Esquisse de solutions à la grève des agents municipaux
La grève des agents municipaux est devenue endémique . Aucune solution enviable . L’état et le collectif se regardant en chien de faïence tout en espérant un issue heureuse par l’application du décret accordant la reconnaissance de la fonction publique communale et le paiement de leur émolument conformément à la grille salariale de la fonction publique.
Pris comme tel le conflit paraît simple et les protagonistes semblent verser dans la prudence. Pour comprendre la situation il faut remonter l’histoire en interrogeant l’itinéraire des communes et les textes qui fondent et encadrent la décentralisation .
Je préfère me limiter aux généralités pour ne pas parler de décrets ou de texte de loi pour étayer mon propos .
Je veux par une simple pédagogie partager ma compréhension du conflit, les causes qui me semblent être à l’origine et essayer très humblement d’apporter des propositions de sorties de crise pour un dénouement profitable à toutes les parties prenantes .
La commune est par excellence le dépositaire de la volonté populaire incarnée par le maire élu au suffrage universel direct depuis les échéances locales de 2022 .
Depuis la création de l’acte 3 de la décentralisation par le Président Macky Sall le Sénégal compte à ce jour cinq cent cinquante sept (557)communes de plein exercice donc d’égale dignité , dont le dénominateur commun reste et demeure l’insuffisance des ressources allouees par l’etat.
Cette allocation est souvent source de conflit par les retards accusés dans le paiement des salaires des agents municipaux et le règlement des créances .
Cette situation récurrente est très souvent à l’origine de conflits difficilement solvables et devient le noeud cordien des principales revendications des travailleurs municipaux.
Il s’y ajoute le règlement des charges sociales telle que la prise en charge médicale et les indemnités de tous ordres .
Il est vrai qu’il y a d’autres causes plus profondes que je ne saurai étaler sur cette page simplement parce que l’idéal pour moi c’est de partager très humblement à travers cette contribution une série de propositions à l’autorité pour un règlement définitif du conflit .
De mon point de vue l’idée de création d’une fonction publique communale est insensée, car si on part du principe de l’unicité des caisses de l’état à travers le trésor public on ne peut pas parler de deux fonctions publiques dans un état organisé comme le Sénégal.
Les communes sont des démembrements de l’etat qui supporte leurs ressources en terme de budget de fonctionnement et d’investissement même si elles sont assujetties à travers la collecte des taxes versées au trésor de participer à leur propre développement.
Le Ministre en charge de la décentralisation et des collectivités territoriales veille et encadre la bonne marche des communes.
La première proposition est d’organiser les assises de la décentralisation pour avoir une meilleure visibilité des attributions des communes et la diminution du nombre des communes à 300 compte tenu d’un cahier des charges bien défini en ayant en ligne de mire un certain nombre de considérations relatives à la taille de la commune , du nombre d’habitants et des ressources naturelles et minières susceptibles d’apporter une plus value à la zone .
Conformément à l’ancrage institutionnel de la commune au ministère de la décentralisation et sa fonction de représentation de toutes les administrations confondues , les fonctionnaires des collectivités territoriales devraient normalement emarger dans le budget de ces ministères .
Ex : les agents du service de l’etat civil devraient normalement être des fonctionnaires de la direction générale de l’etat civil et pouvoir ainsi bénéficier des mêmes privilèges.
C’est pareil pour le nettoiement à la Sonaged , le foncier à l’urbanisme, les taxes aux impôts. …..etc
Aujourd’hui l’effectif de la fonction publique est pléthorique et plus du tiers sont recrutés pour ne rien faire.
Voilà donc une occasion rêvée de les reverser dans les communes en procedant
au renforcement des capacités des uns et des autres .
Pour les autres agents déjà en poste régulièrement dans les communes, faire une évaluation de leur profil et les reverser dans les ministères sectoriels.
La grève a trop duré et les propositions de sorties de crise tardent à être appliquées.
Il faut impérativement repenser le transfert des compétences surtout au niveau du permis de construire où les maires sont incontrôlables et augmentent les taxes d’urbanisme comme ils veulent avec la complicité de l’etat qui tarde à légiférer.
Abdou karim sakho
Expert Urbaniste
MBA en Management Stratégique