Fabienne Kabou, la sénégalaise qui a offert sa fille à Mami Watta parle
Personne ne sait ce qui a pu se passer dans la tête de Fabienne Kabou. Cette jeune mère de 37 ans qui a noyé sa fille, Adelaïde à Berck-sur-mer en Boulogne-sur- Mer. Un an après avoir été mise en examen et écrouée pour assassinat, la jeune femme est sortie de son silence pour demander au juge le renouvellement de son mandat de dépôt, révèle Libération.
Fabienne Kabou se voit comme « possédée » et déclare avoir donné en offrande sa fille à la déesse des eaux, Mami Watta. Les experts et juges désignés pour comprendre l’acte posé par cette thésarde en philosophie, issue d’une famille catholique sénégalaise nantie, soutiennent que Fabienne Kabou n’était pas elle-même au moment de son acte tragique. Face à l’avenir sombre qui se dessinait pour sa fille, elle a préféré l’offrir à Mami Watta, mère des eaux du culte africain vaudou.
Aux premières heures de sa garde à vue, elle a expliqué qu’elle avait été happée par une force occulte qui lui demandait de déposer sa fille sur la berge. « A un moment, je m’arrête. Elle a un petit sursaut comme si elle venait de se réveiller. Elle devait chercher mon sein. Je lui donne le sein. Je reste debout, je la serre contre moi et puis là, je ne sais pas, je dis non, non, non. J’arrête pas de dire non, je ne sais pas pourquoi. Je pleure, et c’est comme si je disais à quelqu’un je ne peux pas faire une chose comme ça, mais je le fais. C’est comme si il y avait un projecteur braqué sur moi qui me guidait parce qu’il y avait de l’obscurité », expliquait-elle. Après, dit-elle, « je vois l’écume. Je dépose Ada à 5m, 2m, en tout cas, elle a dû être noyée tout de suite. Je ne sais pas à quelle vitesse est montée la mer mais c’était tout près. Je l’ai posée, je lui ai demandé pardon ». Inculpée pour assassinat dix jours plus tard après que des pêcheurs aient découvert le corps de la petite, la jeune femme avait fait croire à son compagnon qu’elle avait envoyé Adelaïde au Sénégal pour des vacances. Ecrouée depuis à la maison d’arrêt de Séguédine, elle a demandé une rallonge de son mandat de dépôt, le temps d’être jugée en 2015. Une manière, explique-t-elle, pour se « protéger de l’extérieur ». En cas de condamnation, Fabienne Kabou risque la prison à perpétuité.