Le Mali gagne la bataille judiciaire
Quand personne ne s’y attendait, l’Etat malien vient de gagner la bataille judiciaire l’ayant opposé avec les Etats de l’UEMOA relativement aux sanctions économiques dont il faisait l’objet.
Des sources sûres ont évoqué cet état de fait comme quoi, la cour de justice de l’UEMOA, l’Union monétaire ouest-africaine, a notifié l’État du Mali de sa décision de suspendre les sanctions qui touchent Bamako. Il est également clairement signifié, notamment sur le site de Rfr.fr qui donne l’information, que ‘’cette ordonnance n’a pas été publiée pour le moment, donc on n’en connaît pas encore les motivations juridiques’’. En tout état de cause, cela fait suite à deux recours introduits le 15 février dernier par le Mali pour demander d’abord l’abrogation des sanctions (premier recours) et ensuite leur suspension (second recours).
Aujourd’hui, c’est chose faite, la suspension a été demandée par la Cour qui a suffisamment d’autorité pour que les Chefs d’Etat de la sous-région reviennent sur les sanctions. C’est dire alors que tous les regards restent braqués sur la session de la Conférence des Chefs d’Etat qui devra suivre la décision prise par l’UEMOA qui estime en effet que ces sanctions sont contraires au droit communautaire. Car, il s’agissait en effet d’asphyxier économiquement le Mali pour pousser ses dirigeants à revoir leur copie à propos de la période de transition.
Or, se faisant, on ne fait qu’appauvrir davantage une population malienne déjà à genou du fait du terrorisme, de l’instabilité institutionnelle et de la Covid-19. Pis, des pays comme le Sénégal où transitaient l’essentiel des marchandises à destination du Mali, en souffrent également terriblement même s’ils sont obligés de se conformer aux décisions communautaires.
Conséquences, des milliards de Francs CFA perdus, des camionneurs et des transporteurs dans le désarroi et des commerçants déroutés. Mais, le plus grave, c’est que le Mali est de plus en isolé d’autant plus qu’une de ses rares portes de transaction commerciale, la Mauritanie, n’est plus Secure du fait justement de brouilles diplomatiques avec les autorités de Bamako. En effet, la Mauritanie reproche au Mali de laisser massacrer ses ressortissants sur son sol.
Du coup, les autorités maliennes n’ont d’autres choix que de se battre juridiquement pour faire entendre raison aux chefs d’Etat qui, en invitant le Colonel Assimi Goïta à leur sommet, avaient déjà compris que la situation ne pouvait pas perdurer. Bien sûr, les dernières négociations avec l’émissaire de la Cedeao avaient échoué. Un accord n’ayant pas pu être trouvé. Mais, si les discussions se poursuivent, notamment dans le cadre de médiations bien organisées, un terrain d’entente sera trouvé.
En effet, tout est parti de cette décision de la junte, sous impulsion des assises nationales, de faire une transition de cinq ans. Or, cinq ans, étant un mandat, la Cedeao ne pouvait pas laisser faire sans réagir au risque de voir la situation se perpétuer en Guinée et au Burkina Faso, pays où il y a eu également des coups d’Etat. Il fallait également comprendre la dynamique de la Cedeao. Mais, le plus important, c’est le respect des textes par tous et ne pas travailler à les travestir juste pour sanctionner un Etat. Car, l’instabilité institutionnelle est certes problématique au Mali, mais, c’est le moindre mal face à la pauvreté et au terrorisme. L’un alimentant l’autre.
C’est notamment pour cette raison que l’on peut rester indulgent envers ce pays même si personne n’approuve les coups d’Etat comme on l’est actuellement pour la Guinée et la Burkina Faso sans oublier d’ailleurs le Tchad. Si tout le monde ferme les yeux pour tous ces Etats dans l’illégalité face à leurs constitutions, on peut en faire de même pour le Mali tout en continuant à dialoguer pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Assane SAMB rewmi