Le Bloc-notes de Abdou GNINGUE: Reconversion de mentalité!
La semaine écoulée a été marquée, par cette journée marathon, organisée autour du président de la République Macky SALL, pour diagnostiquer les questions de l‘emploi des jeunes. C‘était inédit mais dans le fond tous les différents régimes qui se sont succédé ont tout essayé. Mais le résultat est resté le même. Pas de résultats durables.
Le président Léopold Sédar Senghor, dès le début de notre souveraineté internationale en 1960, a voulu créer une bourgeoisie nationale capable de créer des unités de production pour améliorer la richesse nationale. La question du chômage n’était pas à l’ordre du jour, dans la mesure où le nouvel État indépendant avait besoin de cadres pour remplacer les expatriés que le colon avait laissés sur place, à l’indépendance, pour accompagner les nouvelles autorités. Tout diplômé était presque assuré de trouver un emploi.
Par exemple, dans l’enseignement primaire, des élèves avec un niveau de la 4ème secondaire, pouvaient être recrutés pour tenir une classe élémentaire en qualité de Moniteur. Dans le cadre de la création de nouvelles opportunités, pour toujours booster le consommation nationale dans le cadre de l’équité sociale, des magasins appelés Chaîne Avion, ont été créés.
Dans ces magasins modernes, on trouvait divers produits et dans chaque capitale départementale. Ces magasins affichaient les mêmes prix où que vous soyez dans le pays. Après quelques années d’expérience très encourageantes, ces boutiques modernes ont donné naissance à la fameuse Sonadis (Société nationale de distribution au Sénégal) et cédées aux hommes d‘affaires sénégalais. Ces derniers qui avaient mal géré les structures, confondaient les recettes et les bénéfices.Au finish, ce fut un échec retentissant et certains gérants ont fini d’être mis en prison.
Si ces magasins avaient connu un succès, ils prendraient, aujourd’hui, la place de tous ces hypermarchés venus de l‘étranger et emploieraient plusieurs milliers de Sénégalais à travers tout le pays. Ainsi chaque département aurait pu être un réceptif de nos produits locaux, bien conditionnés, comme le font actuellement les supermarchés venus d’ailleurs. Pourtant ces supermarchés sont aujourd’hui décriés par nos fameux commerçants qui devraient plutôt aller se cacher pour avoir raté une chance que le gouvernement leur avait donnée.
Au début des années 1980, le Président Abdou Diouf, qui venait de succéder au Président Léopold Sédar Senghor à la tête de l‘Etat, avait ciblé les maitrisards
qui venait de sortir de l‘Universite, nantis de leurs diplômes. Les plus nombreux étaient non employables immédiatement parce que le diplôme est une distinction qui prouverait que vous êtes apte théoriquement pour travailler. Des fonds ont été dégagés et la plupart des bénéficiaires s‘étaient lancés dans la création de boulangeries.
Au finish, c‘était un fiasco, parce qu‘une maîtrise en Droit ou en Lettres ne fait pas de vous un bon entrepreneur. Et puis tous ces diplômés des facultés des lettres, de droit est-ce qu’ils espèrent tous être recrutés par l’Etat.
C’est un rêve. D’ailleurs pendant la journée sur l’emploi, le Recteur de l’Universite Cheikh Anta Diop, avait révélé que le taux de chômage, au niveau national, était beaucoup plus important parmi les diplômés universitaires. Au Sénégal nous avons une population de près de 17 millions d’habitants où il y a à un peu plus de 200 mille fonctionnaires, payés par l’Etat.
Alors ces milliers de diplômés doivent espérer trouver un travail ailleurs que dans les structures étatiques. L’employabilité doit être l’objectif Numero1 de la formation des jeunes.
Quant au Président Abdoulaye Wade, il avait pensé au retour à la terre avec sa fameuse Rêva destinée aux jeunes du monde rural mais aussi à ceux des villes, les Boys Towns. Ils devraient s‘adonner à une agriculture modernisée avec des tracteurs et autres techniques pour améliorer la production en quantité et en qualité. Cela a eu l‘effet d‘un feu de paille à part quelques melons appelés…Goana et puis c‘est tout.
Le Président Macky Sall a lui essayé de trouver une solution à cette lancinante question de l’emploi des jeunes. La création des Domaines agricoles Communautaires (DAC) est une idée géniale qui, bien exploitée, peut aider à résorber une bonne partie des jeunes sortis très tôt de l’école mais aussi des diplômés qui pourraient être de bons entrepreneurs dans ces fermes agricoles modernes.
Ces DAC devraient être spécialisés selon les ressources agricoles où ils seraient implantés. Outre le fait qu‘il y aura de petites industries de transformation des produits sortis des DAC, on trouvera un peu de tout dans ces périmètres où une agriculture Bio peut être développée comme c‘est à la mode dans un monde à la recherche d‘une meilleure hygiène de vie. Ainsi nos produits locaux Bio seraient éligibles aux marchés étrangers avec des prix intéressants en collaboration avec des grossistes nationaux ou étrangers.
Donc, la mise en œuvre de ces DAC doit être faite en mode…Fast Track, en Wolof NA BARR! Suivez mon regard!
Il y a aussi que notre système éducatif doit être repensé de fond en comble. Des lycées agricoles doivent voir le jour partout sur le territoire national. Des Instituts de formation technique où seraient orientés le plus grand nombre de bacheliers et autres élèves n’ayant pas eu le baccalauréat. Ils y apprendraient un métier et seraient employables immédiatement. La prochaine exploitation de notre gaz et notre pétrole est une perspective intéressante pour résorber une grosse partie des chômeurs.
Et puis ce n‘est pas parce que l‘on a le baccalauréat que votre destination est l‘Université. Mais non, l’étudiant en faculté des lettres, diplômé en lettres modernes, sociologie, philosophie etc.. veut être enseignant. Est-ce tout ce beau monde va finir dans les salles de classes pour enseigner. Non! L’Etat n’a pas vocation à créer des emplois. Il met en place des facilités pour que des structures comme des usines et autres, puissent créer des emplois. Voilà comment on pourra avancer vers l’émergence.
Et puis les Sénégalais doivent avoir un réflexe patriotique dans le domaine de la consommation de nos produits locaux. On parle d’autosuffisance en riz mais si nos braves femmes rechignent à cuisiner notre plat national, le Thiébou Djeune, avec notre production locale, on donne un coup de frein à la volonté de toutes ces personnes qui emblavent des centaines d’hectares dans la vallée du fleuve Sénégal destinée à cette culture. Elles peuvent se reconvertir en cultivant….du blé. Eh oui! On a appris cette semaine que des études menées par notre Institut national de recherches agricoles (ISRA), que le Sénégal peut être producteur de blé. Cependant, Il ne faudrait pas que nos boulangers viennent nous dire que le blé étranger est meilleur que celui produit dans notre pays. Comme c’est le cas pour notre oignon local, qui selon certaines femmes, est trop gorgé d’eau, donc pas très recommandé dans la cuisson d’un bon Thieb.
A ce rythme, on se demande comment on pourra créer de gros producteurs, dans l’agroalimentaire, employeurs d’une forte main d’œuvre, pour résorber une bonne partie du chômage endémique des jeunes.
Abdou GNINGUE
Journaliste Citoyen du monde rural