Eviter la malédiction du pétrole et du gaz
Le Haut conseil du dialogue social (HCDS) ne veut pas jouer aux médiateurs après le chaos. En assemblée plénière depuis hier, cette institution tient des réflexions tripartites nationales sur le développement durable et la meilleure gestion des ressources pétrolières et gazières, objet de controverses précoces dans le pays. Et selon Innocence Ntap Ndiaye, présidente du Haut conseil du dialogue social, il s’agit de trouver des voies et moyens afin de présenter un rapport final dans lequel toutes les recommandations vont résider dans l’intérêt exclusif de la nation.
Le contexte politique national est fortement émaillé de dissensions sur les contrats pétro-gaziers depuis plusieurs mois. C’est donc sans surprise que la question de l’or noir s’est invitée hier à la quinzième assemblée du haut conseil du dialogue social (HCDS). L’institution tripartite de dialogue social regroupant les syndicats des travailleurs, le patronat et l’Etat, et présidée par l’ancien ministre innocence Ntap Ndiaye, est en conclave pour trois jours. Objectif : plancher sur les problématiques liées au développement durable et à la gestion des ressources issues de l’exploitation des hydrocarbures.
Ainsi, bien que la phase de production pétrolière ne soit prévue qu’en 2022, la présidente du HCDS, Mme Ndiaye, estime qu’il urge de procéder par anticipation pour faire valoir l’intérêt collectif du peuple sénégalais au moment de l’avènement de cette nouvelle ère de prospérité. «Pour les membres du Haut conseil du dialogue social, c’est un honneur de voir se joindre à eux des experts et des personnes ressources pour aborder ces problématiques dans une posture anticipatoire. Et le tout dans l’intérêt de la nation », a-t-elle fait savoir à l’ouverture des travaux. A l’en croire, en effet, « le développement économique empreint de progrès social est à ce prix ».
Poursuivant, Innocence Ntap Ndiaye estime qu’il convient d’offrir l’opportunité aux mandants tripartites de formuler des recommandations pouvant favoriser la participation de toutes les forces vives de la nation aux activités liées directement ou indirectement au secteur pétro-gazier. «Ces recommandations qui seront élaborées dans le cadre des travaux de groupes avant d’être amendées en plénière porteront sur les domaines abordés par la loi relative au contenu local dans le secteur des hydrocarbures», a encore expliqué la présidente du HCDS. Par sa voix, les parties prenantes de l’institution qu’elle dirige ont suggéré la prise en compte des conditions de travail, l’emploi et la formation professionnelle. Mais aussi de garantir les opportunités d’affaires pour les entreprises nationales dans l’approvisionnement en fournitures et services ainsi que les défis et opportunités aux initiatives de développement communautaire.
Une nécessité de leviers juridiques et institutionnels
Venue présider la séance plénière du HCDS, le Pr Eva Marie Coll Seck, qui dirige le Comité national de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie), n’a pas manqué de mettre en garde contre ce qu’elle a appelé les démons offshore. « Le contexte international reste marqué par des mutations dans le domaine des hydrocarbures notamment la nécessite d’équilibrer les coûts environnementaux et sociaux par rapport aux retombéeséconomiques de l’industrie pétrolière et gazière», a-t-elle diagnostiqué d’emblée.
Puis, l’ancien ministre de la santé a prévenu sur le fait qu’«au Sénégal, les récentes découvertes de pétrole et de gaz présentent d’importantes perspectives de revenus pour l’économie nationaled’où l’importance d’une gestion transparente et équitable de ces ressources ». Selon elle, l’inverse serait synonyme d’impacts socio-économiques négatifs sur l’environnement et sur la vie des populations en plus des risques d’évasion fiscale, de fraudes fiscales, de flux financiers illicites et de corruption entre autres. « A cet état, il est fondamental pour tout nouveau pays producteur de pétrole et de gaz, de se doter de tous les leviers juridiques et institutionnels nécessaires afin de maximiser les retombées de ses fruits, d’accroitre la valeur ajoutée locale, de renforcer le dialogueentre les parties prenantes et de protéger l’environnement » a indiqué la patronne de l’Itie, Pr Eva Marie Coll Seck. C’est dans cette logique que s’inscrit, selon elle, l’adoption du nouveau code pétrolier, la promulgation de la loi sur le contenu local, la prise en compte du droit de propriété des ressources par les populations dans la constitution ainsi que le Cos-Pétrogaz.