Groupe SSPP Le Soleil : Espoirs, frayeurs et appréhensions accueillent Yakham Mbaye

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Avec la tenue, hier, de son Conseil d’administration, et la passation de service entre le Directeur général entrant, Yakham Mbaye, et le sortant, Cheikh Thiam, prévue demain, le quotidien national gouvernemental Le Soleil, lancé en mai 1970, va entrer dans une nouvelle ère de sa longue marche marquée par des mues et des secousses. 

Pour ce descendant de Paris-Dakar, hebdomadaire en 1933, puis quotidien en 1936, rebaptisé Dakar-Matin une année après l’Indépendance, cette nouvelle ère cristallise des espoirs et des appréhensions au regard du passif que traîne l’entreprise, mais aussi et surtout de la personnalité de celui qui vient d’être placé aux commandes par le Président de la République. Le nouveau Directeur général, Yakham Mbaye, ancien Secrétaire d’Etat à la Communication (juillet 2014 à septembre 2017), et surtout membre du Secrétariat exécutif national (Sen) de l’Alliance pour la République (Apr).

Une nomination inédite

Ceux qui voient d’un mauvais œil cette arrivée, pronostiquant le retour à un Soleil plus politique, pour ne pas dire inféodé au pouvoir, pointent une nomination dont le caractère inédit, à plus d’un égard, est manifestement porteur d’un message politique du Président de la République.
Car, depuis sa naissance, les patrons du quotidien gouvernemental ont été nommés par le Conseil d’administration, sur recommandation de la tutelle, le ministère de la Communication. Il en fut ainsi avec les sept prédécesseurs du nouveau Directeur général : de Aly Dioum (1970-1974) à Cheikh Thiam (2009-2017), en passant par Bara Diouf Diouf (1974-1988), Alioune Dramé (1988-1994), Ibrahima Gaye (1994-2000), El Hadj Kassé (2000-2005) et Mamadou Sèye (2005-2009).
Mais, cette fois-ci, le Président Macky Sall a pris directement un décret en réunion du Conseil des Ministres, le 06 décembre dernier, pour nommer Yakham Mbaye Directeur général de la Société sénégalaise de presse et de publications (Sspp) éditrice du Soleil dont il devient le Directeur de publication.

L’antithèse de son prédécesseur

Une situation exceptionnelle et inédite à laquelle s’est conformé le Conseil d’administration réuni, hier, en procédure d’urgence. A l’unanimité, ses onze membres n’ont retenu qu’un seul des six points de l’ordre du jour proposé par le Directeur général sortant : prendre acte de la décision prise par le Président de la République.
L’autre complainte émise par ceux que l’arrivée de Yakham Mbaye effraient, renvoie au fait qu’il a deux points communs avec l’emblématique et très politique feu Bara Diouf, plume armée du premier Président du Sénégal : le premier est proche du Président en exercice et membre du Bureau politique du parti au pouvoir, comme le fut le second.
Last but not least, si le Directeur général sortant, Cheikh Thiam, a été jugé trop timoré, pacifiste et conciliant jusqu’à encourager, sans le vouloir, les syndicalistes à le harceler sans répit, avec Yakham Mbaye, ça promet des étincelles. Il traîne la réputation d’un sanguin et d’un bagarreur teigneux. Aptitude qu’il a démontrée étant patron de presse, puis lorsque le Président Macky Sall l’a fait entrer en politique. Cependant, nombreux parmi ceux qui l’ont pratiqué dans les rédactions, le décrivent comme un anticonformiste doté d’une grande capacité d’écoute et qui n’a pas des manières de Dg.
Aussi, tant au niveau de ses détracteurs que de ses supporters, l’ancien Secrétaire d’Etat à la Communication convainc sur ses capacités à pouvoir tirer Le Soleil de l’ornière. En effet, ses états de services plaident en sa faveur.

Plus de 04 milliards de budget, une masse de problèmes

Avant d’entrer au gouvernement en 2014, au terme de dix-neuf ans de pratique du journalisme, il a dirigé, entre 2000 et 2010, comme Directeur général et Directeur de publication, plusieurs organes de presse : Le Tract, L’Info7, 7Fm et Le Populaire, quotidien qu’il a porté au zénith, tout en sauvant du dépôt de bilan la société mère, le groupe de presse Com7 fort de près de deux cents employés. En 2010, il démissionne de la direction de cette entreprise de presse pour fonder, un an plus tard, la sienne, qui édite le quotidien Libération habitué aux scoops dirigé par son ami de longue date, Cheikh Mbacké Guissé.
Mais, selon certaines indiscrétions, au Soleil, il retrouvera une situation plus carabinée à plus d’un titre : un tirage qui a drastiquement chuté ; une situation financière très peu reluisante ; des dysfonctionnements alarmants (pas d’états financiers depuis 2015, non tenue du Conseil d’administration depuis 2016) ; une masse de contentieux sociaux et juridiques ; un personnel, surtout administratif, pléthorique. En effet, avec le rachat de l’Agence de distribution de presse (Adp), l’année dernière, d’une imprimerie de dernière génération gérée par sa filiale Graphisol, la Sspp Le Soleil relève d’une gestion très lourde.
Il n’en demeure pas moins qu’avec un énorme potentiel humain, la subvention annuelle de l’Etat (près neuf cent millions de francs Cfa) dont on annonce la hausse conséquente, et des recettes (publicitaires principalement) de plus de trois milliards de francs Cfa, l’opération de redressement du Soleil ne doit pas être une mission impossible pour Yakham Mbaye.

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