FARBA SENGHOR : « Si Macky Sall décide de nous empêcher d’exercer nos droits, la confrontation deviendra inévitable. Nous sommes prêts à tout! »

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hors du commun

Monsieur Senghor, vous êtes libre. Pouvez-vous revenir sur les circonstances de votre arrestation ?

Je suis satisfait pour le déclic qui vient d’avoir lieu, parce que pendant longtemps on s’est cherché et finalement Macky Sall nous a donné l’opportunité de prendre les événements par le bon bout. Ce matin nous avons été libérés, Mamadou Diop Decroix, Amadou Daff de AJ et Ousmane Faye de PSD Jant-bi et moi-même vers midi. Avant de recevoir la notification  portant notre libération, nous avons reçu un acte de déferrement au tribunal en vue d’être inculpés par le Procureur de la République.
Nous savons que la police ou les forces de l’ordre en général n’ont aucune intention d’installer un régime de peur ou d’oppression, mais quand même il faut reconnaître qu’il y a eu quelques dérapages, car Decroix a inhalé beaucoup de gaz lacrymogènes. D’où son hospitalisation à l’hôpital Principal de Dakar.
Moi également, lorsque j’ai été arrêté, brutalisé et mis dans un papier à salade, les forces de l’ordre qui m’y ont mis, se sont retirés et l’un d’eux a tiré deux grenades lacrymogènes dans leur propre véhicule où j’étais seul en ce moment là. Le véhicule commençait à prendre feu et mon pantalon aussi était brûlé. C’est en ce moment que d’autres policiers se sont précipités pour m’extirper et me faire sortir. Ils ont sorti leurs caisses de lacrymogènes de peur que la situation exagère. Ça a été comme ça jusqu’à ce que le Commandant décide de me conduire au Commissariat de la Médina.
Maintenant, ce qu’il faut dire, c’est que nous, nous avons dit que pour voir un pays de paix, le gouvernement doit installer un dialogue social avec les syndicats et un dialogue politique avec les partis politiques.
Il a gagné avec 65% et on le lui reconnaît, mais qu’il nous laisse avec nos 35%. On ne lui demande que de respecter nos libertés et droits. Maintenant si Macky Sall ne respecte pas nos libertés et nos droits, nous serons obligés de passer à une étape supérieure qui est le droit de lutte contre l’oppression. Nous allons l’emmener à s’asseoir sur une même table et discuter sinon, nous allons employer des moyens légaux pour parvenir à le faire.
C’est à dire la marche et la manifestation. De ce fait, nous donnons encore rendez-vous aux sénégalais ce mercredi à la Place de l’Obélisque, comme nous l’avons fait ces deux jours.

Quelles sont les charges qui ont été retenues contre vous ?

Nous étions poursuivis pour trouble à l’ordre public et participation à une manifestation interdite. C’est le rituel avec tout le monde. Je rappelle juste que nous quatre qui sommes libérés, nous n’avons pas été entendus par le Procureur. Mais les autres sont actuellement en attente de le voir pour être fixés sur leur sort.

Quelles ont été les conditions de votre détention au Commissariat ?

En ce qui me concerne, j’étais au commissariat de la Médina et j’y étais bien traité. Vers minuit, des agents de la Sûreté Urbaine sont venus me chercher pour me conduire au Commissariat central où j’ai passé la nuit dans une chambre avec Ousmane Faye et Amadou Daff. Nous avons été bien traités. Mais les autres tels que Decroix, n’ont pas connu le même sort que moi. Alors c’est pourquoi je lance un appel aux commissaires pour un bon traitement des politiques. On n’est pas mu par la violence. A titre d’exemple, lorsque le président Wade rentrait de France la première fois, on a occupé toutes les voies de l’aéroport à la VDN sans aucune violence et j’en remercie et rends  hommage aux chefs de la Gendarmerie nationale. Les dernières sorties du président Wade aussi ont été pacifiques. Macky Sall doit savoir que nous sommes des hommes responsables de paix et de dialogue. Mais nous sommes aussi déterminés par ce que la loi donne, car c’est un droit.
Si Macky Sall décide de nous empêcher d’exercer nos droits, la confrontation deviendra inévitable. Nous sommes prêts à tout. Nous allons lancer la lutte contre l’oppression. La balle est dans son camp, s’il veut la paix il aura la paix, mais aussi s’il veut la guerre, il aura la guerre. On est prêt! S’il aime le Sénégal, il n’a qu’à nous laisser exercer nos droits.

Vous venez de voir Mamadou Diop Decroix, comment va t-il ? 

Il est très fatigué. Vous savez, il a inhalé beaucoup de gaz lacrymogène, alors il est fragile en ce moment. On devait même pas le voir, mais le Major a tenu à nous laisser quelques minutes puisque nous avons été arrêtés en même temps que lui. Nous prions pour qu’il retrouve vite sa santé.

Votre dernier mot

Je lance un appel pour un Sénégal de paix. Pour cela, il faut que tous les sénégalais soient prêts à lutter contre l’oppression, si Macky Sall ne veut pas respecter nos libertés et droits. Ces droits ont été mis en place par les organisations mondiales des droits de l’Homme, il est tenu de les respecter.
Nous devons aussi disposer de notre droit de nous opposer, car c’est l’article 58 de la Constitution qui nous le permet. J’appelle Macky Sall à avoir plus de discernement et qu’il arrête d’écouter ceux qui lui conseillent de mettre le pays sur une mauvaise voie. Quand on a le pouvoir, on doit négocier et avoir un esprit de dépassement. Vive la paix au Sénégal!

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