Khalifa Sall fait une course contre la montre pour éviter un procès. Après avoir indiqué qu’il ne cautionnerait pas le moindre centime dans le cadre des accusations de détournement de deniers publics, le maire de Dakar a finalement changé d’avis et a décidé de proposer comme caution quatre de ses biensimmobiliers (figurant dans sa déclaration de patrimoine, sans dire lesquels) ainsi que ceux de ses proches et de bonnes volontés (également sans dire qui sont-ils). Le montant des biens engagés doit être au moins de deux tiers de la somme de 1, 8 milliard, c’est à dire 1 milliard deux cent millions.

Le but recherché en déposant une pareille caution est de faciliter la levée de son mandat de dépôt pour aboutir à une liberté provisoire. Ce dépôt cache par ailleurs l’échec de la campagne de mobilisation financière en vue de déposer une caution de 1, 8 milliard initiée par des groupuscules proches du maire de Dakar. Sur Internet où la campagne voulait réunir 100 000 euros, même pas 5000 euros n’ont été mobilisés par les généreux donateurs.

Les jeunes Khalifistes ont fait chou blanc dans leur campagne de proximité où ils voulaient que chaque sénégalais donne 1000 francs. «Ils ont enfin compris que le combat de Khalifa Sall n’avait aucune envergure nationale et certains ont même douté de la popularité de leur leader tant les sommes mobilisées ont été jugées dérisoires par ceux qui étaient chargés de la collecte ». Interrogé par Jeune Afrique, un de ses proches explique : «Nous étions engagés dans une sorte de course contre la montre, car la justice voulait clô- turer l’instruction au plus vite, Mais on a dû au préalable convaincre Khalifa Sall de l’importance d’une libération provisoire sous caution, afin de comparaître libre à son procès ».

«Ces biens, dont la valeur a été expertisée, ont été hypothéqués au bénéfice de l’État afin de servir de cautionnement ». Avocat de l’État séné- galais, partie civile à la procédure, Me Baboucar Cissé, interrogé parJeune Afrique, refuse, pour l’heure, de se prononcer sur cette demande de libération sous caution. « Elle a été annoncée ce matin par voie de presse mais nous n’avons encore rien reçu, explique-t-il. Si cette demande était avérée, il me faudrait d’abord me concerter avec l’agent judiciaire de l’État, Antoine Félix Diome, afin de décider de la marche à suivre. ».

Il apparait donc clairement que le maire de Dakar ne veut pas affronter un procès, même si certains dans son entourage souhaitent au moins qu’il comparait libre. «Si Khalifa Sall est resté autant de mois en prison, refusant toute caution et finalement accepter au bout de 9 mois, c’est qu’il a LE SOIR N°178:Mise en page 1 05/12/2017 22:07 Page3 4 LE SOIR LE PREMIER QUOTIDIEN NUMERIQUE SENEGALAIS Mercredi 6 déceMbre 2017- nUMerO 178 perdu du temps pour rien, c’est un véritable volteface ».

Le juge d’instruction en charge du dossier doit désormais décider si cette offre de cautionnement sous forme d’hypothèques est recevable et s’il décide d’y faire droit. «On espère bien sûr, mais on ne se fait pas trop d’illusions », admet un proche du maire interrogé par Jeune Afrique. Inculpé d’«association de malfaiteurs», «complicité de faux et usage de faux en écritures privées de commerce », « faux et usage de faux dans des documents administratifs », «détournement », «escroquerie aux deniers publics et blanchiment de capitaux », Khalifa Sall ne peut théoriquement solliciter une liberté provisoire que s’il rembourse ou dépose en caution le montant dessommes qu’il est soupçonné d’avoir dé- tournées. Encore que du point de vue judiciaire, ce n’est pas une garantie totale. «Le juge peut refuser malgré le cautionnement, ce n’est qu’une condition dans une pareille demande».

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