Guerre au Soudan: Human Rights Watch dénonce les exactions commises par les deux belligérants
Dans un rapport publié mercredi 28 août, parcouru par Rfi, l’ONG Human Rights Watch (HRW) pointe du doigt les exactions et les crimes de guerre perpétrés par les deux belligérants de la guerre au Soudan.
Dans un nouveau rapport sur les exactions commises par les deux belligérants de la guerre au Soudan, HRW a étudié des vidéos et des photos, prises par les combattants eux-mêmes, avant d’être diffusés sur les réseaux sociaux, afin de démontrer l’étendue de ces exactions. Ces images témoignent de pratiques de torture et montrent la déshumanisation des victimes, vivants ou morts.
Cette tendance à se filmer en train de commettre de tels actes est observée dans tous les États qui connaissent des affrontements au Soudan, affirme Laetitia Bader, directrice adjointe de la division Afrique de Human Rights Watch. « Ce que l’on documente dans ce nouveau rapport, ce sont des exécutions sommaires, de la torture, de la déshumanisation des individus. Ce seraient surtout des militaires, soit de l’armée soudanaise, soit des Forces de soutien rapide. Elles commettent ces exactions – qui sont des crimes de guerre – envers des individus, perçus comme étant des militaires qui ont détenu sous leur contrôle. Mais on a aussi vu des individus qui étaient dans des tenues civiles, précise Laetitia Bader. Et les preuves qui sont mises en avant sont terribles. On voit les deux parties belligérantes qui disent des commentaires, qui maltraitent physiquement, qui déshumanisent ceux qu’ils ont détenus. Et on voit des cas où, une fois que les individus sont morts, ils continuent cette déshumanisation. »
«Il faut que les responsables de ces crimes soient sanctionnés »
En dépit des engagements pris par les deux parties de la lutte d’épargner les civils soudanais, les exactions se poursuivent, encouragés par l’impunité totale des responsables de ces crimes de guerre. HRW a notamment remarqué que les codes de bonne conduite de l’armée et des Forces de soutien rapide ne sont jamais appliqués sur le terrain.
« Les Forces de soutien rapide avaient présenté un code dans lequel elles prohibaient le maltraitement des personnes sous leur détention. Mais ce qu’on voit très clairement ici, c’est qu’il y a eu une déconnexion complète entre ce qui serait sur papier – les codes de conduite de ces Forces – et leur comportement. Ces types d’exactions ont eu lieu depuis le début du conflit et ont eu lieu dans beaucoup de différentes régions. Donc, il ne s’agit pas seulement d’une unité ou d’un commandant, ajoute directrice adjointe de la division Afrique de HRW.
HRW interpelle l’ONU et la communauté internationale, afin de mener des enquêtes indépendantes pour établir les responsabilités de ces exactions, et demande des sanctions contre les responsables.
« C’est pour ça que l’on appelle à la communauté internationale et régionale, et notamment les médiateurs, de s’assurer maintenant qu’on ne prend pas pour fait les promesses qui sont faites, mais qu’il faut absolument mettre en place des systèmes de monitoring de ces promesses. De notre point de vue, il faut d’abord s’assurer qu’ils continuent à y voir des enquêtes internationales sur le Soudan. Mais il faut aussi qu’il y ait des conséquences plus immédiates et il faut absolument que ceux qui sont responsables de ces crimes soient aussi sanctionnés », conclut Laetitia Bader.
Rfi