Le Bloc-notes de Abdou GNINGUE – Vieille tradition diplomatique !
Le chef de l’Etat Sénégalais Macky Sall, Président en exercice de l’Union Africaine (UA) a effectué une visite éclaire en Russie, pour rencontrer son homologue le Président Vladimir Poutine. Visite très courte, mais pleine de promesses si l’on en croit les observateurs de géopolitique mondiale. En effet, après plus de 100 jours de guerre pour ne pas dire d’invasion de l’Ukraine, par les troupes russes, avec son lot de morts et de destruction de plusieurs villes ukrainiennes, voilà l’économie mondiale fortement perturbée. Les deux belligérants, considérés un peu comme le Grenier de l’Europe et d’une bonne partie du reste du monde, bloquent leurs céréales (blé et maïs) dans leurs ports du fait de la guerre.
Ceci a occasionné des dégâts collatéraux dans de nombreux pays africains où le prix de la farine de blé du maïs, connaît une hausse vertigineuse. Si cette situation perdure, le prix du pain sera hors de portée de la plupart des consommateurs africains.
Pour essayer de débloquer ce verrou de la marine russe qui …bloque les ports ukrainiens pour libérer les millions de tonnes de céréales qui dorment dans les silos ukrainiens, le Président Macky Sall en compagnie du Président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, a plaidé la cause des Africains. Il a expliqué que les économies africaines, éprouvées par la pandémie du Covid19, essayent de se relever tant bien que mal et voilà que cette pénurie des céréales commence à inquiéter les populations. Cependant, a souligné, Macky Sall, l’Afrique n’est pas venu demander une aide, mais plutôt, veut l’accès aux céréales qu’elle va acheter suivant les règles du commerce international.
Le Président Poutine a semblé bien comprendre la démarche du Président de l‘UA et promet de faire libérer les ports ukrainiens pour que les navires puissent livrer les céréales dans les ports africains.
Cette situation nous rappelle celle qui a prévalu pendant la pandémie du Covid19 où l‘Afrique manquait de tout, pour faire face à la maladie, comme les masques, comme du reste, une bonne partie du monde. Il a fallu que nos artisans tailleurs s‘y mettent pour produire des masques, Made in Africa. Cette fois-ci, les Africains doivent emblaver ses millions d‘hectares, de terres arables pour produire assez de céréales et nourrir l‘Afrique.
Au Sénégal, l‘Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA) a mis à la disposition des agriculteurs, deux sortes de blés adaptés à notre climat. Il les mettra en pratique dans les terres fertiles de la vallée Fleuve Sénégal et partout ailleurs sur le territoire national.
Il faut que les hommes d‘affaires africains arrêtent d‘être des importateurs de containers de marchandises de toutes sortes qu‘ils déversent dans nos pays. Ils doivent se lancer dans la production. Mais les Africains doivent adapter leurs habitudes alimentaires à ce que nous produisons. La souveraineté alimentaire est une nécessité absolue. Tout le reste n‘est que, bouche parole, pour reprendre nos amis Ivoiriens, c‘est à dire bavardage. Notre souveraineté alimentaire ne doit pas dépendre d‘un autre continent car rien ne manque au nôtre , berceau de l‘Humanité.
Pour revenir sur ce voyage de Macky Sall en Russie, cela rappelle le voyage historique en Israël d‘une délégation de l‘Organisation de l‘Unité Africaine (OUA ancêtre de l‘UA) en 1971 et conduite par le premier Président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, pour faire face à Madame Golda Meir Premier Ministre. Cette délégation que la presse internationale avait baptisé les Pèlerins de la Paix, était composée, outre Senghor, par les Présidents Ahmadou Ahidjo du Cameroun, Mobutu du Zaïre et Yacoubou Gowon du Nigeria. La délégation devait rencontrer les autorités israéliennes pour leur demander à appliquer la résolution 242 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui entre autres, demandait à Israel de se désengager des territoires conquis pendant la guerre des 6 jours de 1967 entre l’État Hébreu et les pays arabes. Il s’agissait de la péninsule du Sinaï, en Égypte et les Hauteurs du Golan en Syrie.
On se rappelle des envolées lyriques d‘un confrère français qui décrivait le déroulement de l‘audience avec Mme Golda Meïr, la Dame de Fer, quand, disait-il, Le président Senghor, avec son manteau de professeur, de façon pédagogique, a su sensibiliser le chef du gouvernement israélien sur la nécessité de libérer les territoires occupés surtout en ce qui concerne une portion du territoire africain, le Sinaï. Le voyage a connu un succès et salué par toute la communauté internationale.
L‘autre succès diplomatique connu par un chef d‘Etat Sénégalais, nous vient du Président Abdou Diouf, successeur de Senghor. C‘etait son fameux voyage dans les pays dits de la ligne de front, de lutte contre le régime raciste, d‘Apartheid d‘Afrique du Sud. En effet, élu président de l‘OUA en 1985, le président Diouf accompagné d‘une forte délégation et de nombreux journalistes de la presse nationale(dont votre serviteur ) et internationale, a séjourné successivement, en Angola, au Botswana, au Lesotho, au Swasiland (actuel Swatini), en Zambie, au Zimbabwe, au Moçambique et en Tanzanie. Pendant 10 jours toutes les populations, des capitales de ces pays, ont accueilli avec ferveur le président Diouf Sénégalais et sa délégation tout en magnifiant l‘engagement du Sénégal pour la lutte contre l‘Apartheid, considéré chez nous, comme un crime contre l‘Humanité.
L‘étape qui devait nous mener au Lesotho, ce petit royaume, enclavé en….Afrique du Sud, était compliquée à atteindre car le gouvernement sud-africain avait refusé le survol de son espace aérien par la délégation anti Apartheid. Il a fallu une concertation diplomatique intense entre le président Diouf et certains pays qui entretenaient de bonnes relations avec l‘Afrique du Sud pour que la situation soit débloquée. En survolant Johannesburg la grande métropole sud-africaine, interrogé par la presse, le président Diouf déclarait avoir de la compassion et une solidarité intense en direction de nos frères Noirs Sud-africains victimes des affres du régime d‘Apartheid.
Quelques années après cette visite mémorable, les premiers pas vers la fin du régime d‘Apartheid ont commencé dans notre pays avec cette rencontre secrète entre le régime sud africain et une délégation de l‘ANC.
Donc, on voit bien le Sénégal est un chaînon solide dans la diplomatie mondiale. C‘est pourquoi, cette visite, du Président Macky Sall en Russie, doit être saluée et considérée par les Sénégalais comme un acte, qui doit rendre fier, tout Sénégalais préoccupé par la préservation de la paix mondiale.
Le voyage du Khalife de Médina Baye, Mahi Niasse entre dans cette tradition du Sénégal de recherche à préserver la Paix mondiale. Ce succès éclatant obtenu par l’homme de Dieu au Soudan où pendant des décennies, des tribus rivales se faisaient une guerre cruelle, n’est pas un hasard pour qui connaît son défunt Père El Hadji Ibrahima Niasse dit Baye. Il avait rencontré tous les Grands hommes politiques du siècle dernier avec qui il échangeait sur tout ce qui pouvait préserver la coexistence pacifique entre les peuples du monde. Du Maréchal Tito de Yougoslavie à Gamal Abdel Nasser président de l’Egypte en passant par les présidents Nkwame Krumah du Ghana, Soekarno d‘Indonésie, Baye était le chef religieux le plus respecté au Nigeria où il avait des millions de fidèles surtout dans le Nord.
Le droit de l‘hommiste Monsieur Assane Dioma Ndiaye s‘est fendu d‘un communiqué pour contester les décisions du Conseil Constitutionnel sur les différents rejets des différentes requêtes faites par les coalitions en compétition pour les prochaines législatives. Il a le droit de le faire. Mais pourquoi ce droit de l‘hommiste n‘a pas réagi quand d‘autres listes comme celles de Mamadou Diop de Decroix, Serigne Mboup, Bougane Gueye Dany, Fadel Barro, entre autres, ont été écartées? Toutes les coalitions ne sont-elles pas d‘egale dignité? Personne ne comprend cette réaction que je trouve tardive car devait être faite dès que les premières coalitions ont mises hors de course. Peut-être il était absent du territoire national, quand les autres listes étaient recalées ? En tout cas, la plupart des responsables des listes écartées ont accepté, dignement, les décisions rendues par le juge des élections.
C‘est cela que l‘on attend d‘un citoyen armé d‘un bon esprit républicain.
Abdou GNINGUE
Journaliste Citoyen du monde rural