FATOU THIAM, ANCIENNE DU PDS ET ACTUEL SOUTIEN DE MACKY SALL : «Le Président Macky Sall me témoigne respect et considération, mais certains membres de son entourage ne veulent pas de notre compagnonnage»
Les Echos : Vous avez mis en place un mouvement, le Rdle, avec d’anciens membres de l’Ujtl. En quoi consiste ce mouvement et quelle est sa raison d’être ?
Fatou Thiam : Le Rdle est un mouvement qui ne regroupe pas seulement des anciens de l’Ujtl et du Meel. Il y a aussi des gens de Bokk Gis-Gis et de Rewmi qui, à un moment donné, avaient gelé leurs activités au sein de leurs partis. C’est en quelque sorte un regroupement de diverses forces de la famille libérale. On a discuté avec eux, et on a décidé de travailler ensemble pour la réélection du Président Macky Sall. Comme pour le moment, il n’y a pas un candidat libéral sérieux, nous avons jugé plus juste de travailler pour la réélection de Macky Sall et de porter le combat. Et les jours à venir l’opinion en saura plus.
A titre personnel, après votre départ du Pds, vous aviez créé un mouvement pour soutenir le chef de l’Etat. Où en êtes-vous aujourd’hui avec ce mouvement ?
Mon mouvement, l’Alliance libérale pour l’unité et la république (Alur) existe toujours. Le Rdle est considéré comme une coalition, mais l’Alur est toujours présente et dans tous les départements.
A ce propos d’ailleurs, où en est votre compagnonnage ?
Pour dire vrai, ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. Je me suis donnée corps et âme pour le président de la République. J’ai subi toutes les insultes, tous les quolibets et même des attaques très vilaines à cause de mon engagement. J’ai voté et fait voter pour lui à toutes les élections depuis le début de ce compagnonnage. Nous avons réussi, avec l’aide de toute l’équipe dirigée par Mansour Faye, à faire basculer Guet Ndar dans le giron du pouvoir devant des dinosaures puissants comme mon oncle Ahmed Fall Baraya ou encore l’ancien maire Cheikh Bamba Dièye. Chaque fois que je rencontre le chef de l’Etat, il me témoigne respect, considération et estime, mais j’ai comme l’impression que des membres influents de son entourage ne veulent pas de ce compagnonnage. Ma position ne me permet pas de dire en public certaines choses, mais son entourage ne facilite pas les choses. Certains de ses ministres sont très prétentieux et travaillent à sa perte. Et c’est désolant. Mais il en faut plus pour me décourager. Je tiens encore parce que mon interlocuteur, le président de la République, me témoigne respect et considération.
Modou Diagne Fada, votre ancien mentor, a rejoint la mouvance présidentielle. Une bonne nouvelle ?
Bien sûr, une très bonne nouvelle ! Modou Diagne Fada est un frère pour moi. Nous avons gardé de très bonnes relations et nous sommes toujours restés en contact. Je me réjouis qu’il nous ait rejoints au sein de la mouvance présidentielle. Je lui souhaite la bienvenue. Je suis convaincue qu’il peut apporter beaucoup au camp présidentiel. Son arrivée peut changer de manière positive beaucoup de choses. Il sera incontestablement d’un grand apport à la mouvance présidentielle. Parce que c’est un combattant. Il est très politique, très stratège et sait mobiliser.
La première Dame est annoncée à Saint-Louis dans la semaine et visitera, entre autres, votre fief de Guet-Ndar. Quels sont vos rapports avec elle ? Qu’attendez-vous d’elle et de sa visite ?
Pour dire vrai, je suis les activités de la première Dame de loin. Elle œuvre énormément dans le social et épaule son époux dans l’accomplissement de la lourde tâche que les Sénégalais lui ont confiée. Elle est très active et a apporté une touche sénégalaise au Palais. Personnellement, je l’en félicite. D’autant que je suis Saint-Louisienne comme elle. Pour sa visite, on va l’accueillir. Elle va tenir des rencontres. Elle va rencontrer les femmes transformatrices de Guet-Ndar. Je vais essayer de la rencontrer pour lui parler et lui faire des suggestions. Guet Ndar, c’est chez moi. En dehors des femmes transformatrices, je plaide surtout pour un soutien aux jeunes filles de la Langue de Barbarie. Elles ne vont pas à l’école et vivent des activités de la pêche. Or, ce secteur connaît de plus en plus de difficultés. Ces jeunes filles ont besoin de soutien en termes de formation et de financement. Connue pour sa très grande générosité, je ne doute pas un seul instant qu’elle prêtera une oreille attentive sur tout ce qu’on lui dira. En tout cas on la soutient vivement. Je ne manquerai pas de le lui dire quand l’occasion se présentera parce que nous attendons beaucoup de sa venue.
L’actualité politique, c’est l’invalidation de l’inscription de Karim Wade sur les listes électorales. En tant qu’ancienne du Pds, quelle réaction vous inspire cette situation ?
Moi, j’ai toujours dit que Karim Wade ne pouvait pas être candidat. Il n’a pas un casier vierge. Et pour cela, on a été pointés du doigt et traité de tous les noms par ses thuriféraires. L’avenir nous a donné raison. Au Pds, tout le monde sait que Karim ne peut pas être candidat. Ils ferment les yeux mais ils en sont conscients. Seulement, les responsables ne veulent pas prendre leurs responsabilités. Un parti comme le Pds ne doit pas, à six mois de l’élection, s’interroger encore sur son candidat. Il faut que cette comédie cesse. Il y a des gens valeureux et compétents au Pds. On ne peut pas sacrifier ces gens-là et tous ces jeunes du parti. D’ailleurs, je les invite à venir soutenir leur frère, le Président Macky Sall, militant libéral comme eux, afin de participer à l’édification d’un Sénégal émergent. Sinon le train va les laisser à la gare et ils se mordront un jour les doigts.
Il y a aussi le cas Khalifa Sall. En tant qu’ancienne députée, que pensez-vous de la violation de ses droits ?
Il faut qu’on laisse la justice faire son travail. L’arrêt de la Cour de justice de la Cedeao n’a pas demandé sa libération. Quoi qu’il en soit, les juridictions pénales nationales sont souveraines. Et on ne peut pas être plus royaliste que le roi. Khalifa Sall n’a pas dit qu’il n’a pas pris. Il a dit qu’il n’est pas le seul. J’en profite pour demander au Pds d’être conséquent. Quand Karim Wade avait des difficultés avec la justice on n’a jamais entendu ou vu Khalifa Sall, pourquoi doivent-ils le défendre aujorud’hui qu’il est en bisbilles avec la justice ?
Les Échos
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