Guédiawaye entre espoirs déçus et féfis à venir: Que faut-il attendre du Maire Ahmed Aïdara ?
Depuis l’élection d’Ahmed Aïdara à la tête de la mairie de Guédiawaye, une commune d’une importance stratégique au Sénégal de par sa superficie et sa population, l’enthousiasme initial des citoyens semble s’essouffler. Cet ancien journaliste et propriétaire d’une chaîne de télévision privée, connu pour ses prises de positions antérieures vis à vis de Macky Sall, son régime et sa famille, avait réveillé de grands espoirs.
Cependant, moins d’un an après son investiture, il fait face à une avalanche de critiques qui remettent en question sa gestion de la ville. Cette situation suscite des interrogations profondes sur sa capacité à gouverner efficacement une municipalité aussi complexe et dynamique que Guédiawaye. Les attentes étaient particulièrement élevées après la destitution d’Aliou Sall, frère de l’ancien président Macky Sall, et la population espérait une gouvernance plus transparente et plus orientée vers le progrès.
Un Leadership en Question
Ahmed Aïdara porté par la coalition Yéwi Askane Wi s’était positionné comme l’homme du changement lors de la campagne électorale pour les locales, promettant de rompre avec la gestion opaque et tant décriée de son prédécesseur, Aliou Sall. Cependant, une fois élu, il semble que la réalité de la gouvernance locale s’est révélée plus complexe que prévue. Beaucoup de citoyens reprochent à Aïdara de ne pas être suffisamment présent sur le terrain. Les défis auxquels Guédiawaye fait face ne manquent pas : une urbanisation rapide qui dépasse souvent les capacités d’infrastructure, une gestion des déchets inefficace qui pèse lourdement sur la qualité de vie des habitants, et des services publics toujours inefficace et peu accessibles, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des transports.
Ces manquements sont plus que frustrants car la population avait nourri de grandes attentes, espérant voir en Aïdara un leader capable de résoudre les problèmes urgents de la ville.le maire semble davantage concentré sur ses activités médiatiques, une critique qui revient régulièrement dans le discours de ses opposants. Il est reproché à Aïdara d’utiliser son statut d’homme des médias pour rester visible et soigner son image plutôt que de se consacrer pleinement à ses fonctions municipales. Cette situation accentue la perception d’un décalage entre les promesses de la campagne et la réalité de sa gestion.
Certains observateurs, allant plus loin, avancent l’idée que le maire aurait bénéficié d’une influence mystique pour obtenir la confiance des électeurs, tant le contraste entre les attentes et ses actions semble frappant. Une hypothèse qui reflète la déception et l’incompréhension de ceux qui l’ont soutenu, mais qui doutent désormais de sa capacité à exercer pleinement ses responsabilités.
Un Retour en Arrière ?
La déception vis-à-vis d’Ahmed Aïdara est d’autant plus marquante que Guédiawaye a, par le passé, montré sa détermination à rompre avec une gestion municipale jugée défaillante. En évinçant Aliou Sall, la ville avait envoyé un signal fort, aspirant à une gouvernance plus proche des citoyens et plus transparente. Mais à l’heure actuelle, une partie des électeurs commence à s’interroger sur l’avenir de la commune sous l’administration d’Aïdara.
Les critiques répétées sur l’absence d’actions concrètes et durables alimentent un sentiment de lassitude chez une partie de la population. Beaucoup craignent que la ville ne se retrouve à nouveau dans une situation où la politique de façade, largement centrée sur la communication et l’image, ne prenne le pas sur les efforts nécessaires pour améliorer les conditions de vie des citoyens. La gestion des infrastructures, l’accès aux services publics de base et la création d’opportunités économiques locales sont autant de pistes négligées qui auraient pu faire l’objet d’une attention accrue.
Cependant, il serait hâtif de considérer que Guédiawaye est condamnée à l’échec. L’espoir reste permis, à condition qu’Ahmed Aïdara prenne conscience des enjeux et rectifie son approche. S’il parvient à s’engager plus pleinement dans ses fonctions de maire et à recentrer ses priorités sur les véritables défis de la ville, il pourrait encore regagner la confiance de ses administrés. L’histoire politique récente de Guédiawaye montre que la ville n’hésite pas à exiger des comptes de ses dirigeants, et il est peu probable qu’elle tolère longtemps une gouvernance qui ne répondrait pas à ses attentes.
Guédiawaye : Manque de Fils Capables ou Problème de Leadership ?
La question du leadership à Guédiawaye va bien au-delà de la simple personnalité d’Ahmed Aïdara. Cette ville, riche en talents et en potentialités, n’est pas en manque de fils capables de diriger efficacement une mairie. Le problème semble davantage résider dans le manque de confiance à ces talents locaux, souvent éclipsés par des figures plus médiatiques. L’élection d’Aïdara n’était pas basée sur son charisme ou sa popularité, mais plus sur l’espoir qu’il représentait pour un changement réel. Il s’agissait d’une confiance placée en un homme perçu comme proche des préoccupations du peuple, mais encore faut-il qu’il soit à la hauteur de cette attente.
La grande question demeure de savoir si Ahmed Aïdara saura tirer parti de la confiance que les électeurs lui ont accordée pour conduire à bien les missions qui lui incombent. S’il ne parvient pas à incarner le leadership que la ville attend, Guédiawaye pourrait une nouvelle fois être contrainte de miser sur une autre génération de leaders, mieux ancrés dans les réalités locales et plus disposés à engager les réformes nécessaires.
Une Ville en Attente
Guédiawaye, malgré ses ressources humaines et économiques, se trouve aujourd’hui à un carrefour. La ville attend encore que ses dirigeants traduisent les promesses de changement en actions concrètes. Si Ahmed Aïdara ne parvient pas à répondre aux attentes de sa population, il est fort probable que les citoyens, comme ils l’ont fait avec Aliou Sall, exigent des comptes et n’hésitant pas à réclamer un changement de cap. Guédiawaye a prouvé par le passé qu’elle pouvait se mobiliser pour faire entendre sa voix, et il serait imprudent de sous-estimer la capacité de ses habitants à réclamer une gouvernance à la hauteur de leurs aspirations.
Pour l’heure, il appartient à Ahmed Aïdara de montrer qu’il peut être plus qu’un simple homme de médias. La population de Guédiawaye attend de lui qu’il devienne un acteur véritable du développement local, capable de transformer les espoirs en réalités palpables. Le temps presse, et la patience des électeurs n’est pas infinie.
Mamadou Lamine TOURÉ Diplômé de Journalisme de l’école supérieure de journalisme de Lille