Le berceau de l’humanité encore coincé entre le passé et le présent! Une autre Afrique est possible (Par Aly SALEH)
Une autre Afrique est possible…
(Par Aly Saleh)
Même si le 25 MAI est décrétée Journée Mondiale de l’Afrique, par les dirigeants africains, pour les africains…
Nous nous devons de convoquer le passé pour comprendre le présent et bâtir l’avenir, mais ne jamais être prisonnier de l’histoire.
À l’international, certains ont une image d’Epinal de l’Afrique. Nous devons plus nous préoccuper des victimes du présent que des victimes du passé,
l’Afrique n’est pas ça, la réalité est tout autre.
Même si beaucoup de choses ne vont pas en Afrique, détournement de deniers publics, corruption, mal gouvernance, éternisation au pouvoir, mépris des peuples, poltronisme, népotisme et tous les complexes du colonisé qui vont avec. Le tableau est sombre mais l’évoquer est une façon d’être optimiste.
N’évoquer que ce qui marche, serait synonyme d’accepter l’arbuste qui cache l’immense forêt, poumon d’une humanité bafouée et humiliée par les puissants.
Le 15 Avril 1958 avait jeté les bases d’une journée de conscientisation et de motivation afin que d’autres pays se libérent par eux même. C’est la journée mondiale de la liberté. L’idée étant d’affirmer la détermination des africains à se libérer de l’exploitation des puissances étrangères.
Bon nombre de chefs d’Etat n’étaient pas d’accord des dettes à contracter et voyaient les rackets dont leurs pays faisaient l’objet.
Mais que pouvaient-t-ils dire ou faire dans une Afrique francophone,lusophone, anglophone, hispanophone où la moindre opposition à la puissance anciennement colonialiste ou aux multinationales vous ferait passer de vie à trépas ou mieux destituer et exiler.
Ne faudrait-t-il pas exhorter les jeunes à ne pas juger les anciens militants ou pas et de ses réseaux sociaux puissants, nouveaux cafés du commerce, maquis où l’on refait le monde.
Chaque génération doit jouer sa partition et les nouvelles générations ne devraient plus insulter les anciennes générations. C’est une perte de temps et d’énergie, une posture inutile.
L’Afrique est encore coincée entre le passé et le présent qui en découlent. Mais nos dirigeants sont incapables d’ouvrir des voies de perspectives pour les jeunes.
Allez faisons un peu d’histoire
Le 25 Mai 1963, tous les Etats membres de l’OUA basée à Addis Abéba en Ethiopie, l’un des deux pays à ne pas avoir été colonisés, tous, sont réunis à l’invitation de l’empereur Hailé Sélassié, trente nations africaines afin que chacune appose sa signature sur l’acte de naissance de l’OUA.
C’est l’aboutissement d’un long processus débuté 5 ans auparavant à Accra pour le premier congrés des Etats africains libres sous l’égide du premier 1er ministre du Ghana d’alors Kwamé Nkrumah , c’était le 15 Avril 1958. Cette année là, Degaule est en Afrique francophone pour tenter de vendre son independance sous haute surveillance, il y parviendra.
La journée du 23 Mai 1963 est aussi le résultat des travaux et négociations
menés par les groupes de Casablanca et de Moronvia.
Le 25 Mai 1963, lorsque les pays africains libres qui ne sont que trente, décident l’instauration d’une journée mondiale de l’Afrique, une partie du continent a dejà basculé dans les pires travers du pouvoir, il est loin du 1er congés panafricain né à Londres en 1900.
Le panafricanisme n’est pas né en Afrique mais dans sa diaspora chez les descendants d’esclaves africains qui en Amérique et aux Caraibes élaborent un modéle de société, de pensée afin de construire un nouveau peuple laminé par l’esclavage colonialiste.
Le 25 juillet à londres, l’avocat trinidadien Henry Sylvester Wiliams organise la première conférence panafricaine. Etaient présents, le professeur Dubois afro-américain et Bénito Sylvaint, diplomate haitien entre autres. Décédé en 1915, ce dernier fut aussi journaliste.
En 1890 à Paris, il fonde la fraternité, organe des intérets d’Haiti et de la race noire.
Entre 1891 et 1893 , le journal reçoit même une contribution financiére de Victor Schoelcher .
Des caraibéens sont à l’origine du panafricanisme et l’aéro universel Marcus Garvey est l’un de ses plus grands représentants.
Si le 25 Mai 1963 ,tous les espoirs sont permis, si aujourdhui l’optimisme africain cotoie la haine et la colére, il nous faut rappeler un élément effectif que les classes dirigeantes africaines et les appétits des multinationales étrangeres ont tué. Je parle de la compagnie aérienne Air Afrique. Cet extraordinaire projet industriel, véritable outil d’émancipation et de souverainté né le 28 Mars 1969 a été un énorme gáchis, laissant des milliers de personnes sur le carreau le 27 Avril 2002 .
Air Afrique est le symbole d’une Afrique qui s’est mise d’accord pour ne jamais être d’accord.
Le personnel humilié puis abandonné.
Ce type d’épisode est une blessure dont les conséquences se mesurent encore aujourd’hui.
Mais une nouvelle générarion s’est levée, oui elle est parfois violente, sans filtre, impolie, a-t-elle le choix?
Lorsque Kémi Séba brûle le franc cfa son geste fait echo à un feu plus ardent encore qui consumera tout un monde, un ordre ancien, un ordre dont ceux qui reflechissent à la question ne veulent plus.
CFA ou ECO ?
Changer de nom ou changer radicalement de monnaie ne sert à rien si on reste dans le système monétaire mondial créé et contrôlé par les occidentaux. Nous serons toujours à la table de l’autre ! Nous manquons de confiance en nous et surtout de capacité à nous unir pour bâtir et donc grandir ensemble.
Nous passons notre temps à faire la moitié du chemin.
Imaginez si l’Afrique sortait de toutes les instances internationales ( Nations Unies, FMI, Banque Mondiale, OMS, Tribunal International…) pour expliquer son asservissement politique, social, industriel et monétaire.
Quitter ces organisations internationales ne veut pas dire couper les ponts.
Au contraire, le commerce continuera mais autrement, respectueux des populations détentrices des matières premières, sans l’oppression des dispositifs de contrôle des grandes puissances. C’est peut être utopique mais réaliste.
Une autre Afrique est possible, encore faut-il l’avoir imaginé…et en être conscient.
Aly Saleh journaliste/chroniqueur