La veuve de Sankara accueillie au Burkina Faso par une foule en liesse
Pour la première fois depuis 2007 et le 20e anniversaire de la mort de son mari, Mariam Sankara est à Ouagadougou. L’ancienne première dame du Burkina Faso doit être entendue par le juge chargé d’enquêter sur la mort du jeune leader de la révolution de 1983, Thomas Sankara, assassiné quatre ans après son accession au pouvoir lors d’un coup d’Etat qui avait porté son frère d’armes Blaise Compaoré à la présidence. Ce dernier a quitté son poste le 31 octobre dernier à la suite d’une insurrection populaire.Arrivée triomphale de Mariam Sankara à l’aéroport de Ouagadougou, où des milliers de personnes sont venues l’accueillir. Cela faisait huit ans que l’ancienne première dame n’avait pas foulé le sol de son pays. Pendant près de 30 ans, lors du règne de Blaise Compaoré, elle n’avait pu le faire qu’une seule fois, en 2007, après avoir quitté le Faso avec ses deux fils pour rejoindre dans un premier temps le Gabon, puis la France, suite au coup d’Etat de 1987 dans lequel Thomas Sankara, père de la révolution burkinabè, avait perdu la vie.
Mariam Sankara, qui doit être entendue par le juge qui enquête depuis plusieurs mois sur les circonstances de la mort de son mari, participera également à la convention des partis sankaristes, qui a pour principal objectif la désignation d’un candidat pour l’élection présidentielle d’octobre 2015. La figure de Thomas Sankara, icône du panafricanisme, a été mainte fois revendiquée durant le soulèvement populaire d’octobre dernier.
Avant de repartir avec son cortège en direction du domicile familiale, sous les cris de la foule qui scandait « La patrie ou la mort, nous vaincrons ! », Mariam Sankara a rendu hommage au « courage » et à la « détermination » des « martyrs » de l’insurrection. « Je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué à cela. Ceux qui ont fait partir le dictateur Blaise Compaoré. Je suis heureuse, fière de fouler la terre du Burkina Faso », a-t-elle déclaré.
Quelques minutes plus tard, face à des milliers de jeunes venus de tous les quartiers de la capitale, Mme Sankara a tenu un meeting improvisé. « Vous avez montré qu’unis, déterminés et conscients des enjeux de votre temps, aucun pays ne peut construire son avenir sans vous », a-t-elle lancé aux jeunes. Et d’appeler le gouvernement de la transitionà matérialiser le changement voulu par le peuple burkinabè.
Pour Mariam Sankara, les autorités de la transition qu’elle a remerciées, doivent en effet « travailler pour que le changement que l’insurrection a amenés soit réel », grâce à la tenue prochaine d’élections qu’elle espère « libres, justes et transpirantes, d’où sortiront des responsables, hommes comme femmes, qui devront se soucier des préoccupations du peuple burkinabè ». Des élections présidentielle et législatives burkinabè sont prévues en octobre prochain, au terme d’une phase de transition d’un an engagée après la chute de Blaise Compaoré, dont le régime a par ailleurs longtemps fait barrage à la recherche des circonstances exactes de la mort de Thomas Sankara.