Ferdinand Coly : « Je vais foutre le bordel »
L’ancien latéral des Lions Ferdinand Coly promet de mener la vie dure à Saliou Samb, le président du Stade de Mbour et président du Conseil départemental de Mbour, son associé en affaires contre qui il a porté plainte pour «abus de biens sociaux».
«Ça fait quatre ans qu’on essaie de négocier. Après avoir nettoyé tout ce dossier, mon devoir aujourd’hui, est d’alerter, prévient l’ancien international sénégalais dans L’Observateur de ce jeudi. Avant d’en arriver là, j’ai fait le tour des autorités étatiques. (…)
Malheureusement, aucune réaction. Maintenant, il faut aller au combat. À lui de répondre devant la justice. J’ai fait ce que j’avais à faire et attends la confrontation avec impatience. Je n’ai rien à perdre. J’ai un avocat, j’ai les dossiers, chacun prendra ses responsabilités. Je ne suis pas le seul dans cette affaire ; il y a des Italiens, un Suédois, un Français et d’autres personnes. Ils vont tous débarquer au Sénégal. Il y aura d’autres scandales. Je vais foutre le bordel ! »
Coly, qui réclame plus d’un milliard à Samb, a déposé sa plainte au mois de septembre 2015. Ce dernier, confie-t-il au journal, l’aurait contacté en 2009 pour relancer les activités de ses sociétés en faillite. Ils créent Blue Trade, qui s’active dans la transformation de produits de mer. Saliou Samb est l’actionnaire principal avec 34 % des parts de l’entreprise.
Coly et Mamadou Niang, un ancien Lion aussi, prennent chacun 33 %. Niang verse 335 millions et la société contracte un prêt à Ecobank (594 millions selon Coly, 400 millions selon Samb). Tout roule jusqu’à ce que Coly constate des anomalies. L’ancien Lion affirme que le patron du Stade de Mbour se fait remarquer par sa « gestion gabegique et désastreuse » de la société.
Qu’il faisait virer les fonds dans une autre banque que celle initialement retenue pour ces types d’opérations. Que des clients, ayant déjà versé leur argent, n’ont jamais obtenu les produits commandés. Et que, pour 70 millions de francs CFA, le mis en cause a vendu la machine à glace de la société à son frère, sans l’aval de ses associés. La coupe était pleine pour l’ancien défenseur.
Interrogé par L’Observateur à son tour, Saliou Samb estime qu’il n’y a pas eu escroquerie, mais plutôt une affaire qui n’a pas marché. Il précise d’abord qu’il n’est pas allé vers Coly, mais que c’est l’ancien international sénégalais qui l’a sollicité pour « faire du business » alors qu’il n’avait pas de liquidités. « Qu’est-ce qu’on fait ? » lui aurait demandé Coly. Ils mettent à contribution Mamadou Niang et trouvent un prêt à Ecobank.
Pendant deux-trois ans, tout roule. Jusqu’au jour où ils perdent plus de 300 millions dans une opération en Côte d’Ivoire à cause de la détérioration du produit (30 conteneurs de poisson). Acculé par la banque, qui menaçait de saisir son immeuble, mis sous hypothèque contre le prêt, Coly vend celui-ci pour pouvoir rembourser. Il se tourne alors vers son associé pour réclamer un milliard. « Il a porté plainte et j’ai donné toutes les preuves à la justice. Il a formulé une demande d’audit dont le résultat m’est favorable, jure Saliou Samb. Il sait bien qu’il n’y a pas de problème d’escroquerie, c’est un business qui n’a pas marché. »
Samb reconnaît sa part de responsabilité dans la faillite de l’entreprise, mais demande qu’on lui « laisse le temps de travailler et de rembourser l’argent ». Coly ne l’entend pas de cette oreille. « Il a promis d’utiliser les médias pour salir mon nom », révèle le président du Conseil départemental de Mbour. Qui assure que la machine à glace vendue à son frère est sa propriété (« Il y a un procès-verbal d’huissier de justice ») et que si certaines recettes de la société étaient virées au Diamond Bank, c’est parce que c’était plus simple que d’attendre une semaine pour pouvoir disposer de l’argent avec Ecobank.