Gabon : Jean Ping appelle ses partisans à une «résistance active»
Le bras de fer continue au Gabon entre pouvoir et opposition. Ce jeudi 29 septembre, Jean Ping s’est de nouveau adressé à ses partisans. L’opposant reste toujours sur ses positions.
Alors que coup sur coup, son camp a subi le verdict de la Cour constitutionnelle et l’investiture d’Ali Bongo, Jean Ping résiste et lance même une offensive. A son domicile, devant les caméras et ses partisans rassemblés autour de sa piscine, l’opposant est arrivé sourire aux lèvres, en esquissant quelques pas de danse. Mais dès qu’il a pris le micro à la tribune, le ton a changé. Il a de nouveau dénoncé ce qu’il appelle un « coup d’Etat militaro-électoral » du pouvoir. Et il a affiché sa détermination à assumer ses responsabilités de président élu.
Jean Ping a donc campé sur ses positions. Il ne reconnaitra pas la victoire du président Ali Bongo qui, dit-il, a les mains souillées du sang des Gabonais. Quant au gouvernement d’union proposé par le pouvoir, sans surprise, il l’a balayé d’un revers de main. « Quel dialogue ? Avec qui, et dans quel but ? Voilà quelqu’un qui a été désavoué par le peuple et battu par les urnes, qui demande à celui à qui il a volé l’élection de venir dialoguer avec lui. Il le demande de surcroit le revolver sur la tempe, les hélicoptères d’attaque et les Mirage volant à basse altitude au-dessus de nos maisons. Nous n’irons à aucun dialogue sous l’égide de cet imposteur », a lancé Jean Ping.
Ces propos contrastent avec ceux prononcés quelques heures plus tôt par le nouveau Premier ministre. Emmanuel Issoze-Ndonget a confirmé que son équipe serait dévoilée dimanche. Il déclare que les contacts sont en cours en vue de former un gouvernement d’ouverture. « J’ai été instruit de proposer un gouvernement largement ouvert aux forces vives de la nation qui répondent aux exigences d’une République plus juste et plus solidaire. Les consultations relatives sont en cours, en particulier avec toutes les forces politiques du pays, ainsi qu’avec la société civile », a indiqué Emmanuel Issoze-Ndonget.
A l’inverse, Jean Ping appelle les Gabonais à une « résistance active ». Pour lui, le peuple doit faire obstacle « avec la plus grande détermination » à ce qu’il nomme « cette nouvelle imposture ». Jean Ping estime que les victimes des violences ne doivent pas être mortes pour rien.
Pour autant il demande un engagement dans le respect des normes internationales en matière de démocratie et en accord avec l’éthique républicaine. Il a donc listé une série d’initiatives. Il a invité le peuple à observer le 6 octobre une journée nationale de recueillement pour les morts et de compassion pour les familles endeuillées.
Jean Ping n’exige plus seulement de la communauté internationale qu’elle prenne ses responsabilités ; il lui demande cette fois des sanctions ciblées contre les responsables du « coup d’Etat militaro-électoral ». Il invite même les organisations humanitaires et la procureure de la CPI à venir au Gabon enquêter sur les violations des droits de l’homme. En sachant bien que le gouvernement vient justement de déposer un dossier en ce sens à La Haye.
Enfin, Jean Ping veut prendre la main sur la politique d’ouverture. Il propose donc un dialogue national inclusif organisé à son initiative. Se considérant comme président élu, c’est lui dit-il, qui doit œuvrer à la réconciliation.