitime que chacun d’entre nous se sente concerné.
Pour ma part, je voudrais faire dans ma présente intervention, une lecture critique des 3 grandes orientations du programme sectoriel sport que nous a proposé les patriotes, à savoir :
1: fusion du ministère de la jeunesse et celui en charge des sports pour une mutualisation et une gestion efficace des ressources ;
2: Adoption du code du sport pour doter le secteur d’un cadre juridique qui intègre les nouvelles préoccupations et mutations intervenues dans le sport ;
3: Revalorisation et Effectivité de l’enseignement de l’éducation physique et sportive au niveau de tous les cycles d’enseignement.
À l’entame de ma lecture critique de ces 3 propositions, je voudrais saluer les rédacteurs du projet sportif de PASTEF.
En effet, le contenu programatique laisse apparaître une connaissance approfondie du secteur et un vécu de terrain des concepteurs.
En un mot, ce programme est l’œuvre d’administratifs et de techniciens du sérail.
Pour en revenir maintenant sur les 3 Orientations:
À mon humble avis, je ne trouve aucune logique à regrouper le département de la jeunesse et celui du sport compte tenu de l’importance stratégique et de la transversalité des 2 secteurs.
En, effet, le contexte qui a amené la césure entre la jeunesse et le sport, opérée en 2000 par le régime libéral de Maître Abdoulaye WADE est toujours d’actualité.
La jeunesse et le sport constituent à nos jours deux problématiques et deux défis majeurs de nos sociétés et particulièrement des sociétés africaines.
Depuis le début des années 70, les pays en développement ont connu avec les politiques d’ajustement structurel de réels problèmes de chômage endémique des jeunes.
Malgré les nombreuses initiatives, tous les projets et programmes sont restés inopérants.
C’est ainsi que « la jeunesse est devenue un problème pour les gouvernants et les gouvernants un problème pour la jeunesse ».
La conséquence de cette situation est que toutes les alternances intervenues au Sénégal ont été l’œuvre des jeunes.
C’est pourquoi, la dividende démographique de la jeunesse constituerait un plus si elle est mise au service des enjeux liés à l’emploi, à l’environnement, à la formation où à l’éducation et non au sport qui a toujours revendiqué son autonomie.
De plus avec la signification actuelle du sport déclinée en termes d’enjeux économiques, sociaux financiers et culturels, le coupler avec la jeunesse va donner un ministère hypertrophié.
Et, dans de pareils cas, l’un des qualificatifs va submerger l’autre.
Pour la deuxième orientation relative à l’adoption du code du sport, sa pertinence coule de source, le seul bémol que je vais y verser est la nécessaire relecture du projet de code de 2014, pour l’adapter au contexte des années 2024.
Comme, nous le savons, le code bien que toujours dans les tiroirs, date de 10 ans. Et, avec l’évolution exponentielle du fait sportif,un toilettage s’avère nécessaire avant son adoption.
Pour la troisième orientation ayant trait à la revalorisation et l’effectivité de l’enseignement de l’Éducation Physique et Sportive ((EPS), ma surprise vient du fait que ce point à véritablement sa place dans le projet éducatif et non sportif, si on sait que l’éducation physique et sportive est une matière d’enseignement au même que les mathématiques et autres anglais, français, sciences de la vie et de la terre…
Donc, c’est une orientation qu’il faut confier au ministère en charge de l’enseignement.
Je terminerai mes propos pour dire que, le PASTEF a le mérite de nous proposer un projet sportif, il est du devoir des acteurs du sport de se l’approprier pour l’enrichir et le valider socialement, afin d’en faire un projet inclusif et participatif pour le grand bénéfice du sport senegalais et des sportifs.
Avec cependant à l’esprit que comme tout projet, quelque soit sa qualité, sa cohérence et sa pertinence, son efficacité et son efficience dépendent en grande partie des hommes et des femmes chargés de le conduire.
Sans ce choix judicieux des porteurs du projet, toute ambition sur une transformation structurelle de notre sport, relèverait de l’utopie.
Vive le sport
Vive le Sénégal.
Souleymane Boun Daouda DIOP, acteur du mouvement sportif.

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