La non tenue des élections présidentielles en 2017 ne serait pas du « WAX WAXET » (Cheikh NDIAYE)
A ceux qui ne maîtrisent pas le wolof, je dis: le « WAX WAXET » est un aveu. C’est donc forcément une déclaration personnelle.
Lorsqu’une personne avance des propos et retire ses mêmes propos sans en changer ni la forme ni le fond, on dit qu’il ya « WAX WAXET ». Dans ce cas, il faut que le sujet lui-même le déclare explicitement. Et le propos prend alors l’allure et la connotation d’un « aller-retour » regrettable.
C’est dans le cadre d’une plaisanterie, d’une ambiance de détente amicale qu’on le dit. Ça c’est typiquement wolof du Baol. Président Wade avait dit clairement « MA WAXAN WAXET ».
L’atypique survient lorsque la personne s’exécute. C’était le cas du Président Wade en 2012. Le Président Wade est passé à l’acte. Et ce n’est pas wolof. En effet, le wolof exécute rarement le « MA WAXAN WAXET ». En général, c’est pour plaisanter, égayer l’atmosphère, voire marquer son remord. Sinon, le wolof prendrait trop de liberté par rapport à la morale.
Qu’en est-il du Président Macky SALL ?
On ne peut pas comparer le Président Macky au Président WADE, car les deux situations ne sont pas équivalentes pour deux arguments:
- Le Président Macky SALL n’a pas dit « MA WAXAN WAXET ». Personne ne l’a entendu !
- Le Président Macky SALL sait que la constitution est libre de toute volonté individuelle.
Président Wade a fait du « MA WAXAN WAXET » ce qui l’obligea à tenter de violer la constitution avec les conséquences connues de tous.
Président Macky n’a pas fait du « MA WAXAN WAXET ». Il souhaite simplement qu’on réduise le mandat de 7 à 5 ans par les voies légales.
Président Macky SALL conscient de l’hermétisme et de l’intouchabilité de la constitution n’a jamais promis aux sénégalais de réduire le mandant par sa volonté propre.
Sa déclaration lors de la campagne électorale présidentielle a sous-entendu une idée impossible à formuler par une longue phrase, vu la pression du moment et la rapidité du discours. Cette phrase est : « Une fois élu, je ferais peser toute mon influence de Président de la République pour proposer la réduction du mandat présidentielle de 7 à 5ans ».
C’est cela ma propre compréhension de ses propos.
Dans une allocution, il faut toujours saisir la quintessence et non le phénomène. Le phénomène est déformable tandis que la quintessence est immuable.
Ici, la quintessence est : « je vous accompagnerais à faire réduire le mandant de 7 à 5ans » et les mots interprétables et interprétés pour l’exprimer, le phénomène.
Le seul espoir que le Président Macky SALL avait c’est son influence de chef d’état générateur par excellence de lois consolidantes. C’est son rôle.
Si après son accession à la magistrature suprême il n’en reparlait plus jamais, ce serait du « MA WAXAN WAXET ». Mais, tel n’est pas le cas.
Le Président Macky SALL se débat depuis 2012 à réaliser ce projet de réduction du mandant en sondant tous les moyens juridiques légaux qui le permettent.
Donc, c’est bien du « MA WAXAN WAXAT » et non du « MA WAXAN WAXET »
Personnellement je serais très gêné s’il en était autrement.
Il faut rappeler aux populations que le Président de la République n’est pas un « Roi » qui fait et défait à volonté. La République a des routes avec des sens interdits et giratoires qui s’imposent à tous les citoyens, à plus forte raison le Président de la République gardien de la constitution.
Dans cette histoire de réduction du mandat, le Président ne peut aller au-delà de son souhait de réduction. Au-delà, l’application de la constitution s’impose à lui comme chaque citoyen.
Maintenant au peuple sénégalais de décider soit par la voie de l’assemblée nationale soit par celle du référendum. Heureusement, je ne suis pas juriste.
Ma conviction est !
- Un mandat de 5 ans est trop court dans notre contexte politique à nous dominé par la politique politicienne. Par conséquent, laissons la constitution comme elle est. Les mandats courts stressent le pouvoir et installent l’opposition et les contre-pouvoirs dans une posture d’attaque permanente espérant revenir vite au pouvoir.
- Un mandat unique de 8 ans serait l’idéal. Sachant, que 3 des 8 ans sont du déchet consacré à la réorganisation de l’état, à la formulation de projets, aux multiples corrections, etc.
- Aux prochaines élections présidentielles ne retenir que les quatre formations politiques les mieux placés et le reste des partis dissous. Le nombre de partis au Sénégal nous mène à l’anarchie.
- Il faut repenser le principe de coalition. C’est source de réduction démocratique et un moyen de chantage inacceptable pour le pouvoir
- Dire que Macky SALL sera le candidat du PS en 2017 c’est chercher à bercer le veilleur. Ces propos déroutent plus qu’autre chose. Laissons le Président gérer ses « hôtes » dans son art politique à lui et nous, membres de l’APR, faisons comme si l’APR n’avait pas d’alliés. Comptons sur nos propres forces car une coalition naît pour mourir du fait du déterminisme du génie politique qui joue inexorablement.
En Afrique, notre temps est plus politique qu’économique. Il faut inverser les choses si nous voulons sortir des affreuses difficultés sociales. Les intellectuels en ont l’entière responsabilité.
Cheikh NDIAYE
DG CICES
Maire de Lambaye