Khalifa Sall, Barth, Idy… : Wilane solde ses comptes
Dans cet entretien accordé à nos confrères de Seneweb, le député-maire de Kaffrine joue offensif. Il porte la réplique à Aïssata Tall Sall, savonne Khalifa Sall, fonce sur Barthélémy Dias et conjugue Idrissa Seck au passé…
Le Parti socialiste vient de lancer la vente de ses cartes de membre. Quel est l’objectif et comment se passe le processus ?
Nous avons la tradition de renouveler nos instances tous les quatre ans. Nous avons la culture de respecter les rendez-vous qui constituent des moments de respiration démocratique. Chaque fois que le mandat arrive à terme, il est procédé au renouvellement des instances de base. Cette carte va servir de marqueur de l’année de renouvellement des instances de base.
Il y a quelques semaines, notre leader, Ousmane Tanor Dieng, a donné des orientations pour une Nouvelle initiative politique (Nip) qui consiste, en cette année charnière, à renforcer la proximité avec toutes les composantes du parti, dans un contexte où on nous prête un sort qui n’a rien à voir avec la réalité.
De quel sort parlez et qui vous le prête-t-il ?
Cela fait suite aux mesures radicales que nous avons prises pour renforcer l’unité, la cohésion et la discipline au sein du parti. Notre formation a été amenée à exclure définitivement des camardes pour faute grave, pour dissidence et sédition. Il y en a qui, dans l’opinion, nous prédisaient un avenir sombre. Après la rencontre des secrétaires généraux des coordinations, le secrétaire général du parti a reçu les unions régionales puis, il a rencontré le mouvement des femmes. Ce dernier avait fait le pari de prouver qu’aujourd’hui, plus que par le passé, notre formation est le premier parti de ce pays. Le parti le plus structuré, le plus massif. Et ce défi a été relevé. Aussi, ce jour-là, il était question, pour les femmes, de rendre un hommage à Tanor Dieng. Mais comme nous sommes un parti qui doit respecter ses rendez-vous avec lui-même, avec la démocratie et avec l’opinion, il fallait trouver un prétexte pour procéder au lancement de la vente des cartes. C’est ainsi que nous avons saisi cette opportunité où il y avait les femmes des 138 coordinations. Ce jour-là nous avons rassemblé pas moins de 6500 femmes. Et nous en avons profité pour lancer la vente des cartes.
Comment va se dérouler la vente de cartes ?
Cette année cette vente des cartes va se dérouler en même temps que le recensement de nos militants. Nous avons édité 300 000 cartes. Chaque membre du parti doit donner une copie de sa carte d’identité biométrique et spécifier son comité localisé géographiquement dans sa section, dans sa coordination et dans son département. Et nous avons exigé, sur la base d’une circulaire, que désormais, les cartes soient mises à la disposition des secrétaires généraux des coordinations. Charge à eux de les mettre au niveau des sections. Et tout en gardant l’ancienne méthode de recensement, nous avons décidé de constituer la base de données numérique. Parce que nous voulons reconstituer notre fichier central. Ce fichier central est une innovation dans sa numérisation. Une fois qu’on aura un fichier total, sécurisé et fiable du parti, on peut désormais avoir un candidat ou un leader de parti élu au suffrage universel direct des militants. Mieux, on peut même envisager des primaires qui seront organisées dans le cadre d’une votation qui implique la participation citoyenne. Aussi, la vente des cartes doit être un fort moment d’animation, de mobilisation et de massification.
« Incontestablement, le Ps est le premier parti du Sénégal. Mais notre posture exceptionnelle du moment, fait que nous sommes dans une situation délicate. »
Vous disiez que vous êtes le premier parti de ce pays et le parti le plus massif. Devant l’Apr ?
Théoriquement et symboliquement, tous les partis se valent et sont d’égale dignité. Parce que les partis ont les mêmes missions. Mais à chaque fois qu’on compare, il y a des gens qui sont malheureux, qui sont frustrés. Le Ps, s’il bouge, c’est tout le Sénégal qui se remue. Incontestablement nous sommes le premier parti politique de ce pays. Maintenant, notre posture exceptionnelle du moment, ou de ces dernières années, jamais vécue, fait que nous sommes dans une situation délicate. En 2012 nous avions un projet et un candidat. Mais nous avions pris l’engagement, devant l’histoire, que si nous n’arrivions pas à positionner notre candidat au deuxième tour, nous voterions et soutiendrions, sans conditions, le candidat le mieux placé de l’opposition. Et la coalition Benno bokk yaakaar (Bby) s’est révélée être une chance pour le Sénégal.
En quoi est-elle une opportunité ?
L’opportunité d’asseoir des bases larges unifiées pour une gouvernance stable. Le contexte nous y a confortés. Parce que les défis, liés au terrorisme, à la perspective d’avènement d’un pays qui s’appellera désormais ‘‘Sénégal pétrolier », un ‘‘Sénégal gazier », avec tout ce que cela comporte comme risques et enjeux, militent en faveur de l’existence, au Sénégal, d’un régime qui gouverne sur la base d’une base politique forte et loyale. Donc l’idée de gagner ensemble et de gouverner ensemble, lancée par le Président Macky Sall et acceptée par nous, comme par toutes les composantes de Bby, nous a permis d’être ensemble pendant plus de 5 ans. Évidemment, toute composante de Bby a l’impératif devoir de se renforcer, de se massifier. Nous, en nous séparant des feuilles mortes, des camarades indélicats ou délicats, c’est selon, nous nous sommes renforcés. Et nous allons nous ouvrir à de nouveaux militants. De nouveaux souffles.
« Nous avons vu Idrissa Seck, à qui le Sénégal avait donné une chance exceptionnelle. Qu’en a–t-il fait ? Il a ‘thiessisé’ toutes les opportunités. »
Au Ps de la présentation que vous avez faite, le Ps ne doit-il pas avoir un candidat 2019 ?
On a été élus pour apporter des ruptures qualitatives, pour apporter des innovations amélioratrices dans le vécu des Sénégalais. Et sous ce rapport, si nous voulons aller vers l’avenir, il faudra, bien évidemment, dans le Ps comme dans la coalition Bby, qu’on évalue. Evaluer c’est une bonne chose. La Critique et l’autocritique dans un esprit de construction, c’est une formidable chose. Et il arrivera un moment où nous tirerons les enseignements et nous allons évaluer. Et le parti, le moment venu, pour la présidentielle de 2019, évaluera et verra ce que nous allons faire. Mais de toute façon, nous avons des idées de programme, nous avons de l’ambition pour ce pays.
Quelle est la grille d’évaluation ?
C’est très simple. Ce que nous faisons, nous le faisons pour le Sénégal. Si les réformes initiées de manière inclusive, adoptées, assumées collectivement, mises en œuvre par le gouvernement, tant dans le domaine de l’éducation, de la santé, de la formation, dans l’enseignement supérieur, dans l’environnement, bref dans tous les secteurs de gouvernance, si nous pensons qu’elles vont dans le bon sens, tenant compte des objectifs globaux du Pse, on dira qu’ensemble on a bien fait.
Et dans le cas contraire ?
Si nous n’étions pas d’accord- je ne l’envisage peut-être pas, mais ça peut arriver-, nous sommes une composante de Benno. Nous faisons ce que nous devons faire au sein de notre parti. Mais je suis sûr et certain que dans les autres composantes de la coalition, les gens font le même exercice. Parce que ce qui nous unit c’est le Sénégal. Et il faut qu’on évalue.
Que répondez-vous à Idrissa Seck, qui invite Macky Sall à un débat public ?
Il est dans son rôle et c’est de bonne guerre. Monsieur Seck a envie de se positionner comme le vis-à-vis du régime. Aujourd’hui il veut sortir de l’ordinaire, mais Idrissa Seck n’est pas un homme neuf. Sa manière de faire de la politique, ses offres programmatiques sont périmées et déphasées. Nous avons vu Idrissa Seck, à qui le Sénégal avait donné une chance exceptionnelle. Qu’en a-t-il fait ? Il a « thiessisé » toutes les opportunités. Si Idrissa Seck, pour exister, fait des bravades, des effets d’annonce, pour nous inviter à un débat, je lui dis très simplement et très fraternellement, que nous avons compris son jeu et que son jeu est cousu de fil blanc. Il cherche à être intéressant, mais il ne l’est pas pour nous.
« J’ai commis quelqu’un qui suit le procès Khalifa Sall minute par minute. Il est spécialiste de la prise de notes. J’ai demandé aussi à des psychologues de suivre les débats. »
Comment appréciez-vous le déroulement du procès de Khalifa Sall ?
En tant que citoyen, en tant que parlementaire je n’ai pas envie de faire quelque commentaire que ce soit sur une affaire en cours de traitement dans le cadre d’un procès. Et ce procès, dans la forme d’expression, à mon avis, il est équitable parce que c’est un procès contradictoire. Si nous pensons être dans notre droit, quel que soit le bord dans lequel on est, défendons-le dignement. Mais les débats genre déballages, accusations tous azimuts et souvent sans fondements, l’évocation de mots genre « Je ne vais pas être le seul à être sali », la convocation d’éléments de chantage psychologique et moral genre « j’ai envie de me suicider », ou c’est irresponsable ou c’est parce qu’on sent que les choses sentent le roussi.
En tant que maire, quels enseignements tirez-vous de cette affaire, qui concerne un de vos collègues ?
J’écoute ce qui se dit dans ce procès. J’ai même commis quelqu’un qui suit ce procès minute par minute. Il est spécialiste de la prise de notes. Et je lis et apprend de ce que chacun dit dans ce procès. J’ai demandé aussi à des psychologues de suivre ce débat pour m’en dire ce qu’il faut en retenir. En réalité, notre pays vit des moments intéressants. Maintenant au-delà de l’émotion, nous sommes des êtres humains, nous avons un cœur, des souvenirs, mais ce qui est le plus important c’est ce qui se passe actuellement, pour l’avenir. En tout cas, voilà ce que je veux dire. Il y a plein de mensonges, de déclarations à l’emporte-pièce.
« Barthélémy Dias a une démarche fourbe, il est tout sauf loyal. »
Barthélémy Dias affirme que c’est Tanor Dieng qui lui a dit en premier qu’il existait des fonds politiques à la mairie de Dakar. Est-ce vrai ?
Je l’ai entendu. De deux choses l’une : ou bien ce garçon ne comprend pas français, ni Wolof, parce qu’il ne sait pas écouter, ou parce qu’il n’a pas suffisamment de jugeote pour comprendre suffisamment ce qu’on lui dit, ou encore bien il est malhonnête. Quand il dit que c’est Ousmane Tanor Dieng qui lui a appris, pour la première fois, qu’il y avait des fonds politiques à la ville de Dakar et qu’il faut en faire bon usage, qu’il faut gérer cela à bon escient, qu’il faut mériter la confiance des populations dakaroises, il doit savoir que Tanor lui a donné un conseil sage et lui a demandé de le porter auprès de son grand frère bien aimé qu’il prétend défendre alors qu’en réalité il prêche pour sa paroisse. Voilà quelqu’un qui a une démarche fourbe, il est tout sauf loyal. Barthélémy fait partie de ce lot d’hommes politiques qui sont des anti-valeurs, de mauvais exemples. C’est pourquoi j’ai dit que c’est une greffe mal réussie dans le Ps.
Récemment Aïssata Tall Sall a dénoncé le mutisme d’Abdou Diouf sur la crise au Ps. A-t-elle raison ?
C’est vraiment lâche. Les attaques de cette dernière contre le Président Diouf c’est vraiment lâche. Et croyez-moi, le Président Macky Sall et les acteurs politiques avec lesquels nous sommes en situation, n’ont pas trop beaucoup de respect pour certains au regard de ce qu’ils disent ou font contre Tanor, contre Abdou Diouf, et tenant compte de la façon dont Diouf et Tanor les ont gérés dans le passé. En politique il y a de la morale.