L’armée privée de champs de tirs á Dakar: Le Général Mamadou Mansour SECK parle de « haute trahison »

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L’Armée n’a plus de champ de tir à Dakar. La boulimie foncière est à l’origine de l’accaparement du seul champ de tir de notre armée qui se situait à quelques encablures du Phare des Mamelles. Une situation qui exaspère l’ancien chef d’état-major général des Armées, le général Mamadou Mansour Seck, qui parle de « haute trahison contre l’Armée ». Désormais pour s’entraîner au tir, les militaires de Dakar, qui sont la composante essentielle de cette dernière en termes d’unités et de garnisons, sont obligés d’aller jusqu’à… Thiès.

 L’Armée, c’est la Grande muette. Autrement dit, même les situations exaspérantes n’y sont pas dénoncées. Elles se vivent dans la dignité et dans l’honneur dans le sillage de la devise de nos militaires : « On ne tue, on ne nous déshonore pas ». Même l’accaparement par des spéculateurs fonciers du seul et historique champ de tir situé juste sur le flanc du Phare des Mamelles, avec vue imprenable sur l’océan Atlantique, a été vécu dans un grand stoïcisme par nos « Diambars ».

Ce samedi, par le truchement du Forum social sénégalais qui organisait une manifestation de reboisement du Phare des Mamelles parrainée par la Fondation du Port de Dakar, une ronde menée autour des agissements fonciers autour du phare a permis de découvrir la triste réalité. Sur le site du champ de tir, on découvre des ouvriers qui s’affairent sur un engin Caterpillar. Un bâtiment est déjà érigé sur le site. Interdiction formelle de filmer les lieux. Cela n’empêche guère Mamadou Mignane Diouf, président du Forum social sénégalais, de révéler le forfait foncier subi par l’Armée mais aussi par le Port de Dakar. Devant celui qui fait office de chef de chantier, un certain M. Bamba Sow, ancien marin de son état, Mamadou Mignane Diouf a martelé que « ce terrain appartient au Port de Dakar, on l’a volé au Port de Dakar ». Bamba Sow de rétorquer au président du Forum social sénégalais que « Non ce terrain n’appartient plus au port et si vous dites que le terrain a été volé au Port, cela dépasse largement mes dimensions. Vous pouvez visiter sans filmer ».

 

 

Finalement, l’échange se termine par l’acceptation d’une visite par une délégation où on pouvait compter le directeur général du Port autonome de Dakar, Aboubacar Sédikh Bèye, l’ancien Cemga, le général Mamadou Mansour Seck et la militante féministe Marie Angélique Savané. « On voulait montrer que cette partie des terres du Phare constituait à l’époque un espace d’apprentissage et de formation pour les militaires. Plus précisément, il s’agissait d’un champ de tir. Vous savez qu’actuellement l’Armée n’a plus de champ de tir à Dakar. Les militaires sont obligés d’aller faire leurs tirs à Thiès. L’Armée est obligée de dépenser du carburant, déplacer des voitures, de la nourriture pour que les militaires sénégalais chargés de gérer notre sécurité puissent apprendre à tirer. S’ils ne savent pas tirer, c’est notre sécurité qui est en jeu » souligne le président du Forum social sénégalais. « Cette position à Dakar qui permettait à notre armée même nuitamment de venir apprendre à tirer, aux militaires de se lever à 5 h du matin pour venir apprendre à tirer puis se retirer tranquillement dans les casernes, cette position n’existe plus. A côté d’ici, il y a un camp militaire. Dans quel pays on peut admettre qu’un camp militaire soit submergé d’habitations sociales et civiles ? Dans l’Armée, ce qui se passe, c’est du secret » ajoute Mamadou Mignane Diouf.

« Une haute trahison contre l’Armée », selon le général Mamadou Mansour Seck 
L’ancien Cemga de 1988 à 1993, général Mamadou Mansour Seck, a conforté les positions du président du Forum social sénégalais. « Notre ami Mignane Diouf a dit l’essentiel et je crois qu’il s’est même introduit dans la stratégie militaire. C’est du culot, mais c’est un bon culot. Mais en ce qui concerne cette zone militaire où nous avons tout appris, en particulier le tir, la particularité de cette zone est l’orientation vers la mer pour que nos parents lébou n’aient pas de problèmes. La zone est surélevée. Il n’y a jamais eu d’accidents, ni de pêcheurs qui ont eu à avoir des blessures par balles. L’autre avantage, c’est que les unités de réserve générale habitent la plupart du temps à Dakar. Toutes les unités, même la Direction du Service du matériel (DSM) qui se trouve à côté du port, pouvaient venir à pied pour faire les exercices de tirs et rentrer tranquillement. On n’avait pas besoin de logistique particulière comme les camions, de l’essence. En un moment où, pour aller à Thiès surtout qu’il n’y avait pas encore l’autoroute, il fallait faire 2h pour aller et 2 h pour revenir de Thiès, cela posait des problèmes. Je me rappelle qu’il y a une dizaine d’années, avant 2012, j’ai réagi lorsqu’on m’a dit que le champ de tir a été donné par le gouvernement à un civil. Je trouvais que cela, c’est de la trahison. C’est extrêmement grave parce que les Sénégalais ne savaient pas l’importance du champ de tir. J’avoue qu’avec la sur- urbanisation, je trouve normal qu’on puisse gérer d’une autre manière les activités dangereuses, mais qu’on le fasse avec autant de légèreté et surtout au bénéfice d’un civil, c’est extrêmement grave » tonne Number One.

La militante féministe Marie Angélique Savané d’ajouter son grain de sel d’histoire. « Pendant la deuxième guerre mondiale, c’est à partir de qui était le champ de tir qu’on a défendu la ville de Dakar. Ce site a une importance historique et stratégique. C’est pour cela que Dakar et cette zone étaient un camp militaire fortifié. Vous avez partout des bataillons. C’est à partir de cette position que, lorsque Dakar a été bombardée, il y a eu une riposte. Et d’ailleurs ma mère me racontait que, lors cette confrontation, beaucoup de Dakarois s’étaient réfugiés dans la zone » confie l’épouse du célèbre l’homme politique Landing Savané. Ou faut-il dire le contraire ! Car on ne sait jamais, avec les féministes…

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