La veuve de l’ex-président Sankara entendue par la justice burkinabè le 18 mai
La veuve de l’ex-président burkinabè Thomas Sankara sera entendue par la justice le 18 mai à Ouagadougou, dans le cadre de l’enquête ouverte pour retrouver les responsables de l’assassinat de son mari, tué en 1987.
Éxilée en France depuis l’assassinat en 1987 de son époux, le président burkinabè Thomas Sankara, Mariam Sankara sera entendue le 18 mai à Ouagadougou par le juge d’instruction militaire chargé de l’enquête.
L’épouse de cet icône du panafricanisme vit à Montpellier avec ses enfants. Elle n’est retournée qu’une seule fois à Ouagadougou : en 2007, pour participer à la commémoration des 20 ans de l’assassinat de son mari.
Le capitaine Thomas Sankara, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1983, a été tué quatre ans plus tard lors du putsch qui a porté Blaise Compaoré à la tête du pays. Le régime Compaoré, renversé fin octobre par une insurrection populaire après 27 ans de règne, a toujours refusé de rouvrir son dossier.
rnUn juge d’instruction militaire a été saisi fin mars dans cette affaire, alors que les proches de Thomas Sankara demandaient depuis des années la réouverture du dossier. Le président Michel Kafando, qui a succédé à Blaise Compaoré, a promis que « justice serait rendue ».
Début avril, le juge d’instruction avait mis sous scellés la tombe de l’ex-président, marquant le début de l’instruction de ce dossier symbolique au Burkina Faso, pour lequel cinq à six chefs d’inculpation, dont ceux d' »assassinat » et de « faux en écriture », ont été retenus.
Modèle pour la jeunesse
La figure de Thomas Sankara, révolutionnaire loué pour son intégrité, a été abondamment revendiquée durant le soulèvement populaire qui a conduit à la chute du président Compaoré.
À six mois de l’élection présidentielle, la jeune génération de Burkinabè, dont la plupart n’étaient pas nés en 1987, s’est emparée du mythe Sankara. « La jeunesse du pays […] écoute en boucle ses rares discours enregistrés, s’échange sous le manteau des t-shirts à son effigie », détaillait Julien Sauvaget, journaliste à France 24, dans un reportage publié mi-avril.
Il allait alors jusqu’à comparer l’espoir né grâce au départ de Blaise Compaoré à celui « qu’avait suscité en Afrique la prise de pouvoir de Thomas Sankara ».
Début mars, le gouvernement avait déjà autorisé l’exhumation du corps de Thomas Sankara dans le but de l’identifier formellement. Ses proches doutent que la dépouille reposant dans sa tombe du cimetière de Dagnoën, à l’est de Ouagadougou, soit vraiment la sienne.