HIDALGO: Avant le coach, Il y’avait le joueur
Michel Hidalgo nous a quittés, alors que certains d’entre nous soignaient leur manque de foot en regardant sur YouTube les plus beaux matchs de ses Bleus. Si personne ne contestera que sa principale trace dans l’histoire du football français résidera dans son rôle de sélectionneur qui conjura la malédiction de notre sélection nationale, d’autres se souviendront aussi qu’il fut un très bon joueur, ayant notamment connu l’ivresse de la première finale de Coupe d’Europe des clubs champions.
Un parcours exemplaire, mais ordinaire
Au lieu de cela, ses quatorze saisons sur des crampons, si elles demeurent respectables, et même plus, demeureront à jamais dans l’ombre et certainement sans comparaison avec ce qu’il va accomplir par la suite pour le pays. Naturellement, il demeure aujourd’hui une des figures emblématiques du grand Reims, mais aussi l’un des héros d’une des époques bénies de l’ASM, et une source de fierté pour les amoureux du HAC où il avait commencé sa carrière. Avec un palmarès qui en ferait pâlir d’envie plus d’un, même aujourd’hui. Seul petit manque : une équipe de France qui ne lui offrit qu’une seule cape.
Son itinéraire débute en 1952, sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Michel est le fils d’un ouvrier espagnol immigré, installé du côté de Mondeville, pas loin de Caen. La reconnaissance dans la société normande se fait par le ballon rond, qui offre déjà à l’époque une issue à l’appel du travail à la chaîne, tout comme elle évitera une vie dans la mine à son futur coéquipier et grand ami Raymond Kopa. Il apprend le métier au sein de l’US Normande avec son frère jumeau Serge, qui ira ensuite tenter sa chance du côté de Rennes. Michel débarque donc en 1952 au HAC où il découvrira un professionnalisme encore balbutiant et surtout les affres d’une relégation.
Son coup de chance tiendra dans son transfert au Stade de Reims. Là, il peut se frotter aux meilleurs attaquants parmi ses contemporains : Jean Templin, René Bliard et surtout Raymond Kopa. Son modèle. Son ami, dont on nous dit que la disparition l’avait profondément marqué. Son sens du dribble et sa vivacité, les deux qualificatifs qui reviennent le plus souvent à son égard dans la presse, lui permettent de se faire une petite place dans ce onze de rêve, y compris quand il doit faire des allers et retours en train pour cause de service militaire (pas de privilège alors pour les stars des pelouses). Jusque donc cette finale perdue contre le Real en 1956, qui aurait sûrement pu changer le destin de notre petit championnat de seconde zone européenne. Il en sera différemment.
Les belles années de l’ASM et l’unique cape
Après Reims, en 1957, il débarque du côté de Monaco, qui est en train de se construire une équipe ambitieuse. Changement de climat et de vie. L’opportunité, aussi, de vivre sûrement ses plus belles saisons, notamment en tant que capitaine. C’est l’apprentissage des responsabilités, sous la direction de Lucien Leduc, qui sera un exemple pour lui, comme ont pu l’être Batteux ou Kovács. Sous le maillot monégasque, il va garnir son palmarès personnel de deux championnats de France (1961 et 1963) et de deux Coupes de France (en 1960 contre l’ASSE, et en 1963 contre l’OL, pour un doublé Coupe-championnat).
C’est justement au cours de cette période dorée qu’il va connaître son unique sélection en équipe de France, le 5 mai 1962. Et encore, c’est un coup de chance. À la base, Hidalgo est sélectionné pour jouer avec l’équipe de France B, tandis que la A doit disputer un amical contre l’Italie. À quelques jours de la rencontre, un joueur se blesse et doit déclarer forfait. Georges Verriest, le sélectionneur, décide donc d’appeler Michel Hidalgo pour pallier cette absence. Il entrera en jeu à la mi-temps et disputera donc 45 minutes, aux côtés de son copain Kopa. Ses seules minutes en maillot bleu ! Il mettra finalement un terme à sa carrière de joueur en 1966, après avoir disputé 369 matchs en Division 1. Fin d’un premier chapitre. Deux ans plus tard, il s’assoit sur le banc du RC Menton. Le début d’une nouvelle histoire.
PAR NICOLAS KSSIS