LA face cachée de Penda Ba
Sa première idylle amoureuse, elle l’a vécue avec un Cayorien. Penda Ba, 28 ans, divorcée, née au cœur du Fouta, n’a pas eu la chance, jeune, de fréquenter le ‘’daara’’ ou l’école moderne. La faute à des parents divorcés. Le journal Enquête essaye de retracer l’itinéraire de cette jeune femme qui défraie en ce moment la chronique judiciaire, après avoir enflammé la Toile d’un torrent d’insultes à caractère ethniciste.
Agnam Wouro Sira est un bourg de quelque 900 âmes, situé dans la commune ‘’des Agnam’’, ex-communauté rurale de Agnam Sivol, dans la région de Matam. Jadis caravansérail où les caravaniers marquaient l’escale dans leurs chevauchées vers les profondeurs du Dande Mayo ou du Walo, le village est aujourd’hui balafré par la route nationale n°2. A ce titre, c’est un lieu d’escale et de repos pour chauffeurs de transport public, camionneurs, ‘’bana-bana’’ et autres vendeurs de bêtes. C’est ici qu’est née et a grandi Penda Ba, la jeune dame qui défraie en ce moment la chronique judiciaire, pour s’être lâchée sur la Toile en allumant les réseaux sociaux avec une logorrhée d’insultes. Née d’un père chauffeur et d’une mère restauratrice d’Agnam Wourou Sira, la gamine a très tôt souffert du divorce de ses parents et donc de l’absence du père. La petite fille, ainée de sa mère, se retrouve dans une famille recomposée dans laquelle le père adoptif fait la navette entre Saint-Louis et Agnam.
L’enfant Penda a eu un itinéraire différent de celui des jeunes enfants de son âge. En effet, en lieu et place d’une inscription à l’école française ou à l’école coranique, c’est le très célèbre restaurant de sa grand-mère maternelle, situé au bord de la RN2, qui lui a principalement servi d’antre de socialisation. ‘’Ici, à côté de sa maman qui a plus tard remplacé sa grand-mère dans le management de ce modeste business familial, elle côtoie tout ce beau monde’’, renseigne une source qui connait bien la famille. Une vraie ouverture sur le monde pour un habitant de ce petit village, avec ses avantages et ses desiderata.
Adolescente, Penda éblouit par une beauté relevée par son teint clair hérité de son père originaire des environs de Lompoul, dans le département de Kébémer. Elle est serveuse dans le restau familial et remplace sa génitrice dans bien des tâches. Naturellement, c’est ici que la rattrape le virus de l’amour. Elle craque et s’éprend d’un jeune ‘’bana-bana’’, un Cayorien originaire de Mboro, dans la région de Thiès. Penda est prête à tout et a même un jour fait le voyage dans cette partie ouest du Cayor pour une visite aux parents de celui avec qui elle rêve de convoler pour le meilleur et pour le pire.
Malheureusement pour elle, le projet de mariage fera long feu. ‘’En raison de l’opposition des parents de son amoureux qui ne voyait pas d’un bon œil leur fils se marier avec cette ‘’inconnue’’, glisse un proche de la famille de la fille. Une déception énorme. Est-ce de là qu’elle a contracté cette haine jusque-là enfouie contre le groupe ethnique de son premier amour ? Un ami de son premier amour n’ose pas franchir le Rubicond.
Toujours est-il que, dépitée par cette première mésaventure amoureuse, Penda Ba se résout plus tard à dire oui à un parent de Galoya. Mais trop émancipée pour vivre introvertie comme femme au foyer, elle verra son ménage se briser. Retour à la case départ. Au restaurant familial à Agnam Wourou Sira. Le malheur ne venant jamais seul, sa grand-mère décède entre-temps et le business familial commence à péricliter. Alors, la jeune dame divorcée, âgée aujourd’hui de 28 ans, investit le créneau du commerce et fait la navette entre Agnam son village natal, Dakar et Mbour où elle a été cueillie par les éléments de la Brigade de recherche de la gendarmerie nationale. De la prison, elle apprendra, dans cette autre école de la vie, pour pallier les ratés de sa socialisation escamotée, visiblement à l’origine de ses délires politico-ethnicistes.
Mor Talla Diaw
Enquête